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Voyage poétique
Vient de paraître
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 09 - 2010

Paru en mars dernier à Alger à l'occasion du dernier Printemps des poètes, dont le thème était “Couleur femme”, cet ouvrage, constitué par une série de poèmes, écrits exclusivement par des femmes de nationalités différentes, peut paraître à première vue un énième manifeste féministe. Il n'en est rien. De l'aveu de ses auteurs, il constitue juste une réaction contre le «regain d'obscurantismes misogynes perceptibles dans plusieurs régions du monde», une tentative donc de briser cette chape de plomb qui n'a cessé de peser sur les femmes dans certaines contrées.
Précisons ensuite que la collaboration entre les deux auteurs du livre n'est pas fortuite. Cécile Oumhani est une poétesse bien connue de nos lecteurs. Elle avait enseigné en Tunisie et collaboré longtemps à notre journal. Un de ses derniers ouvrages, Trames, une douzaine de nouvelles dont l'action se déroule au Maghreb, est présenté en quatrième de couverture en ces termes :
«La Transe et autres nouvelles, ce sont d'abord des voix, de femmes souvent, au plus près du quotidien, tragique et dérisoire, dans un environnement maghrébin soumis à des tensions nord-sud, est-ouest.
Une écriture de l'intimité, de la proximité, à travers laquelle Cécile Oumhani dresse des portraits sensibles, décryptant les silences, les peurs, les bribes de paroles et de mémoire de personnages qui, par la simplicité de leurs rêves et de leurs actions, accèdent à une forme d'héroïsme moderne».
Quant à Zineb Laouedj, la cheville ouvrière de cette anthologie, elle est, elle aussi, l'auteur de plusieurs recueils de poésie dont Les chants de la dernière colombe, La danseuse du temple, Les quatrains de Nouara la folle…. Zineb Laouedj est depuis une quinzaine d'années directrice d'une maison d'édition à Alger.
Il faut dire, enfin, que cet ouvrage n'est pas le fruit de ces femmes exclusivement, puisque les traducteurs sont en majorité des hommes ; parmi les plus connus, citons Abdellatif Laâbi et Mohammed Elhabib Hachlaf.
Ce travail, sous-titré «Anthologie voyageuse», se présente avant tout comme un vecteur, un moyen subtil pour s'évader de soi-même et partir vers les autres, pour s'ouvrir à leurs cultures, comme le précise d'ailleurs Cécile Oumhani, dans sa préface : «Cette anthologie est un voyage dans des régions dont le cœur proche et plus lointain se situe en Méditerranée.»
A vrai dire, cette anthologie couvre un champ géographique infiniment plus large, puisque le premier poème de cette anthologie est celui de Nadia Anjuman, journaliste et poétesse native de Hérat, en Afghanistan, pays meurtri par une guerre interminable. Nadia Anjuman, disparue à 25 ans, fut battue à mort par son mari. Son œuvre fut écrite au péril de sa vie, le pays étant alors sous la coupe des talibans. Son poème, Illumination, est une courageuse glorification de la poésie :
Voici la nuit : la poésie illumine mes instants
Voici l'exaltation qui peigne mes cordes vocales
Quel est ce feu, merveille étrange, qui m'abreuve ?
Voici que le parfum de l'âme embaume le corps de mes rêves…
Quant au second poème de Nadia Anjuman figurant dans cette anthologie, Fuite, il résonne, aujourd'hui, comme une triste prémonition :
Nos cœurs sont las, hélas, des douleurs et des malheurs sans fin
A la fin nous voilà perdus dans la terre et les ténèbres sans fin
Nous partons et cette fois, c'est aller sans retour.
Le pays voisin, l'Iran, est représenté par Forough Farrokhzâd, poétesse née en 1935 et morte elle aussi prématurément en 1967 dans un accident de voiture. Son œuvre a donné le signal de la modernité poétique dans son pays. Dans Révolte, elle écrit:
Ne scelle pas mes lèvres au cadenas du silence
Car j'ai dans le cœur une histoire irracontée
Délivre mes pieds de ces fers qui les retiennent
Car cette passion m'a bouleversée
Bien que les poèmes dans cette anthologie soient souvent l'expression d'un mal d'être, ils apparaissent constamment tissés de l'expérience vécue. Le cas de Aïcha Arnaout, une poétesse syrienne exilée à Paris depuis 1978, l'illustre avec sensibilité et finesse. Dans un long extrait de son recueil Etre et désêtre, elle écrit :
Les mues de l'ombre
que je suis
ne sont que les traces
de mes exils d'être.
……….
Tu grignotes ta solitude mielleuse
l'attente blanche au bord de l'iris d'origine
l'enstase des doigts dans le plasma des mots
la félicité de l'errance…
……
Etre et désêtre
et nul paradoxe
des cendres de chacun renaît l'autre…
On le devine, l'épreuve de la mort est omniprésente dans cette anthologie. Dans «Heure d'inquiétude dans le hall» de la marocaine Aïcha Basri ; dans Appartenances de la roumaine Rodica Draghincescu, etc. Dans ses deux poèmes, Françoise Ascal ne tend vers aucun espoir tant elle est marquée par l'accession à la conscience de sa propre finitude, ce qu'elle nomme le «métier de vivre» :
…J'en arrive à douter d'exister. J'en arrive à ne plus savoir si un moi est possible. Si quelque chose à soi est possible… Dans la foule je vous regarde et me reconnais. A des milliers d'exemplaires. Visages d'argile commune…
Laisse aller. Laisse tes poumons tranquilles, ils travaillent sans toi. Laisse tomber tes épaules, tes mains s'enfoncer dans la terre…Déjà la lune monte. Déjà la nuit te lange. Déjà le soleil tourne ses pales de vieux moulin. Tu n'as besoin de rien. Pas même de toi.
Mais, à l'image de ces reflets de la sensibilité féminine, les «haoufis», petits poèmes dits et chantés par les femmes d'Algérie, c'est précisément cette acceptation de la finitude qui sous-tend cet appel à la vie, ce «voyage poétique». C'est lui qui fera dire à Anna Greki, la militante algérienne, disparue en 1966 : «L'avenir est pour demain».
www.rafikdarragi.com
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Côté Femmes, d'un Poème l'Autre, poèmes réunis par Zineb Laouedj et Cécile Oumhani, Editions Espace-Libre, Alger, 2010, 132 pages.


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