Zidane était le meilleur joueur du monde. Il n'était ni le plus rapide ni le plus costaud. Il était tout simplement plus intelligent que les autres. Le football tunisien s'est longtemps trompé sur lui-même. En l'absence de stratégie et de modèles, il continue encore et toujours de le faire. Il n'a pas la culture de la formation claire et évidente. Le football tunisien a certainement ses traditions, mais pas celles du jeu et de la formation. D'ailleurs, il ne sort pas constamment de bons joueurs. Il ne favorise pas leur émergence. Il ne les ‘'crée'' pas. L'équilibre nécessaire dans la formation du jeune footballeur a été souvent le maillon faible dans les méthodes et les combinaisons adoptées. Dans les différentes expériences utilisées ici et là, on avait tendance à oublier l'essentiel et à comprendre que le football n'est pas seulement une question de cycles. La formation des jeunes revêt une importance capitale pour le football. sans formation de qualité, le développement sportif du jeu ne pourrait jamais être assuré. Le niveau du spectacle produit s'en trouverait aussi touché. Ce qui risque, par conséquent, de limiter le potentiel économique du football. Depuis quelques années, la formation des jeunes footballeurs à la ‘'tunisienne'' a exagérément été axée sur le physique, au détriment de la technique. Si la génération des jeunes d'aujourd'hui est moins bonne, c'est tout particulièrement à cause de cette politique qui mise énormément sur le côté physique, sans vraiment se préoccuper du reste. Le résultat n'offre aucun signe de doute: on a toujours de bons joueurs, mais beaucoup moins qu'il y a 10 ans. Les jeunes footballeurs d'aujourd'hui s'intéressent presque exclusivement à leur morphologie. Ils veulent devenir costauds, robustes et solides, bien avant de goûter au plaisir de la technique et du jeu. On les a, en quelque sorte, robotisés, alors qu'ils avaient peut-être le potentiel pour devenir de très grands techniciens. Le football est un jeu qui se joue avec le ballon. Si on ne sait pas le maîtriser ou l'utiliser, à quoi cela sert-il d'être le plus grand, le plus fort ou le plus rapide ? On ne cesse de dire aux jeunes : « Vous devez être le plus rapide, le plus puissant ou le plus fort. » Mais en football, il est impossible d'être meilleur en tout. C'est le modèle français qui a instauré cette logique. Zidane était le meilleur joueur du monde. Il n'était ni le plus rapide ni le plus costaud. Il était tout simplement plus intelligent que les autres. La période et le contexte de formation du footballeur sont assez complexes. Cela ne doit en aucun cas ressembler à une usine où l'on fabrique des produits. La formation de joueurs, c'est de l'humain. Il n'y a rien d'objectif dans l'humain, tout est question de points de vue et d'appréciation. La grande différence entre les centres de formation, c'est le concept. Sur quelle politique de formation on peut justement miser ? Après s'être longuement égaré, la formation espagnole est érigée aujourd'hui en modèle, alors que ce n'était pas du tout le cas il y a quelques années au cours desquelles la France et l'Allemagne s'étaient revendiquées en tant que références. L'Espagne avait récupéré son côté latin et laissé tomber l'aspect physique pour se concentrer sur les vrais points forts : la technique, la tactique et la prise de décision. Elle a retrouvé ainsi sa culture footballistique, l'identité qui est vraiment la sienne. Le jeu actuel de la Roja est aujourd'hui en accord avec ce que sont ses joueurs et ce qu'ils savent faire... Il existe aussi une véritable identité propre à un grand club formateur comme l'Ajax qui a pris l'habitude de sortir la majeure partie des futurs internationaux hollandais. Il reste l'une des références en termes de formation du jeune à l'école de football et en formation. Le FC Barcelone y a conçu une politique de formation pour détecter les futurs talents dans plusieurs pays dont notamment le Maroc. Son grand rival, le Real de Madrid, avait déjà ouvert un centre pour adolescents dans la ville de Mohammedia. Le club anglais d'Arsenal a, lui aussi, ouvert un centre du même genre à Casablanca, et le Paris Saint-Germain devrait leur emboîter le pas. La formation est assurée par des entraîneurs des clubs déjà cités, mais aussi aidés par des assistants marocains. Elle se divise en deux programmes: «technification» et «compétitivité». Le premier volet permet au jeune en formation d'apprendre et de maîtriser les gestes simples du football. Le deuxième propose un suivi plus approfondi à l'enfant chez qui un réel potentiel aura été décelé. Aussi populaire que médiatisé, le football ne doit pas donc sa réussite au hasard. La formation des jeunes footballeurs tourne autour d'une prise en charge précoce, intensive, mais exigeante aussi.