Avec des idées, un potentiel et des moyens suffisamment optimisés, l'image des grands joueurs qui ont marqué l'histoire de la sélection est toujours vivante. Un bon exemple, une bonne matière à réflexion pour ceux d'aujourd'hui. A garder en mémoire et à méditer.... Le constat est là : la sélection peut être bonne dans un match, mais pas forcément avec la régularité requise dans un parcours de plus en plus inconstant. On se désole plus qu'on se réjouit de tout ce qu'elle laisse entrevoir, de l'évolution et de la progression de tel ou tel joueur. Du jeu qu'elle développe, des prises de position et des initiatives qui ne sont pas toujours un repère idéal pour l'équipe. Il lui arrive des fois de retenir l'attention, de prouver qu'elle peut aller loin, mais elle ne domine que très rarement son sujet comme elle est appelé à le faire. L'idée se fait de plus en pressante : le présent et l'avenir de la sélection ne sont pas écrits d'avance. Dans sa manière de s'adapter, dans ses différentes interpellations, elle n'est pas en effet mieux perçue par rapport à ses habituelles prestations. Aussi bien pour ses performances, ses résultats, que pour l'attrait des formules de jeu. Sur un nombre réduit de phases abouties, l'inspiration et l'efficacité ne sont pas souvent au rendez-vous. Toujours adepte de l'esprit conformiste des systèmes et des approches tactiques, Kasperczak n'ose pas toujours varier les genres footballistiques, et encore moins le mode de fonctionnement de l'équipe. Défense vulnérable et fragile. Milieu en manque d'inspiration et de solution et une attaque pas aussi percutante que l'on espère. Ce qui peut être, d'une manière ou d'une autre, réducteur. L'indifférence de certains joueurs au niveau de la construction du jeu a la même racine que l'absence d'imagination. C'est l'initiative qui se retranche. Jusque-là, ce que les joueurs ont laissé entrevoir sous la conduite du Franco-Polonais fait état d'une équipe tout juste mieux que médiocre. On attend avec impatience un peu de douceur à un flux d'habituels constats moroses, lourds et inquiétants. En dépit de quelques éclaircies, tout ce qui est entrepris ne manque pas à chaque fois de rappeler la réalité d'un ensemble toujours incapable de rassurer. Résultat : là où elle passe, la sélection encourt des risques certains. Risque de déficience, risque de déséquilibre, risque de prétention. En tout cas, sa manière de jouer retient l'attention autant qu'elle met en garde. La sélection en aura-t-elle ainsi fini avec cette fragilité et cette incohérence? Devra-t-elle éternellement remettre ses progrès en question? Force est de déduire que c'est l'ordinaire qui devient réel, voire éternel. L'équipe de Tunisie tourne le dos à la vie sportive, à la vie tout court. Retrouver ses vertus Cependant, ce n'est pas parce qu'elle appartient à un monde qui n'est pas le sien qu'elle va continuer à perdre les vertus de ses temps de gloire. A l'heure présente, les défaillances son nombreuses, mais les rectifications et les améliorations sont toujours possibles. On voit des joueurs qui n'apportent pas grand-chose à l'équipe, mais il y a en contrepartie ceux qui sont déjà prêts pour la relève. Non la sélection n'est pas démunie de dessein. Non elle n'est pas, contrairement à ce que certains veulent laisser croire, dépouillée de toute extase. Encore moins vide et inoccupée, ou encore sans gloire et splendeur. Elle devrait ce soir, face au Cameroun à Monastir, enclencher sa propre faculté de résolution. On change forcément une équipe qui n'a pas obtenu jusque là grand-chose. L'équipe de Tunisie ne se perd jamais. Même si elle a trop longtemps vécu dans la désillusion, même s'il n'y eut personne pour le déplorer, pour avertir, pour rappeler à l'ordre. Les hommes vont, les hommes viennent, mais l'espoir est toujours permis en dépit de toutes les défaillances que l'on peut imaginer et qui ne cessent de marquer le comportement et le rendement de l'équipe. Ce qu'il y a de beau dans le football, c'est qu'il est une leçon permanente d'abnégation et de don de soi. C'est aussi un repère de remise en cause, de correction et de rectification. L'espoir de plus en plus rebondissant, de plus en plus motivant, ne disparaît jamais. Parfois, il compte plus que beaucoup d'autres considérations. L'expression de la compétitivité a souvent pris d'étonnantes formes en sélection. Il aurait suffi de scruter le visage des joueurs qui avaient réussi à un certain moment à forcer le cours des événements. Au cœur de l'épreuve ou lors de leur émergence. Gestuel de combattants qui extériorisent soulagement et souffrance après un effort sans merci. Si l'on croit aux traditions et aux habitudes, la sélection a su aussi échapper aux choses ordinaires. C'est au plus fort des contraintes et des obligations qu'elle avait justement appris à relever les défis. Avec des idées, un potentiel et des moyens suffisamment optimisés. L'image des grands joueurs, ceux qui ont appris à défier le temps et la logique à leur manière, est toujours présente. Ceux qui se situent tellement dans l'espace, tellement dans le temps, qu'ils créent la parfaite symbiose de la tête et les jambes. L'épreuve des corps, qui, en communion avec l'esprit, ne fait que goûter à ce plaisir qu'est l'exaucement de soi, l'accomplissement de l'être dans l'effort, dans le surpassement. Un bon exemple, une bonne matière à réflexion pour ceux d'aujourd'hui...