Au palais du Bardo, les députés de la coalition et de l'opposition vident leur sac et prédisent même de nouveaux assassinats politiques. A l'opposé, Habib Essid développe un discours fondé sur la raison et le réalisme et promet les solutions qui peuvent être concrétisées Les députés réunis, jeudi et vendredi derniers, en séance plénière exceptionnelle réservée à la présentation par le chef du gouvernement de la note d'orientation relative au plan de développement économique et social 2016-2020 ont finalement laissé auprès des Tunisiens, à travers leurs interventions, un sentiment d'inachevé. Ceux qui les ont suivis sur le petit écran ou à travers les journaux de la presse écrite n'ont pas réussi à saisir ce que voulaient dire ou exprimer les élus de la nation, plus particulièrement ceux appartenant à la coalition au pouvoir et qui sont censés défendre le contenu de la note d'orientation ou au moins les principaux axes qu'elle comporte. Pis encore, on avait l'impression que plusieurs parmi les intervenants n'ont même pas feuilleté la note d'orientation alors qu'ils ont déjà pris possession d'un exemplaire de la note en question et qu'ils étaient informés de la date à laquelle elle devait être examinée en plénière. (La note devait être examinée début février prochain et on prévoyait son adoption pour mars 2016). Et même si l'on est parvenu, difficilement faut-il le reconnaître, à faire comprendre aux députés qu'il ne s'agit pas d'une séance questions-réponses mais plutôt d'un grand moment de réflexion sur les cinq années à venir, on a assisté à un bal d'accusations, de rumeurs fantaisistes et de propositions farfelues indignes de représentants du peuple à un moment où la Tunisie a plus que jamais besoin de propositions concrètes, réalistes et surtout réalisables. Des députés hors sujet Les observateurs sont unanimes à relever : «Aussi bien les députés de la coalition au pouvoir que ceux de l'opposition ont produit un discours partisan et ont oublié que l'heure n'est pas à la promotion de l'image des chefs de leurs partis ou à demander à ce que la justice demande des comptes à Moncef Marzouki pour avoir accusé les Emirats d'être derrière les actes de violence et de pillage que le pays vient de vivre ces derniers jours». Quant aux diplômés du supérieur encore au chômage, ils peuvent attendre que nos députés finissent avec les querelles qui divisent leurs partis et que les nidaïstes «boudeurs» et mécontents de ce qui traverse leur parti reviennent à de bons sentiments et mettent un terme définitif à la guerre médiatique qu'ils se livrent quotidiennement. De son côté, le chef du gouvernement reste imperturbable. Il écoute attentivement toutes les interventions, même celles qui n'ont aucun rapport avec les thèmes en discussion comme celle de Ammar Amroussia, député du Front populaire, qui se demande purement et simplement : «Qui est inscrit sur la prochaine liste des personnalités à assassiner ?», convaincu qu'il est qu'on prépare les conditions pour un nouvel assassinat. Face au flot des accusations qu'on profère sans aucune preuve aux rumeurs qu'on prend pour des vérités indiscutables, Habib Essid a préféré le discours de la raison, du réalisme et de la franchise. Il souligne notamment : «La crise du chômage est la responsabilité de tous. Le gouvernement a hérité des erreurs commises par les gouvernements qui l'ont précédé mais il est déterminé à assumer pleinement ses responsabilités en trouvant des solutions rapides et des mesures urgentes de nature à répondre aux attentes de nos jeunes dans toutes les régions du pays. Sauf que pour que ces solutions soient efficaces, il nous est indispensable de tenir à nos jeunes le langage de la vérité et rien que la vérité».