Alors que des adolescents continuent à mettre fin à leurs jours à cause d'un échec scolaire, de troubles psychologiques, d'agression, ou pour des «raisons inconnues», on déplore toujours le manque d'encadrement, d'assistance psychologique et de suivi au niveau des établissements scolaires Il y a deux semaines, une jeune fille à la fleur de l'âge a mis fin à ses jours par pendaison à son domicile à Hbira, gouvernorat de Mahdia, en raison d'une mauvaise performance au bac blanc. Elle est partie, emportant avec elle son secret et étouffant les espoirs de toute une famille. Mais son départ soulève moult interrogations auxquelles certaines structures relevant des ministères de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, de l'Education, des Affaires sociales, et de la Santé doivent répondre de toute urgence. Pourquoi, personne n'était à l'écoute de cette jeune fille ? Un drame qui aurait pu être évité si la fille en question était bien encadrée, surtout sur le plan psychologique. Le danger persiste malheureusement chez d'autres jeunes susceptibles d'avoir des idées suicidaires en cette période d'examens. Pour une stratégie de prévention Les cas de suicide chez nos jeunes font toujours la une des actualités. Et ce sont toujours les mêmes causes qui produisent les mêmes effets. De l'échec scolaire aux conditions de vie précaires, en passant par les sentiments de frustration suite à des agressions sexuelles et d'actes de maltraitance. L'ostracisme, le manque de communication et la fragilité psychologique peuvent inéluctablement conduire au suicide. On déplore toujours le manque d'encadrement, d'assistance psychologique et de suivi au niveau des établissements scolaires en premier lieu, là où la relation avec le cadre enseignant demeure conflictuelle. L'augmentation des actes de suicide et l'impératif de mettre en œuvre un programme de prévention ont été à l'origine de la création du Comité technique de lutte contre le suicide au sein du ministère de la Santé en février 2015. Sa mission est fondamentale : il s'agit de mettre une stratégie de lutte contre le suicide, avait annoncé en 2016 Fatma Charfi, présidente dudit comité lors d'un colloque sur le suicide à l'académie de Beit-el Hikma à Carthage. En attendant, aucun plan d'action n'a été adopté. Des adolescents continuent à mettre fin à leurs jours en raison d'échec scolaire, de troubles psychologiques, d'agression, ou pour des «raisons inconnues» quand on veut frelater une réalité qui choque. En février 2017, une autre fille qui n'avait que 13 ans, originaire de la ville de Chebba, a été trouvée pendue dans sa chambre en raison de troubles psychologiques. Les facteurs socioéconomiques mis en cause Selon le rapport élaboré par le ministère de la Santé, résumant les principales données statistiques du suicide en Tunisie pour l'année 2015, et provenant du recueil des données des neuf services de médecine légale en Tunisie, 364 cas de suicide ont été enregistrés dont 48 pour la catégorie d'âge de 10 à 19 ans, ce qui en fait beaucoup et en dit long sur l'absence d'une politique de prévention contre le suicide pour assister l'entourage des jeunes qui décèdent suite à un suicide. Il est à signaler que des cas de suicide d'enfants issus de la même famille ont été enregistrés ces dernières années. Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans, selon l'OMS qui souligne que 78% des suicides surviennent dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires, ce qui est le cas de notre pays. En effet, la Tunisie est passée du groupe «intermédiaire supérieur» à «intermédiaire inférieur» d'après le rapport de la Banque mondiale 2016 , ce qui explique l'augmentation , en général, du taux du suicide pour des raisons socioéconomiques dans notre pays après la révolution. L'OMS relève toutefois que le suicide peut être évité moyennant des interventions menées en temps opportun, fondées sur des données factuelles et souvent peu coûteuses. Pour que l'action nationale soit efficace, une stratégie globale multisectorielle de prévention du suicide s'impose.