Le changement préconisé ne devrait pas seulement se nourrir de noms, mais aussi et surtout de projet, de stratégie et de programme de travail. A croire les sociologues qui font du sport un sujet d'étude, les performances sportives refléteraient l'esprit à la fois individuel et collectif de l'équipe, l'ambiance qui y règne et surtout l'acte de remise en permanence et qui est avant tout une obligation plus qu'un choix. Le Stade vit aujourd'hui avec des exigences et des contraintes qui ne portent plus le même mot, et encore moins les mêmes significations. Mais plus que des exigences, c'est une nouvelle vocation qui devrait aujourd'hui orienter le parcours de l'équipe, inspirer et motiver les joueurs sur le terrain. Ils doivent être prêts à bondir sur la moindre occasion, à sortir de l'ombre et à se faire une place au soleil. Ils sont plus que jamais conscients des menaces qui pointent toujours à l'horizon et des conséquences qui risquent de découler d'une situation encore inquiétante. On aurait aimé que les joueurs puissent enchaîner les victoires, notamment après celle obtenue face au CA. Gagner à Kasserine aurait forcément fait du bien à l'équipe, d'autant que face à un adversaire dans la même situation, la victoire aurait valu l'équivalence de six points. A défaut, le ST s'est contenté d'un seul point, peut-être bon à prendre dans le compteur, mais toujours insuffisant. A peu près mot à mot, nous entendons le même discours de la part de certains responsables. La même démagogie. Le même populisme au sujet de l'équipe et de tout ce qu'elle est censée accomplir. On oublie l'essentiel et on se fixe sur les détails. Chaque fois, on se demande quel numéro d'illusionniste on devrait nous réserver pour la suite, notamment après un résultat et un parcours qui ne sont pas aussi rassurants qu'on veut le faire croire. Tout cela pour dire que le Stade a plus besoin de la vérité qui dérange que d'un semblant d'illusion. Le renouveau et la renaissance stadistes seraient-ils en mesure de briller sous la bagatelle des joueurs du moment? Il faut préciser d'abord que les exigences auxquelles est confrontée désormais l'équipe sont forcément différentes de celles déjà vécues. Le ST a justement besoin d'un autre registre de jeu, de nouveaux repères et surtout de fondamentaux d'un autre genre. Ensuite, l'on n'est pas censé ignorer que tout exploit passe essentiellement par les joueurs, par davantage de responsabilisation et d'engagement vis-à-vis des performances. En termes de dépassement de soi, d'effort et de sacrifices, tout doit y être. Car dans la situation actuelle de l'équipe (avant-dernière), il faut l'aptitude, c'est-à-dire la qualité, le talent, mais aussi l'attitude. Enfin, plus on est conscient des risques et des aléas qui en découlent, mieux on se structure et plus on se donne. Les qualités physiques et techniques ne suffisent pas... L'impératif de résultat doit forcément entraîner des obligations dans le jeu de l'équipe stadiste. Les joueurs dont elle dispose aujourd'hui ne manquent vraisemblablement ni de qualité ni de talent. Mais qu'en est-il du mental? En termes d'ascension, de maîtrise de soi et des événements, ils ne donnent pas l'impression d'être suffisamment prêts. Certains ne doivent pas se contenter de jouer sur leur talent. Ils doivent encore s'affirmer. Evoluer et progresser. Il y a comme un genre de gâchis, qui porte encore la marque stadiste, et synonyme de renonciation à la lutte, à l'effort et au combat pour devenir meilleur. Les qualités physiques et techniques ne suffisent pas si on n'y ajoute pas le dépassement de soi, s'il n'y a pas ces ingrédients qui provoquent la générosité dans l'effort. Tout cela ne se décrète pas du jour au lendemain. C'est une question d'état d'esprit. Le football est une perpétuelle remise en question. Mais aussi une leçon permanente de vérité et, d'une certaine manière, d'une dureté absolue. Ce qui est fait est fait, en bien ou en mal. Le Stade devrait regarder devant. Nous ne pouvons terminer sans préciser que le changement préconisé ne se nourrit pas seulement de noms, mais aussi et surtout de projet, de stratégie et de programme de travail. Le ST a besoin de se réconcilier avec son temps. Incapables jusque-là de comprendre qu'un autre monde devrait naître et se croyant grands, il y en a encore de ces responsables qui ignorent certaines règles élémentaires de conduite dans la cour des grands. Ils oublient qu'ils ont une durée de légitimité déterminée. En revanche, ils ne semblent pas oublier les privilèges, sûrs de leur bon droit, à peine ébranlés par la situation et le classement actuel de l'équipe. Ils ne savent pas, ou font semblant de ne pas savoir, que le chemin est encore long et que les écueils sont toujours aussi nombreux.