Une inébranlable machine offensive, un impressionnant et harmonieux duo Darragi-Eneramo , voilà ce qui peut être une satisfaction aux côtés de la qualification, mais il ne faudrait pas fermer les yeux sur les erreurs de placement de la défense et sur les passages à vide des joueurs-clés dans un même match. L'EST se qualifie pour le carré d'as de la Ligue des champions africaine, ce qui est une performance qui peut effacer la petite prestation de l'équipe dans l'édition 2007. Toujours avec les chiffres pour dire qu'il faut remonter à 2005 pour voir les "Sang et Or" atteindre le carré d'as face à Eneymba. On peut dire que c'est un premier objectif atteint par les équipiers de Syam Ben Youssef qui en sont à 10 points après 5 matches joués. Un bilan comptable intéressant qui permet de se rassurer sur la qualification en demi-finales, en attendant de voir le classement définitif du groupe. Il reste encore une journée pour départager entre l'EST et le TPMazembé pour le leadership du groupe A. Peut être bien qu'une victoire avant-hier contre les Algériens de Sétif aurait ouvert la voie large vers une place de leader avec l'avantage de jouer le retour des demi- finales à domicile. Ce sera donc le second objectif pour Benzarti et ses joueurs après avoir totalisé 4 points sur les 6 possibles à Radès dans les deux derniers matches. Duo de charme Pour revenir au match d'avant-hier soir, on va dire que c'était très engagé de part et d'autre à l'image des confrontations tuniso-algériennes. Ce fut chaud , même très chaud en seconde mi-temps notamment sous l'impulsion des gradins et du public espérantiste et sétifois , qui ont tous les deux débordé à plusieurs reprises. Sur le terrain, la tension de jeu était inévitable avec des duels musclés entre Afful et Raho, Korbi et Bouazza, Traoui et Idriss, Eneramo et Belgaied, Hichri et Ghezali, Chemmam et Djabou...Surprenant de dire à ce sujet que l'intensité physique des duels au milieu du terrain a été plus supérieure que les autres matches du même groupe. Et là, on a bien vu que les joueurs de l'EST ont été sobres et fougueux pour remporter les deux tiers, au moins, de ces duels terrestres et aériens. Le point fort et le premier atout, que l'EST a su utiliser pour contrecarrer une ESSétif technique mais assez nonchalante , sont la vitesse et le rythme . Si Darragi et ses pairs ont joué placé et lent, ils auraient donné la possibilité aux Algériens de monopoliser la balle et de créer le danger comme ce fut le cas en coupe de l'UNAF en décembre dernier. En jouant sur les chapeaux de roue,en pivotant sur Eneramo qui avait pris le dessus sur Belgaied et Lammouchia pour donner la profondeur nécessaire, les Tunisiens ont été plus vivaces en dépit du fléchissement vers la fin, et ont su jouer et préservé un rythme élevé malgré le but précoce de Ghezali. Eneramo (encore lui) et Darragi ? C'est de ce duo que le danger vint, ce sont les atouts offensifs efficaces et inusables de l'équipe. Une autre preuve avant- hier de leur complémentarité et de l'apport qu'ils donnent quel que soit le contexte du match. Darragi , en posture de faux lent, a usé de sa technique balle au pied, et de la précision de ses tirs et de ses passes en course pour semer le danger en défense sétifoise . Au- delà du but marqué, on a bien vu que c'est à partir de lui que se déclenchent les assauts . Vu la lenteur de Raho et de ses équipiers , Darragi, placé axial , n'a pas hésité à piquer à droite surtout pour emmener ses anges gardiens et pour chercher des balles arrêtées , sans oublier de libérer des espaces à Traoui ( l'action du second but ) et à Afful. Mieux, la relation Eneramo-Darragi était parfaite avant-hier: le Nigérian, tonique et impressionnant par ses jaillissements vers l'avant, aime passer par Darragi pour un relais ou par une passe en profondeur. On a vu aussi que chaque fois que ce duo était en possession de la balle , ou que l'un des deux cherche l'autre, l'action est forcément dangereuse. En attendant le réveil de Youssef Msakni, qui a bien fixé les défenseurs de Sétif sans être brillant , l'EST peut compter sur une attaque de roc et où Traoui, Afful et Hicheri ont eu une contribution importante. Placement et communication Le score du match ne reflète pas sa physionomie avec une EST qui a dominé les débats et qui a géré mieux le rythme grâce à son bloc et à la vivacité de ses joueurs. Reste alors à soigner quelques détails qui auraient pu donner une autre tournure au match. Le football, c'est des erreurs , nous en convenons, mais à ce niveau de compétition les erreurs de placement défensif et de communication entre joueurs sur un coup de pied peuvent coûter cher. On pointe du doigt la défense jugée perméable et statique sur les deux buts de Ghezali, mais le problème est plus général. Le quatuor utilisé par Benzarti, à savoir Hicheri, Ben Youssef, Ben Amor et Chemam, a commis des erreurs, mais a été solide par moments devant les Algériens en seconde mi-temps, et a pu réussir à jouer la défense de ligne. Le problème a été la couverture : à chaque erreur de placement, il n'y avait personne pour corriger à l'exception de Korbi. On pense que les milieux récupérateurs n'ont pas tenu leurs tâches défensives à l'image des autres joueurs , les "Sang et Or" étaient trop offensifs avant-hier. On n'a pas remarqué une défense hermétique, mais il s'agit d'améliorer le comportement défensif de toute l'équipe qui prend des risques et qui se découvre, chose qui peut être nuisible en demi- finales. Trois buts en 5 matches, ce n'est pas si alarmant , mais la défense a besoin de plus de consistance et de précision dans les dernières interventions. Extra-Ball Depuis quelques années, on a commencé à voir la gente féminine prendre sa place sur les gradins. Samedi, sur le chemin du stade, un véhicule ne pouvait pas passez inaperçu. En effet, les passagers n'étaient autres que des supportrices. D'ailleurs, la conductrice s'est parfaitement préparée à l'événement. Elle était vêtue, non pas en robe de soirée, mais du maillot "sang et or". Circulation assez fluide ! On est habitué à des embouteillages monstres sur le chemin du stade de Radès à chaque fois qu'il y a un grand match. Samedi, la circulation a été assez fluide. Les supporters "sang et or", dont un bon nombre est entré vingt minutes après le coup d'envoi du dernier match face au TP Mazembé, semblent avoir retenu la leçon et se sont déplacés au stade plus tôt que d'habitude. Sous vos applaudissements Le public venu nombreux à Radès, 50.000 spectateurs environ, n'a pas cessé d'encourager son équipe. Au moment où les joueurs s'apprêtaient à rejoindre les vestiaires, que ce soit après l'échauffement, à la fin de la période initiale ou après le coup de sifflet final, les applaudissements ont retenti dans le stade. Les joueurs qui ont fait leur entrée ou leur sortie en cours du match, ont été également applaudis. Par ailleurs, Le fameux: "Allez... allez... On va gagner", n' a pas arrêté de retentir. Fumigènes et jet de bouteilles Malheureusement, il y a des comportements qui persistent et qui gâchent la fête. Encore une fois, les fumigènes et les jets de bouteilles ont fait partie du spectacle. Après le coup de sifflet final, les joueurs de Sétif et les supporters espérantistes n'ont pas trouvé mieux que de s'envoyer des bouteilles ! Ça n'a pas changé le score pour autant...