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Quels gouvernants et quelle gouvernance pour cette étape cruciale?
Opinion
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 07 - 2016


Par Boubaker BENKRAIEM*
La révolution tunisienne n'a plus l'âge d'un bébé mais plutôt d'un enfant qui se prépare, dans seulement quelques mois, à aller à l'école, c'est-à-dire presque six bonnes et longues années, une... éternité perdue par l'élite politique ... à ... palabrer ... pour ne rien produire de positif dans presque tous les domaines comme si notre pays avait des richesses lui permettant de prendre tout son temps pour discutailler, à leur aise, de toutes les questions se rapportant à la nouvelle République.
Et pourtant, nombreux et même très nombreux sont les Tunisiens agissant en vrais patriotes, et grâce aux médias dont certains ont ouvert leurs colonnes pour recevoir les opinions des uns et les impressions des autres ont, souvent, présenté de très bonnes idées et fait d'excellentes analyses objectives et dignes d'intérêt.
D'ailleurs, tout ce qui se rapporte aux besoins du citoyen ou presque a été dit et redit mais nos politiciens, dont la plupart n'ont pas le minimum d'expérience de l'exercice du pouvoir et dont beaucoup n'ont jamais connu ni la fonction publique ni l'administration, ont la prétention de tout connaître et de tout savoir, leur objectif principal étant d'arriver au pouvoir et le conserver. Cependant, le résultat est bien là, et comme nous le vivons, il est loin d'être glorieux, n'est-ce-pas?
Des centaines d'articles ont été écrits et certains présentaient d'excellentes propositions. On se demande si les cabinets ministériels, la présidence du gouvernement et la présidence de la République, s'intéressant un tant soit peu à ces idées, ont chargé des cellules d'étudier ces suggestions ou analyses car, souvent, des idées astucieuses sont exposées et méritent, certainement, de retenir l'attention des hauts responsables. Sous d'autres cieux, pareilles propositions sont appréciées et même encouragées! Mais il est, malheureusement, établi que le Tunisien n'est pas curieux, n'est pas un grand lecteur non plus et cela est, incontestablement, d'ordre culturel. Et pourtant, rien ne doit être négligé !
Toutefois, en remontant à 2012, lorsque la IIe République commençait à pointer à l'horizon, le résultat des gouvernements qui se sont succédé a été négatif à plus d'un titre à tel point que nos concitoyens, n'ignorant pas que Ben Ali a laissé une situation économique qui n'était pas aussi catastrophique qu'elle ne l'est actuellement, se posent un tas de questions sur les raisons de la situation chaotique à laquelle le pays est arrivé, alors que monts et merveilles ont été promis lors des deux campagnes électorales. Aussi, le gouvernement de la Troïka, ayant trouvé les caisses confortablement garnies, a vite fait d'injecter, en douce, dans la fonction publique, plusieurs dizaines de milliers de partisans dont on n'a, nullement, besoin tout en procédant, et c'est le FMI et la Banque mondiale qui le confirment, et cela n'a pas été démenti, au dédommagement et au règlement des cotisations des caisses sociales pour permettre à de milliers d'autres de bénéficier d'une retraite, le tout s'élevant, d'après le FMI. et la BM à plus d'un millier de milliards de dinars, ce qui a englouti toutes nos réserves financières et nous oblige, maintenant, à aller vers l'endettement extérieur qui nous pose, déjà, de gros problèmes et peut mener le pays, à la longue, à une situation sans issue. Le fait de s'excuser des résultats négatifs obtenus et de reconnaître que cela était dû au fait qu'ils n'avaient pas d'expérience dans la gouvernance et qu'ils feraient mieux la prochaine fois n'est pas admis en politique. Nous savons tous que, normalement, lorsqu'on ne réussit pas à gouverner, on ne doit pas prétendre à une deuxième chance, avant très longtemps. Nos concitoyens se demandent aussi ce que leur a apporté la révolution, à part la liberté de parler, même pour dire des choses des plus insensées. Cette dernière ne sert à rien lorsque la ménagère qui se dirige vers le marché pour faire ses emplettes se rend compte que le prix du panier de légumes, a plus que doublé, en cinq ans, ce qui est énorme pour les petites bourses.
De même, les problèmes politiques étant, toujours, conditionnés et dépendant des questions économiques, il va sans dire que dans ce domaine, nous sommes au creux de la vague, le taux de croissance n'arrivant pas, cette année, à 1% alors qu'on était à 5% et même plus. On se demande, sérieusement, et personne n'a donné la réponse, à quoi est dû ce renchérissement du prix des produits de première nécessité (légumes, fruits, œufs, viande, etc.) et pourquoi les pouvoirs publics n'ont pas été capables de maîtriser le prix du couffin de la ménagère, surtout que ce n'est pas le producteur qui en tire profit, plutôt ce sont les spéculateurs et les intermédiaires qui en bénéficient le plus ? Tout cela est, en fait, vérifiable et la situation n'a que trop perduré.
Aussi, lorsque le tourisme est en berne, lorsque la création d'emplois est absente, lorsque le paiement des impôts est ignoré par de nombreuses grosses fortunes, celles qui sont censées conforter les caisses de l'Etat, lorsque l'investissement est absent, lorsque le commerce parallèle qui ne peut s'éterniser et ne peut se développer que lorsqu'il bénéficie de complicités dans les rouages de l'Etat, cela nous rappelle certaines républiques bananières qui étaient dominées par des bandes mafieuses. ... alors on demande au gouvernant de se pourvoir de certaines qualités indispensables à la bonne conduite des affaires du pays dont :
du courage, encore du courage et surtout du courage : un chef de gouvernement, un ministre, un gouverneur, tout décideur doit être suffisamment courageux pour prendre des décisions parfois impopulaires mais nécessaires quand il s'agit, par exemple de :
- la reprise de la production ou du transport du phosphate qui n'auraient du et ne doivent jamais plus être entravés par qui que ce soit et cela en convoyant les trains par les forces armées, s'agissant d'une richesse nationale,
- l'éradication, totale et entière et quel qu'en soit le prix, de la corruption sous toutes ses formes, de l'interdiction absolue de la sortie des containers des ports commerciaux sans régler les réels droits de douane et taxes sur les produits importés et cela en inventant des moyens de contrôle efficaces et incorruptibles,
- la trêve sociale : avec tout ce qui s'est passé ces dernières années comme grèves, sit-in, revendications salariales, discuter avec les organisations syndicales d'une trêve sociale de deux ou trois ans et en cas d'impossibilité, faire voter, par l'ARP, une loi dans ce sens,
- proscrire toute politique de laisser faire, de laisser-aller comme ce fut le cas pour Petrofac, ne pas faire la politique de l'autruche, même durant seulement 24 heures, et utiliser tous les moyens, y compris la force publique, pour éradiquer pareil comportement,
- de la détermination, encore de la détermination et surtout de la détermination : la responsabilité exige de son détenteur de veiller sur les intérêts de l'Etat et du peuple, de ne pas suivre une politique populiste, et de ne pas laisser faire ou laisser aller. Aussi, faut-il avoir de la détermination pour s'opposer à toute action contraire aux intérêts de la nation en utilisant tous les moyens disponibles.
- de l'autorité: quand il s'agit de l'autorité de l'Etat et de son prestige, le responsable doit être intraitable et le sens de l'Etat doit prévaloir à tous les niveaux.
Être gentil, laisser faire, et attendre... qu'on revienne à de bons sentiments ne mènent à rien ; au contraire, cela sera ressenti comme de la faiblesse comme nous l'avons vécu à plusieurs reprises et les abus de toutes sortes augmenteront. Nos peuples sont génétiquement programmés pour être commandés par des chefs à poigne, sévères, durs et, en même temps, justes.
- de la pédagogie : pour faire admettre ses décisions, le chef doit être capable d'expliquer à ses collaborateurs et à ses subordonnées ainsi qu'au peuple les objectifs recherchés par telle ou telle action, ou les raisons qui l'ont poussé à faire tel ou tel choix ; une fois convaincus, ils le suivront sans hésitation ni murmure.
- donner l'exemple : rien n'est plus convaincant que le fait de donner l'exemple pour obtenir un certain résultat.
En cinq ans de démocratie, quels résultats avons-nous obtenus en laissant faire ces jeunes et moins jeunes, en abandonnant aux premiers la rue pour utiliser les trottoirs à leur guise, pour installer des kiosques n'importe où et aux seconds la liberté de ramasser ou non les poubelles à tel point que nos villes et nos villages, jadis renommés pour leur propreté, sont devenus des décharges dégoulinantes et n'attirent plus autant les visiteurs habitués au parfum du jasmin.
Mais, il est aussi curieux que la justice, qui veut être indépendante et il faut qu'elle le soit, ne soit pas intervenue pour sanctionner des agissements interdits par la loi tels que la construction d'une murette sur la voie ferrée utilisée pour le transport du phosphate, l'interdiction aux travailleurs de rejoindre leurs usines, l'occupation des trottoirs ou la construction de kiosques partout et n'importe où, etc. car son action aurait été bien dissuasive.
Le difficile problème que n'importe quel gouvernement doit affronter est relatif au chômage. L'Etat, ne pouvant plus recruter étant donné les dizaines de milliers de fonctionnaires en sureffectif, faisant presque doubler la masse salariale de la fonction publique, est incapable de faire plus. Et c'est plutôt au secteur privé de faire l'effort nécessaire pour créer des emplois. Cela dépend de plusieurs facteurs intimement liés : la stabilité politique tributaire d'une unité nationale effective et d'un consensus national, la mobilisation générale contre le terrorisme, l'appui total aux forces de sécurité intérieure et à l'armée dans leur lutte contre ce fléau, la volonté politique de l'éradication de la corruption, de la contrebande, du commerce parallèle et de l'évasion fiscale. C'est en atteignant ces objectifs que l'investissement étranger et local reviendra chez nous et créera des richesses et des postes d'emploi. Sans cela, nous perdrons encore beaucoup de temps à palabrer pour ne rien faire et la situation continuera à se dégrader et risque même d'être ingérable. Les barons de la contrebande et de l'évasion fiscale, les patrons du commerce parallèle, les nouveaux riches peuvent, si la volonté politique existe, être démasqués et notre pays reprendra sa marche vers la justice, vers le progrès et vers la réussite.
Comme il est inutile de tourner en rond, notre pays, qui est arrivé à cette situation non enviable, a besoin de gouvernants expérimentés, audacieux, pédagogues, sérieux, patriotes, intègres et dévoués, au-dessus de tout soupçon quant à leur honnêteté et leur moralité pour qu'ils soient, très rapidement, opérationnels. Désigner des responsables qui n'ont aucune expérience des affaires de l'Etat, est une perte de temps superflue et improductive, surtout lorsque notre bon petit peuple, jadis remarquable par sa bonne humeur, son amabilité, sa serviabilité, sa gentillesse, est, malheureusement, et depuis la révolution, devenu agressif, indiscipliné, égoïste, paresseux, individualiste, toujours insatisfait et rebelle par rapport à l'autorité. Bien sûr, ils doivent être, en permanence, sur la brèche pour remettre notre pays sur les rails et lui permettre, dans les plus brefs délais, de retrouver sa place parmi les nations en développement, et reprendre l'excellent classement qu'il avait dans beaucoup de domaines. C'est par le travail, c'est par l'abnégation, c'est par le don de soi, c'est par le sacrifice, c'est par le dévouement, c'est par la conscience, c'est par la loyauté, c'est par le désintéressement de tous ses enfants quelles que soient leur orientation politique, leur organisation sociale et leurs aspirations que notre chère Tunisie retrouvera sa bonne voie, celle du développement économique et social de toutes ses régions et du bonheur de tout son peuple que nous voulons qu'il soit digne de ses ancêtres qui ont marqué l'histoire de l'humanité tout entière.
Le chef du gouvernement à désigner doit être un pur politique, soutenu et appuyé par un ou plusieurs partis politiques. Il doit être courageux et déterminé. Il est souhaitable qu'il soit un leader d'un parti pour qu'il n'aille pas, à chaque fois que de besoin, quémander, ici ou là, un certain soutien politique des partis de l'union ou de la coalition.
Notre pays a besoin de tous ses enfants et parmi eux beaucoup l'ont servi, par le passé, avec compétence, dévouement, honnêteté, sérieux et désintéressement. Pourquoi ne pas faire appel à eux, maintenant que la Tunisie traverse l'une des périodes les plus critiques de son histoire et a grandement besoin de toutes ces compétences ? Ils pourront, au moins, conduire le navire Tunisie à travers cette mer houleuse et ces flots déchainés et une fois arrivés à bon port, de jeunes et énergiques commandants rejoindront le navire et prendront le gouvernail.
Que Dieu veille et protège la Tunisie éternelle
*Ancien sous-chef d'état-major de l'Armée de terre, ancien gouverneur


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