Par M'hamed JAIBI Au lieu de débattre des réformes utiles pour relancer l'économie et remettre le pays sur les rails, les Tunisiens préfèrent pinailler à propos d'un hypothétique renvoi du gouvernement Essid, dont aucun des quatre partis de la coalition ne souhaite officiellement la concrétisation. En réalité, que peut-on reprocher à Habib Essid d'autre que les hésitations de la coalition quadripartite, que sa faiblesse à formuler un compromis qui tienne la route, que son incapacité de dire «non» à la surenchère des revendications salariales et des inacceptables caprices syndicaux. Le fait est que ces remaniements multiples — autant ministériels que partisans — dont les pronostics se croisent et se recoupent en un tourbillon de scénarios aussi éphémères qu'improbables, servent à occuper la scène en un dense écran de fumée masquant la laborieuse trituration de coulisses à laquelle ne cessent de s'adonner les diverses boutiques de lobbyistes qui «lancent des idées» à retentissement. Les bruits qui courent sont nombreux et contradictoires, et les successives hypothèses complexes avancées ont toutes fini par capoter. De sorte que ne subsistent que les certitudes discrètes des deux seniors qui orchestrent la vie politique tunisienne et qui ont opté pour l'édification d'un compromis historique, semble-t-il durable malgré des désaccords de fond. Des noms sont évoqués çà et là, des responsables s'agitent, donnent des consignes, se mouillent. Des partis déclarent, protestent, menacent. Des coups de théâtre adviennent, s'estompent, éclatent. La machine poursuit son chemin. Tant bien que mal, mais résolument. De sorte que vous vient à l'esprit un qualificatif que l'on attribuait tantôt à ces «cancans» sans effet et sans fin : la «remanite».