Le phénomène de la violence dans les établissements scolaires n'est pas spécifique à la Tunisie. C'est un phénomène mondial qui se répand et fait perdre à l'institution scolaire sa prestance. De part et d'autre, on déplore cette violence qui s'amplifie d'année en année. Les élèves reprochent aux professeurs leur comportement, les professeurs se plaignent d'élèves perturbateurs et agressifs et de leurs parents non moins agressifs, eux aussi. Comment lutter contre ce phénomène pour que les écoles et les lycées retrouvent leur aura ? Faut-il entreprendre une réforme de tout le système scolaire ? Agressions physiques et verbales La violence revêt plusieurs formes. Elle peut être physique ou morale (intimidation, discrimination). Et les deux ont des séquelles difficiles à éradiquer et marquent aussi bien l'enfant que le professeur. D'aucuns expliquent cette violence par celle subie par les médias audiovisuels (télévision et facebook), le comportement choquant de la classe politique et des vedettes de l'écran censées donner le bon exemple. «Chaque fois que je passe devant le lycée de mon quartier, je vois des collégiens s'insulter, proférant de gros mots et souvent des bagarres éclatent. A notre époque, on révisait nos devoirs dans la salle d'études et il nous était interdit de traîner dehors», relève Alia. Insultes, menaces verbales ou physiques, extorsion, etc. gagne davantage du terrain. On se souvient encore de l'agression effrayante survenue en 2014 dans un lycée de Grombalia où un élève muni d'une hache a agressé son camarade, le blessant à l'épaule, devant ses collègues et son professeur en émoi. Cet acte a provoqué une ambiance chaotique, ce qui a contraint la direction à décréter la fermeture du lycée. Déclin de l'autorité Les exemples peuvent se multiplier à l'infini. Les mutations survenues depuis les années 2000 ont donné lieu à un déclin de l'autorité des enseignants et des parents. Les statistiques datant de 2011-2012 réalisées par le ministère de l'Education révèlent que les enseignants et les surveillants ont été victimes de 3.000 agressions verbales et physiques. Une moyenne de 1.200 procès-verbaux ont été déposés pour actes de violence à l'encontre du corps enseignant ou pour actes de destruction d'équipements scolaires. Durant la même période, 5.500 cas d'actes de vandalisme ont ciblé des établissements scolaires. Les dégâts matériels ont été estimés à 32 millions de dinars, somme équivalente à la construction de pas moins 16 écoles. «Des phénomènes exogènes, comme la présence des délinquants aux abords des écoles et des lycées sont responsables de la dégradation du comportement de nos enfants. Certains délinquants rôdant autour des établissements scolaires apprennent aux élèves à fumer ou à se faire shooter avec de la colle», fait remarquer Sayda, mère d'un élève en 9e. Davantage d'implication Du côté des enseignants, certains d'entre eux ne sont pas indulgents et exigent dans pas mal de cas le renvoi pur et simple de l'élève. Les parents réagissent mal à la décision et vont jusqu'à recourir aux insultes, voire aux menaces. «Mon fils a été renvoyé du lycée parce que le prof prétend qu'il a provoqué le rire de ses camarades suite à une remarque. Son père l'a fouetté pour sa bêtise. L'enfant est aujourd'hui traumatisé», martèle une mère. Certains experts recommandent la relance du système d'écoute destiné aux élèves au sein des établissements scolaires, d'autres proposent d'occuper les jeunes par des activités sportives ou culturelles où ils peuvent se dépenser à fond et réduire de la sorte leur instinct d'agressivité. Sans oublier qu'une réforme intégrale tant du système éducatif que de la société est à envisager avec le concours de la société civile. Les solutions se trouvent tout d'abord à l'intérieur des établissements scolaires mais aussi à l'extérieur, et ce, à travers l'implication des parents, de la société civile et des directions éducatives concernées afin d'assurer aux élèves ainsi qu'aux enseignants les meilleures conditions de scolarité sans accrocs