La sécurité dans les stades passe essentiellement par la mise en œuvre d'une loi spécifique en la matière. Bien plus que simple spectateur, le public du football est devenu peu à peu une partie intégrante du spectacle. Plus encore: un de ses plus grands protagonistes. Le comportement des supporters dans les gradins ne peut plus être considéré comme une réalité étanche, mais au contraire comme la source d'éléments qui interagissent en se renforçant les uns les autres. Face à l'intensification de la compétition, aux changements produits par la régulation éthique de la vie sociale, le public du football ne représente plus une réalité sociale homogène, il est aujourd'hui constitué de diverses tendances socioculturelles. Du public dit traditionnel, aux sous-cultures jeunes, habituellement désignées comme «ultras», aux «hooligans», nombreux et divers sont les mouvements qui s'expriment, de nos jours, dans les stades. Les ultras, ce sont des supporteurs organisés en associations, qui veulent développer un soutien à leur équipe et une animation dans le stade. Les hooligans désignent ceux qui créent des désordres dans les stades. Le terme renvoie à ceux pour qui le match est une occasion de rencontre pour voir qui est le plus fort, c'est une bataille entre deux groupes, qui se définissent comme hooligans et qui cherchent à avoir la suprématie dans la confrontation. Mais dans la réalité, les frontières entre les groupes ne sont pas aussi nettes. Souvent, ils s'identifient à un profil commun de supporteurs violents. Majoritairement, ils sont des jeunes qui ont les mêmes convictions, sans en avoir pour autant un attachement fort au club. Ils partagent souvent les mêmes sentiments d'exclusion, et ils ont la sensation d'être un peu à côté de la société telle qu'elle fonctionne réellement. Les valeurs auxquelles ils s'identifient n'ont pas de classe sociale. Mais ils s'exposent facilement au goût de la bagarre et la recherche des sensations qu'elle provoque, ou même encore bien le prestige qu'on en tire. Le football qui est un facteur de cohésion nationale ne doit pas devenir un facteur de discorde, de division et de déchirement. . Comment contenir le public et éradiquer la violence dans nos stades? La sécurité y est-elle suffisamment assurée ? Nous ne pensons pas qu'il y ait une solution que l'on pourrait qualifier «d'absolue» (dans le sens où elle serait bénéfique à tout le monde, supporters fervents et moins démonstratifs, du spectateur au simple supporter), car, si tel était le cas, elle aurait sûrement déjà été trouvée. Il ne faut pas, aussi, oublier que parfois les résultats peuvent s'avérer probants, mais les méthodes, beaucoup moins. Elles ne permettent pas, en effet, de bien gérer la bonne image que le football est censé véhiculer. Une approche intégrée de la sécurité Il est en revanche sûr que des solutions existent pour faire face aux éventuels fauteurs de trouble qui ruinent l'image du football. Elles tournent autour d'une approche de prévention et de répression, sur fond de triptyque «identification-interpellation-sanction». Autrement dit, tout ce qu'on peut qualifier de système de sécurité intégrée. La sécurité dans les stades passe, essentiellement, par la mise en œuvre d'une loi spécifique en la matière. Les exemples ne manquent pas. Angleterre, Allemagne, France, Italie... Les méthodes sont différentes, mais l'objectif est, et restera toujours le même. Un traitement adapté à chaque type d'incivilité a été appliqué, en fonction de son contexte et de sa gravité. En Allemagne, la répression est réservée aux actes de violence les plus graves. En France et en Angleterre, on agit sur la base de l'éradication pure et simple des éléments perturbateurs. Mais ici et là, les graves épisodes de violence engendrent systématiquement un durcissement de la répression envers tous les supporters sans distinction. Au fil des années, tous ces pays se sont dotés d'un arsenal répressif important, avec l'interdiction judiciaire des stades comme mesure fondatrice. Une peine complémentaire, prononcée en plus d'une peine «classique» et qui ne nécessite pas de passage devant un juge, peut atteindre justement une durée de cinq ans. L'augmentation des prix des billets, la programmation des matches dans la journée, l'installation des caméras, la mise en place des équipes sécuritaires pour filmer les gradins et pour faciliter l'identification des fauteurs de trouble, autant de facteurs pris aussi en considération par ces pays pour lutter contre la violence dans les stades et pour contenir le public. En dépit de toute l'attention qui a déjà été accordée au phénomène de la violence dans les stades et malgré tous les efforts qui ont déjà été fournis en la matière, le comportement violent des supporters subsiste et, dans certains cas, évolue. Il faut donc que les autorités fournissent en permanence des efforts adaptés afin de répondre à ces nouveaux défis. Et nous savons que cela concerne l'ensemble des stades en Tunisie, dans la mesure où la spécificité des villes peut être forcément un catalyseur de la politique de prévention...