Mardi soir, du côté du Théâtre municipal de Tunis, l'événement était des plus attirants. Sur le macadam de l'Avenue Habib-Bourguiba, universitaires, journalistes, lauréats et familles se sont entassés, échangeant de multiples et symboliques palabres, conférant aux lieux un charme certain. On l'admet, in extenso. La manifestation était à la fois noble et lourde de sens. Cela dit, dans la mouvance de la célébration de l'Année internationale de la jeunesse, la Snipe-La Presse-Essahafa, la Chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des religions et l'Association pour la culture et les arts méditerranéens (ACAM) ont lancé, le 3 mai dernier, un concours journalistique destiné aux jeunes de moins de trente ans, baptisé " La Plume d'or pour la jeunesse". Clôturé le 31 juillet dernier, ce concours a révélé son hit-parade ce soir là (voir La Presse du mercredi 11août).Retour sur une soirée mémorable. 21h00, le Théâtre municipal de Tunis s'est converti en petite ville dans la ville. Ceux qui chérissent l'encre et dont l'amour de l'écriture coule dans les veines, ainsi que ceux qui les encouragent, les soutiennent et croient en leur potentiel créatif, se sont amalgamés dans un épatant microcosme, chantant l'élévation de l'âme pour les grandes causes. Chanter pour écrire, ou encore écrire pour l'art, l'on ne change point de contexte. C'est, avant tout, le dialogue des arts interprété le temps d'une soirée par les heureux lauréats du concours de la Plume d'or pour la jeunesse, d'une part, et par la vedette de la chanson arabe, Lotfi Bouchnaq, d'autre part. Impatiemment attendu par son public, l'interprète de " Allemni ", a fait son apparition sur scène, vêtu tel un être venu de la cité des anges. Toujours égal à lui-même pour garder ses manières d'artiste de renom, l'homme aux admirables cordes vocales, a fait vibrer la scène au rythme de ses "altos" apostrophant âmes et esprits sur la nature du chant et sa vraie mission. Tantôt récitant, tantôt chantant, l'artiste a enchanté son public par les plus belles de ses chansons, dont " Toub ", "chouftek ma naâref win " et " Nassaya ". Des chefs-d'œuvre de la chanson tunisienne contemporaine, au rythme desquels le public s'est amplement adonné à une atypique évasion et une grandiose escapade. Maîtrisant comme nul autre chanteur des temps qui courent, l'art de la prose, Bouchnaq a évoqué la cause palestinienne, les maux de ceux qui n'ont jamais vu la mer, comme le clame son morceau "El ganayni" (le jardinier). C'est ainsi que l'artiste a chanté pour l'écriture et a écrit pour l'art, son ultime atout une voie barrant les horizons pour laisser entendre que l'art est une maîtrise de la douleur du monde, mais aussi, que l'écriture élevée au rang d'art, consiste à agir. Agir face au bien et au mal. La cause de «La Plume d'or pour la jeunesse», en est, à bien des égards, une franche illustration. Appréhender sa souche, percevoir son actualité et aspirer pour le meilleur, tel est l'objectif d'une initiative amplement digne d'estime.