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Prévenir et punir
Atelier de travail à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 03 - 2017

Jamila Ksiksi : « Encore aujourd'hui, lorsque je dis que je suis députée, cela crée un étonnement
que je perçois, l'air de dire : toi, députée ? »
A l'ouverture hier de l'atelier de travail autour du projet de loi de lutte contre la discrimination raciale en Tunisie, le ministre des Relations avec les Instances constitutionnelles, la Société civile et les droits de l'Homme, Mehdi Ben Gharbia, a indiqué que le gouvernement d'union nationale, reconnaît de manière très claire l'existence en Tunisie d'une discrimination raciale. « Il n'y a pas plus de racisme en Tunisie qu'ailleurs, mais nous ne sommes pas dans le déni », s'empresse-t-il toutefois de dire pour modérer ses propos. Une position saluée par le représentant du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme, Mazen Shaqoura, qui demande cependant au gouvernement tunisien de reconnaître également les revendications légitimes des Amazigh. Interpellé par La Presse sur cette question, le ministre admet volontiers que « l'Amazigh est une partie de notre culture, tout comme la culture arabo-musulmane ». De là à créer des radios berbères ou d'enseigner la langue berbère, le ministre préfère attendre les résultats d'une étude sur la diversité démographique en Tunisie. Une étude qui, selon lui, a été commandée par son ministère.
« Dans ce domaine, la Tunisie est une source d'inspiration pour l'ensemble de la région », a déclaré Shaqoura, en saluant le travail entamé par l'Etat tunisien et la société civile en vue de combattre toutes les formes de discrimination.
Le droit à la dignité
Mehdi Ben Gharbia a affirmé la volonté du gouvernement d'affronter le problème et de résoudre notamment certaines difficultés dont l'absence de données chiffrées sur le nombre d'agressions en lien direct avec la couleur de la peau ou l'origine ethnique. « Chaque personne doit pouvoir vivre dans la dignité », a-t-il martelé. Mais pour la députée de l'ARP, Jamila Ksiksi, (seule députée noire de l'Assemblée), l'enjeu principal du projet de loi en gestation, est de donner aux juges, souvent démunis, des armes juridiques pour défendre les victimes du racisme. Pour la députée, c'est un fait : beaucoup d'Africains subsahariens quittent la Tunisie en raison du racisme.
« La Tunisie ambitionne depuis quelque temps d'accéder au marché africain, c'est très bien, mais il faudrait dans ce cas commencer par soigner notre image », a-t-elle déclaré. Seule députée noire de l'Assemblée, Jamila Ksiksi nous a confié qu'à l'école, elle a elle-même fait les frais du racisme et du regard hautain de certains.
« Encore aujourd'hui, lorsque je dis que je suis députée, cela crée un étonnement que je perçois, l'air de dire : toi, députée ? », déclare-t-elle à La Presse, tout en précisant qu'elle fait partie de ces « chanceux » qui ont pu avoir leur place en politique, un monde où être noir est un frein.
« L'ensemble de mes collègues députés sont conscients de l'enjeu, et nous sommes sur ce point solidaires, en vue d'appuyer le projet de loi », a-t-elle déclaré, avant de saluer la militante Saâdia Mosbah, qui, selon elle, est la première femme ayant eu le courage de parler sans complexe de ce sujet. Pour sa part, Diego Zorilla, coordinateur résident du système des Nations unies en Tunisie, souligne l'importance de lutter contre « le profilage racial » (Comportement discriminatoire d'une autorité, en particulier la police, à l'égard d'un individu ou d'un groupe d'individus en fonction de son origine ethnique, nationale ou religieuse).
Que dit le projet de loi ?
Actuellement en préparation par un groupe de travail relevant du ministère des Relations avec les Instances constitutionnelles, la Société civile et les Droits de l'Homme, en concertation avec les composantes de la société civile, le projet de loi relatif à la lutte contre la discrimination raciale comporte pour la première fois « une criminalisation du racisme ». Le terme sera bien évidemment explicité et défini par la loi de sorte que le juge puisse identifier ce qui pourrait tomber sous le coup de la loi. « Nous voulons que tout crime à caractère discriminatoire, soit doublement sanctionné », précise Ben Gharbia.
Appelés à réagir et à exprimer leurs « besoins et attentes », les représentants de la société civile ont émis le souhait d'intensifier les campagnes de sensibilisation. C'est le cas de Ghayda Thabet, la responsable communication de l'Association tunisienne de soutien des minorités, qui estime que le projet de loi devrait aussi réfléchir à créer des cellules d'écoute dans les collectivités locales, afin d'être plus à l'écoute des victimes. « Le citoyen lambda ou un étudiant subsaharien ne connaît pas forcément les procédures juridiques à suivre, il est important d'entreprendre un travail de sensibilisation », estime Thabet.
La question amazigh
Plusieurs interventions ont émané de militants amazigh stunisiens, qui ont appelé à une révision de certains cours d'histoire qui occulteraient le peuple berbère ou le réduisent à un simple folklore. Aussi, ils demandent une reconnaissance de la langue amazigh et son introduction comme langue optionnelle, pour ceux qui souhaiteraient l'apprendre. En somme, c'est une sorte de reconnaissance de la particularité de la culture berbère qu'ils revendiquent, et surtout pas une assimilation à la culture arabo-musulmane. Aujourd'hui, quand un père souhaite donner un prénom amazigh à son enfant, il essuie généralement un refus de l'officier de l'état civil.
Lorsque nous l'interrogeons, Mohamed Khalfallah, l'un des fondateurs de l'association « Tamagit », nous salue par un «azul felewen », signifiant bonjour en langue berbère.
« L'Etat tunisien nous considère comme une minorité, note-t-il. Notre cause est culturelle et identitaire. Cette exclusion est délibérée. Nous avons l'impression qu'on veut nous mettre dans un musée comme faisant partie du passé. Non, nous existons encore, nous avons notre langue et notre culture ».
S'il n'y a pas d'agressions physiques à l'encontre des Amazighs, Khalfallah considère qu'en Tunisie, il y a une agression quotidienne contre l'identité berbère et son patrimoine.
Fin 2017, la Tunisie, comme en 2009, devra présenter son rapport au comité de la convention internationale sur l'élimination de toutes formes de discrimination raciale (Cerd). Selon le communiqué conjoint entre le ministère et le Haut-Commissariat des Droits de l'Homme, l'atelier d'hier « contribuera à la préparation de ce rapport ».


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