Par Kamel Ghattas Le commentateur n'a pas mâché ses mots : ce championnat de Tunisie n'est pas celui des clubs, mais bien celui des arbitres ! Cette conclusion a fait suite au comportement des arbitres qui avaient dirigé les plus importantes rencontres de ce play-off, et qui ont influé de manière directe les résultats. Si des commentateurs étrangers ont ressenti, à des milliers de kilomètres, ces frustrations, qui font du «sport» roi en Tunisie une discipline en net déclin, c'est que quelque chose d'anormal a lieu toutes les semaines. Ce déclin, du moins sur le plan moral et alors que toutes les valeurs du sport, le vrai, sont bafouées, est un précédent qui fera date. Jamais le sport tunisien n'est descendu si bas. Jamais il n'a donné de lui cette terne image qui rejaillit sur un pays que l'on citait en exemple. Pourquoi ces hommes, qui ont tout fait pour s'approprier les rênes de ce sport, sont-il insensibles à ce qui se passe et continuent à fermer les yeux sur toutes ces anomalies, ces scandales et entorses qui dénaturent et faussent les compétitions ? A quel jeu jouent-ils ? Quels sombres desseins les animent ? Sont-ils conscients que ce qui se passe sur ces terrains de «football» fait le jeu de ceux qui guettent la moindre défaillance pour menacer notre société ? Nous avons particulièrement apprécié les remarques émises par l'entraîneur de l'Espérance, qui a reçu un projectile et qui a tout simplement échappé à une blessure sérieuse. Ce technicien, qui en a vu d'autres et qui a roulé sa bosse un peu partout, a lâché tout de go : «Faudrait-il que nous enregistrions mort d'homme pour qu'on applique la loi et les réglementations en vigueur ?» Cela veut tout dire. Ceux qui sont justement chargés de faire appliquer ces règlements ont la tête ailleurs et la situation empire. Les incidents se multiplient. Et au lieu de remonter aux sources du mal, on s'évertue à gagner du temps, à prendre des décisions superficielles : amendes, qui alimentent les caisses de la Ligue (existe-t-elle encore ?), suspensions à temps, huis clos, etc., qui ne changent rien. La preuve est fournie par la multiplicité de ces incidents qui émaillent la majorité des rencontres et qui ont pour cause les agissements incompréhensibles des arbitres. Ce corps est aujourd'hui montré du doigt. Ce n'est nullement sa faiblesse qui est en cause, mais l'apparente partialité de quelques-uns de ses membres. C'est ce qui a d'ailleurs motivé la réplique du commentateur de la chaîne qatarie et qui rejaillit sur un corps arbitral qui ne le mérite pas. «Si tout le monde dit que j'ai tort et que je suis le seul à dire que j'ai raison, c'est que j'ai tort», dit le dicton. Cela confirme ce que le commun des mortels éprouve et soutient, et pas seulement le commentateur de la chaîne «Al Kass», que des hommes en noir sont manipulés. Par qui, pourquoi, pour qui ? Un ange portant sur ses ailes l'estampille politique de cette manipulation passe et personne n'est dupe. Les clubs, qui en sont victimes, sont ceux que l'on a sans doute estimés sortis des rangs et que l'on doit tenir en laisse. Ce n'est pas la première fois que des clubs sont dirigés par des hommes politiques. De vrais grands hommes politiques, sportifs dépassionnés et dénués de toute arrière-pensée, respectueux de l'éthique sportive, ont effectivement pris en mains des clubs, et pas des moindres, et nous n'avons jamais enregistré ces dépassements et ces manipulations de coulisses qui risquent, si l'on n'y prenait pas garde vite et avec une extrême rigueur, de mettre le pays sens dessus dessous. Pourquoi veut-on que ce championnat soit celui de la honte ? Aucun des prétendants au titre ne mérite ce label et pour cause, aucun incident sérieux n'a jamais opposé les joueurs et les dirigeants entre eux. Lorsque des joueurs se montrent solidaires, que des supporters soutiennent ceux qui sont censés être leurs adversaires, c'est que le mal est ailleurs. Va-t-on finir par s'en rendre compte ? Cette gifle réveillera-t-elle ceux qui dorment du sommeil du juste, qui s'agitent juste pour faire du vent et laissent les choses empirer ?