«Le langage de la vérité et du courage», «des messages rassurants à l'adresse des citoyens de l'intérieur», «le retour effectif de l'autorité de l'Etat», «la rupture définitive avec la médiocrité et le clientélisme». Ce sont là les principales attentes des politiciens vis-à-vis du discours que prononcera aujourd'hui le président Caïd Essebsi au Palais des congrès à Tunis. Abdellatif Mekki, député et membre du conseil de la Choura d'Ennahdha : «Nous voulons des assurances sur les libertés, la démocratie et les municipales» «En principe, les discours politiques importants sont du ressort du chef de gouvernement et non du président de la République. Je m'attends à ce qu'il parle dans le cadre des prérogatives que lui accorde la Constitution. Ses déclarations doivent rassurer les Tunisiens sur le sort des libertés, de la démocratie et des élections municipales programmées pour le 17 décembre prochain. Quant à confirmer Youssef Chahed dans son poste de chef de gouvernement ou annoncer une nouvelle initiative politique, je ne pense pas que cela fasse partie de ses attributions constitutionnelles. Dans un passé récent, nous avons accepté son initiative qui a abouti à la formation du gouvernement d'union nationale. Nous l'avons fait par souci de souplesse et de volonté de chercher une solution consensuelle à la crise qui menaçait le pays. Sauf que cette pratique ne doit pas se transformer en tradition ou en style de gouvernance. Personnellement, je crois que le président de la République évitera ce genre d'annonce dans la mesure où il sait bien les polémiques que sa dernière initiative a suscitées». Abdelaziz Kotti, député indépendant et responsable au sein du Front du salut et du progrès : «Il faut rompre avec la médiocrité et le clientélisme» «Nous attendons que le chef de l'Etat fasse un diagnostic profond de la situation du pays qui mette en exergue la faiblesse criarde du gouvernement d'union nationale. Nous voulons qu'il annonce des solutions pratiques de nature à rassurer les Tunisiens, plus particulièrement les citoyens des régions de l'intérieur du pays où règnent tensions et contestation sociales et de nature aussi à couper définitivement avec la médiocrité caractérisant le rendement du gouvernement actuel, sans oublier le clientélisme qui marque son action. Oui, également, pour un remaniement ministériel large qui permettra de choisir les nouveaux ministres sur la base de la compétence et rien que la compétence, loin de chercher à satisfaire tel ou tel parti politique. Le chef de l'Etat pourrait, d'autre part, donner le feu vert à un dialogue économique et social dans le but de mettre en place un programme national de réformes et une feuille de route avec un calendrier d'exécution précis. Il doit aussi prendre la courageuse décision de reporter les élections municipales au-delà de 2019, tout simplement parce qu'il est impossible que ces élections se tiennent dans les règles de l'art dans les conditions politiques actuelles : 80% des Tunisiens annoncent qu'ils boycotteront les municipales». Mondher Belhaj Ali, député indépendant : «Plus d'Etat et mieux d'Etat» «Beaucoup de Tunisiens revendiquent plus d'Etat et en mieux. Ils se posent des questions sur cette nécessité de se réconcilier avec leur passé et attendent une attention particulière vis-à-vis des régions. La situation est critique. Le moment est exceptionnel. Des solutions importantes devraient être annoncées. Sur le fond, ayons l'élégance de laisser au président de la République la primeur de l'annonce de ses réflexions au peuple tunisien. Je crois que les premiers résultats économiques sont encourageants et la situation peut être redressée. Ma conviction est que Si El Béji a la sagesse nécessaire pour savoir donner le ton». Mohamed Jegham, président d'Al Watan Al Mouwahhed : «Il est impératif que l'Etat montre qu'il est là» «Aujourd'hui, avec les clignotants tous au rouge, nous nous trouvons face à plusieurs voies. Il nous faut impérativement choisir une voie et mon ambition est qu'on opte pour la meilleure. Le président de la République parle aujourd'hui au peuple. J'espère que son discours constituera le déclic que nous attendons depuis la révolution. Il faut que l'autorité de l'Etat revienne à tout prix, et il est impératif que l'Etat montre qu'il est là. Un deuxième dossier important : le dossier économique qui demeure malheureusement le parent pauvre de la vie politique tunisienne. Depuis la révolution, tout le monde s'intéresse à la politique et oublie l'économie. S'il y a des décisions courageuses à prendre comme la révision, par exemple, de certaines conventions commerciales avec des pays amis, il faut avoir le courage de le faire. Pour ce qui est de la confirmation de Youssef Chahed dans son poste, je ne suis pas pour les changements de gouvernements à un rythme rapide. Je considère qu'un ministre a besoin du temps qu'il faut pour produire le rendement qu'on attend de lui. Faut-il reporter les élections municipales, surtout après la décision de Chafik Sarsar de quitter l'Isie ? Pour moi, s'il existe une volonté générale de mettre un terme à la misère environnementale dans laquelle vivent nos cités, nous pouvons être à l'heure pour sauver nos villes des ordures». Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l'Ugtt : «Nous attendons un profond diagnostic !» «Ce que nous attendons du président de la République est qu'il fasse, lors de son discours, et en priorité, un diagnostic. Un diagnostic qui doit être profond et réaliste de la situation globale du pays. S'il y a un échec, qu'il le dise. S'il y a des dépassements, qu'il le mentionne et s'il y a une crise qu'il l'explique en profondeur... Pour nous, ce diagnostic doit toucher, en priorité, la situation sociale et celle politique. Au deuxième niveau, viendra la situation économique du pays. C'est à la lumière de son discours que nous pouvons juger où va le pays dans un futur proche...» Mongi Harbaoui, député de Nida Tounès : «Une dose de positivité» «Nous pensons que dans cette période sensible, il est du devoir du président de la République, en tant que personnalité nationale portant une grande symbolique et bénéficiant d'un grand respect de la part de tous les courants politiques et du peuple, d'intervenir et d'apaiser la situation. Nous nous attendons à ce que son discours soit porteur de solutions et d'une dose de positivité en ces temps difficiles, notamment sur le plan social. Un discours d'union et qui, nous l'espérons, aidera à résoudre les problématiques sociales et d'emploi et à atténuer la tension dans la rue. Nous allons œuvrer à ce que ce gouvernement d'union nationale soit le bateau qui sauvera le peuple tunisien, et ce, avec l'appui de toutes les tendances et composantes politiques existantes actuellement».