Par M'hamed JAIBI Depuis qu'il n'y a plus d'Atce pour caporaliser nos médias et «canaliser» leur contenu sous l'effet de l'épée de Damoclès de la publicité publique, une myriade d'«informations» fantaisistes inonde quotidiennement la toile et vient prendre en otage notre innocente soif de liberté d'expression et de critique. Certains en ont conclu qu'une Atce «dépourvue de ses travers» serait un moindre mal et pourrait distribuer «équitablement» la publicité des ministères et des organismes et entreprises publics. Mais attention à ces réflexes autoritaristes qui risquent de nous ramener à l'ancien système. Qu'elle soit publique ou privée, la pub doit obéir aux règles du marché, et elle ira aux organes les plus lus, écoutés ou regardés. Cela ne veut pas dire que notre presse est totalement libre, puisque son financement est plus occulte que jamais. Il s'agit ici des médias privés, dont les finances sont opaques, avec des prolongements non dissimulés à l'international, mais sans que l'on sache ni qui ni pourquoi. Le fait est que la masse essentielle des informations que recueille notre opinion publique en gestation, vient soit d'informations mal vérifiées soit des ragots et des bruits «qui courent» aussi bien de bouche à oreille que via Facebook. Et que personne ne dément ou rectifie ! Sous prétexte que «depuis la révolution, l'information est libre». Libre de «fouttre la merde» dans nos esprits et de polluer le débat national, à un moment si délicat de la reconstruction nationale. Comme ce flux de bruits divers à propos de la prochaine loi de finances que personne n'est capable de corriger. Plus grave que les mesures attribuées au gouvernement, lesquelles finissent par être démenties ou confirmées, certaines fausses informations «ménagères» effraient terriblement les Tunisiens et sapent la crédibilité des institutions en mettent en doute l'autorité de l'Etat. Tel ce bruit («sourd») qui court, ces derniers jours, au sujet de la qualité bactériologique de notre lait de vache. Et dont le premier auteur serait une vétérinaire aigrie, relayée depuis par des milliers de faux experts et d'informateurs «bien informés». Selon cette rumeur, notre cheptel serait atteint de tuberculose et tout notre lait serait contaminé, y compris les «tétrabriques» de lait stérilisé à ultra-haute température (UHT). Alors que seul le lait cru de certains producteurs artisanaux et des colporteurs peut effectivement contenir la bactérie incriminée et transmettre la maladie. Sachant que seul un tout petit pourcentage de notre cheptel est atteint de tuberculose bovine (15%), dont seulement 2% des vaches porteuses contaminent leur lait. Ce qui fait qu'au total, 0,3% de nos vaches donnent un lait pouvant transmettre la tuberculose aux humains. Donc trois sur mille vaches fournissent du lait porteur du microbe de la tuberculose, lequel est aisément tué par une simple ébullition ou une stérilisation industrielle. Reste à combattre le lait cru et ses dérivés, à l'image du lait fermenté (raïeb) non industriel.. Revenons à nos médias. Qu'attend donc la profession pour mettre en place une structure d'écoute pouvant remonter à la source et rectifier le tir des rumeurs mal inspirées. En attendant qu'un journalisme averti, hautement rigoureux et professionnel voie le jour.