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L'économie politique de la relance tunisienne
Opinion
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 11 - 2016


Par Khaled EL MANOUBI
Des espoirs sont fondés, de nos jours, sur la prochaine conférence internationale sur l'investissement en Tunisie, prévue pour la fin novembre 2016 à Tunis. Encore faut-il voir le décor comme il est.
En 2010, l'hypocrisie de l'Occident est phénoménale : chantre de la liberté, il n'a fait, CIA en tête, que fomenter des coups d'Etat presque partout hors de chez lui. Ne pas oublier que Ben Ali est un agent de la CIA imposé par les Etats-Unis à Bourguiba, à propos duquel nous avons abondé sur ces mêmes colonnes. Au lendemain des élections de 2011, un journal parisien estimait que le peuple qui galère a asséné une gifle historique à l'élite autoproclamée. En fait, la croissance tunisienne d'après l'indépendance n'est que la partie visible de l'iceberg. Elle est le fait des travailleurs de l'agriculture, du secteur informel non mafieux et de l'industrie exportatrice, tourisme compris.
La partie cachée de l'iceberg correspond à des transferts de valeur par différents mécanismes (gonflement systématique des coûts, dévaluations et reconstitution par les emprunts des réserves de change, endettement, fuite des capitaux au bénéfice de l'investissement dans les pays refuge, fabrication sous licence, etc.) qui profitent essentiellement à ce même Occident. Or, si la démocratie s'installe, les œufs d'or de la poule tunisienne iront de moins en moins chez cet Occident. Encore faut-il que la dictature mijotée par ce dernier dispense des miettes à l'élite autoproclamée pour qu'elle l'épaule à bien mater le peuple. Cette élite est double : une minorité d'hommes d'affaires et de possédants choyée par le système et une majorité de clercs qu'il va falloir bel et bien acheter. La première nommée échappe à l'impôt, se sucre par les marchés publics, et gonfle les devis tout en empruntant gros sans parfois rembourser. Quant à la majorité, elle a été aspirée par la fonction et les entreprises publiques pour y produire le moins et y être payée le plus. Ainsi, les dépenses publiques sont passées de 20% du PIB en 1960 à 40% en 1980 pour ne plus décrocher par la suite. Et entre 1969 et 1979 seulement, la part de la masse salariale des entreprises publiques a augmenté de plus de 50% pour une part au sein des salariés des entreprises qui est passée de 16,3% à seulement 19,8%. Naturellement cette aristocratie salariée, créée de toutes pièces, a largement investi l'Ugtt, raflant la direction aux ouvriers qui galèrent, Ugtt dont les grèves concernent, logiquement les choses étant ce qu'elles sont et par ailleurs, principalement le secteur public.
Le casse-tête de la tyrannie est que le tyran se transforme en un dieu auquel obéit l'élite autoproclamée. Or, Ben Ali et ses gendres ont ravi, à partir de rien et sans dépenser un sou, 22% du secteur privé. Mais alors 44, c'est mieux que 22 et 88 encore mieux que 44...
Les fortunés de l'élite sont alors réduits soit à décrocher, soit à accepter d'être dépossédés crûment. Dans les deux cas, toute innovation se trouve gelée, empêchée et toute compétitivité condamnée à péricliter.
Avant la révolution, l'impasse du budget et de l'ensemble du secteur public aurait dû être soignée dès les années 90, sauf que Ben Ali venait tout juste d'inaugurer sa rapine gigantesque. Et après la révolution, cette impasse a été et aggravée et doublée d'un sabotage et de la croissance et des nouveaux pouvoirs populaires. Palabres orchestrés par les policiers de Ben Ali pour retarder l'adoption de la loi sur les élections locales ; niaiseries vociférées suite à l'élection du conseil de la magistrature ; faux problèmes agités par la presse contrôlée par l'élite autoproclamée ; chienlit dans les formations politiques de l'élite autoproclamée de nature à freiner le travail du parlement et compromettre l'action du gouvernement, non tout à fait étranger lui-même au sabotage. Le cas du ministre récemment limogé n'est pas le seul à cet égard. Et un ancien ministre vient de déclarer qu'une bonne partie du titre II du budget n'est pas consommée, alors que la cavalerie du titre I continue... Pour sa part, le président élu des Etats-Unis n'a-t-il pas déclaré que ce sont Obama et Clinton qui ont fabriqué Daech en 2014 ? Cette même élite tunisienne rêve toujours de rétablir le despotisme pour peu qu'une manne miraculeuse lui tombe du ciel.
L'élite autoproclamée cherche alors à éviter de payer l'inévitable facture et en est à se situer au bord du précipice. D'où les espoirs dans l'afflux de l'argent étranger. Celui-ci, face à la vigilance du peuple, en est-il venu à se résigner à voir la démocratie s'installer comme le prix Nobel de 2015, confirmé par celui de 2016, le laisse entendre ? Le peuple est pro-islamique en Tunisie et avait été pro-marxiste en Colombie. Aussi, et hors de chez lui, l'Occident n'est ni contre le péril jaune, ni contre le communisme, ni contre l'islam : il est — était ? — en réalité contre les peuples qui lui sont étrangers ! Les schismes des trois masses évoquées ne sont pour l'Occident que des opportunités de diviser...A ce mal séculaire perpétré par l'Occident hors de chez lui, s'est ajoutée une tare récente au sein même des pays occidentaux en rapport avec l'inadaptation croissante du cadre national de la démocratie classique –laquelle est donc toujours à réinventer — dans un contexte inédit de globalisation. Faute d'idées nouvelles, par ailleurs incontournables, le phénomène exécrable de la proclamation de l'élite par elle-même — phénomène qui nous frappe jusqu'à hier en tant qu'anciens colonisés — tend à contaminer l'Occident — par ailleurs donneur de leçons — et génère des réactions et populaires et populistes, du genre Brexit ou élection d'un Trump.
Mais nos violeurs de droit d'avant-2011 ne lâcheront pas prise : presque un demi-siècle après le retour de la démocratie en Espagne, nul ne sait encore ce qu'il est advenu des dizaines de milliers de disparus. Au fait, l'Europe n'a-t-elle pas, des années durant, donné au Portugal, à l'Espagne et à la Grèce des centaines d'euros de l'époque par tête d'habitant comme prime à la démocratie ? On est fort loin du compte quant aux promesses de l'Union européenne pour la Tunisie.
A l'Occident, par conséquent, de méditer les considérations suivantes. Nos spoliateurs et nos tortionnaires se sont mobilisés pour votre bénéfice et au détriment de notre peuple. Votre apport n'est donc qu'une dette historique. Mais votre neutralité — synonyme ici de non-ingérence — suffit : si vous laissez au peuple le pouvoir, les choses peuvent s'arranger sans vous. Jamais plus d'évasion fiscale, jamais plus d'emprunts non remboursés, jamais plus de gonflements des coûts et de fuite des capitaux, ou tout au moins nettement moins.
Les finances publiques seront alors remises sur pied. Ce scénario est le seul à tenir aujourd'hui à côté de celui de la guerre civile, que Dieu nous en préserve, car ni l'Occident, ni un dictateur éventuel n'est en mesure d'assurer le retour au statu quo ante. Sauf que l'Europe est très proche de nous, sauf que la géopolitique est en passe de faire rentrer progressivement l'Occident dans le rang. Alors ce dernier a bel et bien intérêt, et est vraisemblablement amené, à casquer.
L'époque des casqués en vadrouille est en passe d'être révolue.
S'agissant plus spécialement de la France, sa dette, historiquement parlant, est, au moins, double et n'est pas seulement financière. Dans une « Lettre ouverte au chef de l'Etat français » publiée par La Presse du 25 avril 2016, nous avons insisté sur le fait que « le délai étant atteint, seule une clause antihistorique du genre secret défense » peut encore différer de rendre publiques les archives françaises inséparables de la Tunisie. Dans un rapport publié (Sources et Méthodes de l'Histoire du Mouvement National (1920-1954), Publication du Mesrs et du Cnudst, Tunis, 1985, p.569) on apprend que « la série 1917-1940 (des archives du Quai d'Orsay) compte 704 volumes (et quelques autres avec la mention « bis ») mais 97 volumes (...) sont réservés et donc incommunicables. Il s'agit, en particulier, des dossiers personnels (et) des 80 numéros successifs qui vont de 485 à 564. A quand la valse à Tunis de ces derniers cartons ?


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