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«Je dis des vérités qu'on fait semblant d'ignorer»
Leïla Chettaoui, députée, ex-présidente de la commission d'investigation sur les réseaux d'envoi des jeunes tunisiens vers les zones de conflits
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 08 - 2017

Evincée du parti puis de la présidence de la commission d'investigation sur les réseaux d'envoi des jeunes tunisiens vers les zones de conflits, Leila Chettaoui n'a pas lâché prise et ne compte pas terminer paisiblement et confortablement son mandat de député. Malgré ses tourmentes et les coups politiques, elle affirme continuer à enquêter, avec le peu de moyens dont elle dispose. Hier, avec sept autres députés, elle est partie pour la Syrie avec l'espoir d'en savoir plus. Pour elle, le combat pour la vérité est essentiel, car le danger terroriste est encore présent malgré l'accalmie. Faute de donner de l'espoir aux jeunes, Leila Chettaoui pense qu'ils restent vulnérables et qu'il faudrait comprendre ce qui s'est réellement passé sous la Troïka, pour éviter que cela ne se reproduise. Dans cet entretien, la députée évoque notamment l'affaire Syphax Airlines et sa douteuse introduction en Bourse. Elle y adresse également un message au chef du gouvernement, lui demandant de couper le cordon avec ce qui reste de Nida Tounès.
Vous estimez toujours que votre éviction de la commission d'investigation avait pour objectif d'étouffer la vérité, quelles en sont les preuves ?
Dès le départ, il était évident pour moi que l'embrigadement et l'envoi des jeunes dans les zones de combats s'est fait principalement entre 2012 et 2014, à l'époque de la Troïka, sous la direction d'Ennahdha, même si en 2015 également il y a eu des départs vers la Syrie. Il était évident pour moi que la Troïka avait une responsabilité politique dans ce qui s'est passé. Le président de la République de l'époque, M. Marzouki, également avait une responsabilité. Son parti est encore actuellement représenté à l'Assemblée. Cela veut dire que nous investiguons sur l'embrigadement des jeunes en présence de députés de partis qui étaient au pouvoir à l'époque des faits. Je savais que la tâche allait être extrêmement difficile, puisque la composition des commissions obéit à la logique de la représentativité parlementaire. Sur les 22 membres de la commission, sept sont issus du parti Ennahdha, sans oublier l'ex-CPR représenté par un député. De plus Ennahdha, avec Nida Tounès, est aujourd'hui dans le gouvernement, pas en dehors.
Tout en sachant cela, je ne pouvais pas me dérober à cette responsabilité de constituer une commission d'enquête sur cette période noire de notre histoire. Mais, au fond de moi-même j'étais persuadée que mon parti, Nida Tounès, voyait en cette commission une monnaie d'échange dans les négociations avec Ennahdha. L'objectif de certains, dès le départ, n'était donc pas de révéler la vérité et de permettre à la Tunisie de se réconcilier avec son passé récent. Et puis, Nida Tounès lui-même, au moment de la constitution de la commission, était déjà devenu l'ombre de lui-même, otage d'une poignée de personnes qui ont des relations extrêmement douteuses, externes au parti et parfois même au pays. Une minorité au parti était en relation avec Chafik Jarraya qui n'a jamais caché son amitié avec Abdelkarim Belhadj, dont le nom figure maintenant sur la liste des terroristes internationaux. Or, Chafik Jarraya est accusé aujourd'hui par le tribunal militaire de complot et d'atteinte à la sûreté de l'Etat. Ce que je dis là, ce sont des vérités qu'on fait semblant de ne pas voir.
Ma présidence de la commission a commencé à déranger lorsqu'ils ont compris dès les premières réunions que je ne faisais pas de la figuration, que je préparais minutieusement mes réunions, que j'étais en contact avec les députés intègres de tous les groupes parlementaires et que je réussissais, lors des votes à recueillir la majorité.
Vous avez été accusée d'être à l'origine d'enregistrements pirates lors d'une réunion de Nida Tounès. Est-ce que vous reconnaissez les faits, plusieurs mois après ? Sinon, qui aurait pu agir ainsi et pourquoi selon vous ?
Sincèrement, je ne sais pas qui l'a fait, ni pour l'intérêt de qui. J'ai toujours été claire à Nida Tounès, je faisais partie de ceux qui avaient choisi de se battre de l'intérieur avec tout ce que cela suppose comme difficultés. Il faut savoir que les fuites sont monnaie courante à Nida Tounès, nous retrouvions presque instantanément sur les réseaux sociaux, ce qui se disait dans nos réunions. Alors pourquoi m'a-t-on accusée ? C'était pour certains une occasion en or pour se débarrasser de moi, parce que je commençais à déranger. Cet épisode m'a fait énormément de mal. Sortir de cette manière après avoir participé à l'édification de ce parti, c'était pour moi très dur. Mais j'ai dit qu'il fallait continuer à mener le combat. A Nida Tounès, on élimine ceux qui peuvent avoir une voix dissonante. Mais ce qui me rassure, c'est qu'aujourd'hui, je n'affronte pas Nida Tounès, mais une poignée de personnes qui ont pris le parti en otage.
Quelles sont les certitudes que vous avez concernant les réseaux d'envoi des jeunes aux zones de combats ? Pourquoi êtes-vous seule à batailler sur ce terrain ou seriez-vous solidement soutenue dans cette démarche dangereuse, il faut l'avouer ?
Les Tunisiens sont perçus comme des chefs au sein des organisations terroristes. Ils sont dans des postes de commandement. Ils sont beaucoup plus que 3.000. Ce que nous savons aujourd'hui avec certitude c'est qu'il y a eu des réseaux méthodiquement organisés pour l'envoi des jeunes. Il a fallu d'abord les endoctriner puis les envoyer. Un environnement propice a été créé, dont notamment un soutien implicite de l'Etat tunisien. Les Tunisiens doivent savoir que ceux qui sont revenus et qui sont détenus dans les prisons tunisiennes ne comprennent pas pourquoi ils sont emprisonnés. Ils estiment qu'ils ont agi avec la bénédiction de l'Etat. A cette époque, l'Etat tunisien a fait comprendre aux citoyens qu'il a officiellement pris parti. Pour comprendre cela, il faut se rappeler la conférence des amis de la Syrie en 2012.
Par ailleurs, les Tunisiens ne savent pas que la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie s'est faite de la pire manière qui soit : à 23h30 du soir, on a appelé l'ambassadeur tunisien pour lui dire : « Il y a un avion pour Tunis qui t'attend, fais tes valises tout de suite ». Du jour au lendemain, les Tunisiens vivant en Syrie n'ont plus trouvé de vis-à-vis consulaire. Le résultat a été que les pistes ont été brouillées et qu'il n'était plus possible de coopérer avec les Syriens sur le plan des renseignements. Dans cette affaire, il y a une coresponsabilité entre le président Marzouki et le ministre des Affaires étrangères de l'époque Rafik Abdessalam. Dès lors, l'Etat a donné le feu vert pour les départs de jihadistes. Simultanément, l'embrigadement a commencé dès décembre 2011 (juste après les élections), avec la venue des prédicateurs qui a coïncidé avec la constitution d'associations à un rythme effréné. En fait, l'invitation des prédicateurs se faisait sous le couvert de ces associations, c'était elles qui invitaient.
Ahmed Omar Al Hazimi était le premier à arriver, en décembre 2011. Je crois que c'est celui qui a fait le plus de mal à nos jeunes. Il avait pour mission d'achever l'endoctrinement des jeunes salafistes non violents pour les transformer en takfiristes. Et là encore, c'est une association qui a pris en charge l'ensemble des déplacements de cet homme en Tunisie, dans l'ensemble des gouvernorats du pays. Ce Monsieur a martelé le message suivant : « Toute personne qui ne correspond pas exactement à ce que je dis, est un mécréant qu'il est de votre devoir d'éliminer ». La police, l'armée et les institutions de l'Etat faisaient partie de ces corps qui ne correspondaient pas à ce profil. Bon nombre de gens avaient des contacts directs avec Raqqa et pouvaient, mieux que quiconque, affirmer la mort de tel ou tel jihadiste.
Il faut aussi parler de l'embrigadement effectué dans les prisons, notamment à travers certaines associations qui ont eu accès aux centres de détention. Ces associations s'adressaient principalement à des délinquants condamnés pour des faits mineurs et purgeant une courte peine. Dès que ces derniers sortaient, on les mettait en contact avec les groupes terroristes soit en Libye, soit en Syrie. J'ai la preuve que certaines associations ayant bénéficié de financements publics ont utilisé ces fonds pour l'envoi de jeunes dans des zones de combats. Donc au final, chacun avait une mission bien précise. Au dernier trimestre de 2012, les départs massifs ont débuté. Même aujourd'hui, des jeunes rêvent encore de se rendre en Syrie s'ils trouvent le moyen de le faire.
Dans cette bataille, mon soutien reste les Tunisiens et en particulier les familles déchirées, qui, du jour au lendemain, découvrent que leurs fils sont partis pour la Syrie.
Y a-t-il à l'intérieur de la commission des élus dont la seule mission est de brouiller les pistes, ou autrement dit de mettre des bâtons dans les roues ?
A chaque réunion de commission, certains élus faisaient en sorte qu'aucune décision ne puisse être prise. Et les coups venaient de certains députés de Nida Tounès, qui, à chaque fois qu'ils prenaient la parole, ne faisaient que critiquer la commission. Il s'agissait vraiment d'une campagne de décrédibilisation, menée hélas par le nidaïste Hassan Ameri. Ces gens-là ont vendu leur âme au diable. Ils sont télécommandés. Finalement, ce n'est plus une question d'idéologie, c'est devenu une question d'intérêts communs entre individus et pas entre structures partisanes. Malgré tout je suis contente que cette commission ait permis de mettre le problème sur la table alors que c'était un sujet tabou
Nous avons l'impression que les personnes auditionnées jusque-là ne sont pas celles qui détiennent les véritables informations, pourquoi tant de frilosité à convoquer les responsables de l'époque et les personnes (que l'on a tous vues et entendues) qui appelaient au jihad dans les mosquées et les meetings populaires ?
Prenons l'exemple du ministre des Affaires religieuses, nous n'avions franchement pas besoin de l'auditionner maintenant, ce n'était pas une priorité. Il fallait commencer par auditionner les personnes qui étaient présentes à ce moment-là. Le ministre de l'intérieur, le ministre de la Justice, la Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf), les directeurs généraux de la sécurité nationale de l'époque, les secrétaires d'Etat à la sécurité, la police des frontières, etc. Voilà les gens qu'il faut auditionner en priorité. Et à chacun, il faut poser des questions bien précises. Je veux savoir par exemple si les services de renseignements s'étaient rendus compte à temps du départ de milliers de Tunisiens? Si ce n'est pas le cas c'est que quelque part le travail n'a pas été fait correctement. Et si le travail a été fait correctement et qu'un rapport a été rédigé dans ce sens, où est passé ce rapport ? C'est comme un puzzle qu'il faut reconstituer.
Vos critiques n'épargnent pas le parti Nida Tounès, qui vous a d'ailleurs exclu, vous dites en somme qu'il n'est pas capable de combattre la corruption, tant ses membres sont impliqués dans la corruption. Par ailleurs, HCE aurait affirmé que Chafik Jarraya n'a jamais financé Nida Tounès, vous le croyez ?
S'il le dit c'est peut-être vrai. C'est peut-être vrai que HCE est un homme au cœur tellement grand, qu'il a ouvert les portes du parti à Chafik Jarraya lui permettant d'investir le parti et même d'imposer la loi, sans rien demander en échange. Soyons sérieux. Qu'il assume au moins.
Je crois que le chef du gouvernement est dans une situation très difficile. Il se retrouve face à un parti représenté par un groupe dont les intérêts sont touchés par la guerre qu'il mène contre la corruption. Et ce groupe, à l'intérieur même de Nida, voit d'un mauvais œil l'ascension de Youssef Chahed. Je crois que l'appel de Rached Ghannouchi à Youssef Chahed lui demandant de ne pas se présenter à l'élection présidentielle de 2019 est une manière, pour lui, d'accentuer encore plus la tourmente qu'il y a entre Chahed et Nida Tounès , mais il n'est pas écrit aujourd'hui dans la feuille de route que Youssef Chahed n'a pas le droit de se présenter.
Je l'ai déjà dit, s'il veut réussir politiquement et dans sa guerre contre la corruption, Chahed doit prendre ses distances avec Hafedh Caïd Essebsi et se rapprocher du peuple. Le peuple a besoin de courage, de vérité, de cohérence et d'alignement avec des valeurs. S'il arrive à se rapprocher du peuple, il n'aura plus besoin ni de Nida Tounès ni d'Ennahdha. Il doit s'en remettre au peuple tunisien.
Vous avez dénoncé, avec force détails, un scandale politico-financier qui s'appelle Syphax Airlines. Pourquoi cela n'a-t-il pas provoqué une réaction à la mesure du scandale, notamment auprès des partis politiques, des instances spécialisées et de la société civile qui prétend veiller au grain sur la corruption ?
Il y a un relâchement de l'opinion publique qui n'attache plus d'importance à la chose publique. Lorsque j'ai parlé de cette affaire Syphax, cela a soulevé un tollé, sauf qu'il n'y a pas eu de suite. S'il n'y a pas eu de suivi, c'est parce que c'est une affaire d'Etat. Comment est-ce que l'Etat a pu laisser faire ? Comment la Sndp est arrivée en moins de deux ans à 20 millions de dinars d'impayés ? Comment l'Oaca a pu laisser s'accumuler les dettes de Syphax ? Même chose pour l'Atct ? Comment la BNA a pu accorder plus de 10 millions de dinars de crédit à cette compagnie pour acheter un avion confisqué alors qu'un investisseur américain avait proposé de l'acheter avec des devises étrangères ?
Où en est cette affaire ? Y a-t-il du nouveau ?
Le dossier que je n'ai pas encore soulevé mais qui va l'être dans les jours qui viennent, c'est celui de l'introduction en Bourse de la compagnie. Une vraie escroquerie. Aujourd'hui, vous avez des petits porteurs qui ont investi au total 20 millions de dinars et qui se sont fait escroqués. Ces petits porteurs ont fait confiance à la bourse et au Conseil du marché financier (CMF), ils ont acheté des actions, qui, au bout d'un mois et demi, ne valaient plus rien. En revanche, les grosses sociétés n'ont pas investi dans ces actions, vous savez pourquoi ? Par ce qu'elles avaient engagé des experts, lesquels experts ont certifié que cette société allait faire faillite dans les mois suivants. Le CMF, qui n'a pas de son côté engagé des experts, a eu vent de ces rapports d'expertise, sans bouger. Ce n'est qu'après que les petits porteurs ont tout perdu que le CMF a finalement annulé l'opération d'introduction en Bourse et s'est rendu compte que les comptes présentés par la société étaient erronés. L'opération d'introduction en Bourse de la Syphax a été faite pour éponger les dettes de la société sur le dos des petits porteurs.
Le problème aujourd'hui, c'est que le dossier, comme par miracle, se trouve parmi les dossiers des entreprises en difficulté, alors que les activités de Syphax sont arrêtées. Le tribunal de première instance de Sfax s'est prononcé en faveur du sauvetage de l'entreprise, bien que le plan de sauvetage de l'entreprise soit basé sur des données et chiffres erronés. Dans cette affaire nous allons probablement demander au ministre de la Justice de mener une inspection, car il y a une forte présomption de conflit d'intérêts.
Aujourd'hui, M. Frikha est en train de peser de tout son poids, avec l'aide de beaucoup de personnes, pour que l'Oaca lui redonne l'autorisation d'exploitation. Et je peux vous dire que les administrations sont dans l'embarras et ne savent pas comment faire pour lui donner les autorisations nécessaires, car ils savent que le dossier est explosif.
Syphax Airlines a-t-elle quelque chose à voir avec les réseaux d'envoi de jeunes dans les zones de combats ?
Il y avait deux voies aériennes, soit du côté de Tunis-Carthage, soit à travers l'aéroport de Sfax qui assurait la liaison avec l'aéroport Sabiha en Turquie. On sait qu'il y a des jeunes qui sont partis à travers le transporteur Syphax. Combien sont-ils ? A-t-on informé les autorités du fait que ces voyageurs faisaient des allers simples sans revenir ? C'est l'investigation qui pourrait permettre d'éclaircir ce point. L'Oaca et le ministère de l'Intérieur disposent de ces informations, nous devons expliquer aux Tunisiens ce qui s'est passé. Nous devons explorer toutes les pistes. Nous avons des informations sur des agences de voyages qui ont financé des billets d'avion pour des terroristes.
Avez-vous peur pour votre vie, pour votre famille ? Avez-vous été menacée sachant que vous combattez, politiquement, des réseaux, imbriqués entre eux, de terroristes, de contrebandiers et de mafieux ?
Je n'y pense jamais. C'est peut-être un mélange entre inconscience et courage. En tout cas, dans mon entourage on me presse de demander une protection, mais je ne le ferai pas, je n'ai pas envie et j'e n'en ai pas besoin. J'ai confiance en Dieu.


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