Des techniciens de type «consommable»... Un entraîneur vient toujours précédé d'une phénoménale mobilisation médiatique, marche sur le tapis rouge déployé avec ferveur pour l'occasion, au son de superlatifs incroyables et encadré par des sourires radieux, les yeux embués de larmes. Il quitte ces mêmes lieux, au moment où on s'y attend le moins, sur une «casserolade» orchestrée par ceux-là mêmes qui l'ont étouffé en l'embrassant de toutes leurs lèvres surchargées de promesses, d'encouragements et d'appuis. C'est la loi du métier, dira-t-on dans l'entourage de ces entraîneurs qui sont habitués à ce genre de comportements, d'agissements et de réactions. Le football, c'est cela et ce ne sera jamais autre chose que ces sautes d'humeur que l'on peut difficilement réprimer à chaud d'abord, sous l'impulsion d'une rue qui devient de plus en plus difficile à contrôler et à raisonner. Il faudrait dire en passant que le temps des responsables posés et sages est révolu depuis belle lurette. Sans victoires et titres, il n'y a plus de salut. Malgré tout ce qu'on raconte sur la formation et le «long terme», «l'avenir» et autres sornettes servies pour la galerie, on investit pour avoir immédiatement des retours sur investissement. Tout le reste n'est que consommation courante pour ceux qui voudraient bien y prêter l'oreille. On parle du départ de Faouzi Benzarti, si ce n'est déjà fait, mais le ver est déjà dans le fruit, car le doute qui s'insinue ne pourra plus que miner des relations poreuses entre les différentes parties prenantes de ce football axé sur les résultats immédiats et qui se nourrit des ambitions sans limites qui muent le plus sage des hommes en véritable forcené au soir d'une défaite. Et si ce technicien s'en va, on ne saura jamais pour quelle raison on l'a vraiment remercié. Parce que tout simplement, les clubs ne savent jamais ce qu'ils veulent. Il y a de ces entraîneurs-formateurs qui savent prendre leur temps et qui œuvrent à la mise en place d'une équipe compétitive. Ils prennent le temps qu'il faut, observent, prospectent et respectent une feuille de route bien étudiée. Ces entraîneurs-formateurs modulent le profil des joueurs et de technique collective de l'équipe. Ils utilisent les joueurs dont ils disposent en fonction des objectifs à long terme. Ces clubs ne sont pas nombreux et sont en voie de disparition. Tout le monde veut être champion du jour au lendemain et des dépenses folles sont engagées pour satisfaire cet objectif. Allez faire comprendre à ces fous du foot qu'il n'y a qu'un champion et que le sport n'est pas une opération mathématique qui répond à des questions ayant des réponses scientifiques éprouvées et vérifiées, donc incontestables ! Nul n'est prophète en son pays... Et il y a de ces entraîneurs qui viennent pour des missions bien définies : ils prennent en main un groupe dont ils ont au préalable sondé les possibilités, et, en quelques semaines, en tirent le maximum. Ils ont leurs méthodes et savent s'y prendre. Les résultats sont immédiats, mais considérant que rien n'est éternel et que ce genre de méthodes épuise physiquement, nerveusement et même humainement les joueurs, les résultats, au moment où on s'y attend le moins, ne suivent plus. Il faudrait savoir attendre pour donner le temps à ces joueurs de souffler et de reprendre goût à la compétition. Ce n'est ni facile ni acceptable par ceux qui ne voient qu'à travers la lorgnette de l'aspect positif de leurs investissements. Tous les grands clubs de ce monde traversent ce genre de creux de la vague et personne n'y peut rien. Seules y échappent les équipes qui disposent de doublures de qualité et qui sont capables de permettre à l'entraîneur de s'adonner à un turnover intelligent, s'il n'est pas lui-même assez têtu pour maintenir son équipe type, en dépit de l'essoufflement que tout un chacun relève et constate à l'exception du premier responsable. Ce n'est pas la première fois que cela se produit dans nos murs et si les gens ont la mémoire courte, les archives sont là pour leur rafraîchir les idées. Dans quelques semaines, quelques mois ou quelques années, on optera pour les mêmes choix, les mêmes promesses, les mêmes erreurs. Ainsi va le monde du foot !