L'accumulation des problèmes et la nécessité de les résoudre de toute urgence ont poussé le personnel du ministère des Affaires sociales à s'interroger sur le pourquoi d'un ensemble de défaillances très lourdes de conséquences et interpelle le ministre à prendre les décisions qui s'imposent Pour se rendre compte des difficultés du ministère des Affaires sociales, il suffit de se rappeler que, depuis le 11 janvier, cinq ministres de différentes tendances politiques se sont succédé à sa tête. «D'où son instabilité et donc son inefficacité», avance un membre de son personnel. L'incapacité de saisir ses fonctions et de réaliser son importance ainsi que les répercussions de son rendement sur la vie des citoyens ont fait que les gouvernements successifs, notamment les premiers responsables en leur sein, n'accordent pas d'intérêt à cette dimension, ce qui a participé à en faire un espace favorable aux accointances, au clientélisme et à des entremises aussi bien visibles qu'invisibles. Cela l'a plongé dans une situation d'abandon et d'anarchie, alors qu'il est appelé, de par ses fonctions, et en cette conjoncture précise, à jouer un rôle d'avant-garde eu égard à la nature et à la spécificité des événements sociaux dans le pays qui marquent la conjoncture actuelle. Défaillances en série En dépit des tentatives de réparation des dégâts de la part de quelques ministres et de quelques responsables qui sont passés par cette institution, cette situation empire à cause de l'absence d'évaluation et surtout de l'impunité. Ce qui rend difficile la détermination des responsabilités. Mais, cela n'empêche que l'accumulation des problèmes et la nécessité de les résoudre de toute urgence soumettent le premier responsable de cette institution à un questionnement autour d'un ensemble de défaillances notoires et très lourdes de conséquences. Tout d'abord, il est appelé à répondre à la question suivante : selon quels critères est arrêté le choix des attachés sociaux à l'étranger ? Une bonne partie du personnel du ministère ne comprend pas comment on nomme quelqu'un à ce poste pour la seconde fois, alors qu'il affiche, de manière arrogante, son appartenance à l'ancien parti au pouvoir, le RCD dissous, ni comment y désigner un responsable syndicaliste à une année de la retraite et qui, de surcroît, n'a pas de rapport avec le domaine social, ni ne possède la capacité nécessaire pour pouvoir répondre aux besoins spécifiques de la communauté tunisienne à l'étranger. Ces employés ne trouvent pas de réponse non plus à cette situation d'impuissance qui dure depuis plus de dix ans, sans que l'on ne parvienne à traiter la crise des caisses sociales et la trancher avec les parties sociales et les gouvernements, et ce malgré son aggravation et des menaces qu'elle représente à tous les niveaux. D'autre part, les agents du ministère ne parviennent pas à expliquer comment le directeur général des services communs poursuit encore ses fonctions au ministère en toute illégalité, étant donné qu'il est parti à la retraite depuis six mois, d'autant que la présidence du gouvernement ne lui a pas accordé de prolongation. En plus de sa violation de la circulaire du chef du gouvernement, il retarde et gèle les intérêts du ministère, en raison du fait que le ministre des Affaires sociales ne peut déléguer sa signature ni à lui, ni aux autres responsables. Etre à l'écoute des parties sociales Le personnel du ministère soupçonne le spectre du régionalisme ou des accointances dans cette nomination illégale, soulignant que le directeur général des services communs est en même temps le président de la cellule de gouvernance au ministère des Affaires sociales. Ils craignant ainsi que la décision du chef du gouvernement de supprimer le ministère de la Fonction publique et de la Gouvernance ne l'ait encouragé à rester dans ce poste et à imposer l'ordre établi. Cette attitude controversée exige que l'on jette la lumière sur ce sujet et que l'on procède à l'ouverture d'une enquête autour des raisons de cette situation illégale et des conséquences préjudiciables qu'elle a occasionnées. Il est incompréhensible, selon les fonctionnaires, que l'autorité de tutelle vante les quelques réussites relatives au dénouement de litiges professionnels en dehors du ministère et occulte son échec dans la résolution des revendications émanant de ses structures internes. Est-il encore possible de faire durer cet état d'instabilité et de confusion, au moment où le pays connaît des questions sociales cruciales auxquelles non seulement le premier responsable du ministère mais aussi tous les responsables en son sein sont invités à y apporter des réponses ? Se demandent les fonctionnaires du ministère. Les prérogatives et les tâches précises et complexes du ministère des Affaires sociales lui imposent de privilégier l'impartialité et la compétence et d'être avant-gardiste dans l'application des principes de base de la bonne gouvernance, tels que la transparence, l'interpellation et la responsabilité. Il est appelé à s'appuyer sur la loi et l'idée reposant sur la vision des parties sociales, loin de toute instrumentalisation partisane ou de toute soumission au diktat de qui que ce soit, d'autant plus que tous ses projets sont destinés aux catégories les plus touchées par les crises sociales lancinantes. Ce ministère rencontre déjà des difficultés immédiates pour exécuter ses stratégies, pour diverses raisons, que dire alors quand la défaillance devient interne ?