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Que reste-t-il de la famille destourienne ?
Analyse
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 11 - 2017

Après le 14 janvier 2011, le RCD a été dissous, ses hauts dignitaires ont été arrêtés, ses militants se sont terrés et ses biens ont été confisqués. Que reste-t-il de ce parti qui a gouverné le pays pendant plus d'un demi-siècle, si ce n'est cet imposant siège de 17 étages qui surplombe l'avenue Mohamed-V, longtemps déserté mais «habité par les hiboux», avant qu'il ne soit récupéré par le ministère des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières.
Les «Rcédistes» sont redevenus «destouriens», puisque le premier mot rappelle les turpitudes d'un régime voué aux gémonies par les néo-révolutionnaires qui n'y voient que dictature, népotisme, misère et malheur. Même les siens ont renié à cette appellation qu'ils avaient pourtant adoptée en février 1988, comme pour enterrer un passé, celui du PSD et son fondateur Habib Bourguiba. Son vice-président, Mohamed Ghannouchi, et son membre du bureau politique, Foued Mebazaâ, porté à la présidence de la République, au lendemain du 14 janvier 2011, l'ont complètement renié, en préférant démissionner que d'assumer le droit d'inventaire. Eux qui ont été désignés cinq fois consécutives membres de son comité central. La campagne de diabolisation a fini par jeter le discrédit sur un parti accusé de tous les torts subis par le pays et d'en faire le symbole de toutes les malversations et exactions.
Un réservoir électoral
Les élections de la Constituante du 23 octobre 2011, qui ont porté pour la première fois les islamistes d'Ennahdha au pouvoir, ont brouillé les équilibres politiques avec l'émergence d'un nouveau parti dominant accoudé aux deux autres partis, le CPR de Moncef Marzouki et Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar, une opposition démocrate, plutôt de gauche, divisée et sans poids réel au sein de la nouvelle chambre et un grand vide au centre. Un déséquilibre flagrant en l'absence d'un autre grand parti capable de contester l'hégémonie des islamistes et de rééquilibrer le paysage politique. Les partis destouriens créés sur les décombres de l'ancien parti au pouvoir dont les responsables, à quelque niveau qu'ils soient, ont été frappés par l'interdiction de se présenter au scrutin, n'ont pas réussi à faire leur entrée dans la nouvelle chambre où seul le Néo-Destour d'Ahmed Mansour a envoyé un seul député. «L'Initiative» de Kamel Morjane, frappé lui aussi par l'interdiction, mais ne revendiquant nullement l'inventaire «rcédiste», a, quant à lui, placé cinq représentants à l'ANC.
Entre Béji Caïd Essebsi et Hamed Karoui
Pourtant, le RCD est un véritable réservoir d'électeurs, naguère composé de plus de 360 fédérations et d'environ 7.500 cellules territoriales et professionnelles et comptant plus de 2 millions d'adhérents. Sources de plusieurs convoitises chez beaucoup de partis, ces réserves stratégiques, une fois mobilisées, pourraient peser sur les résultats de toutes les élections. Et c'est ce qu'a compris Béji Caïd Essebsi qui se voulait l'héritier naturel du président Bourguiba. A peine quelques mois après avoir cédé le pouvoir à la Troïka, dirigée par le mouvement Ennahdha sorti vainqueur des élections de l'Assemblée nationale constituante d'octobre 2011, l'ancien Premier ministre a créé son propre parti, Nida Tounès qui rassemble en son sein militants de gauche, syndicalistes, indépendants et destouriens. Ce nouveau parti, qui se considère comme «un prolongement du Mouvement de libération nationale et sociale», a été, dès les premiers jours de sa création, vivement attaqué, vilipendé et diabolisé, essentiellement par la coalition au pouvoir, l'accusant de puiser dans le réservoir de l'ancien RCD et d'en recycler les militants. Mais il a réussi, contre vents et marées, et en seulement en deux années et quelques mois d'existence à inverser toute la donne réussissant le doublé, législatives et présidentielle en 2014, envoyant son président à Carthage et 86 députés à l'Assemblée de représentants du peuple et s'imposant comme la première force politique du pays.
Dans le sillage de Nida, un autre parti baptisé Mouvement des destouriens a été créé par l'ancien Premier ministre et vice-président du RCD, Hamed Karoui. Ce mouvement, qui a réuni en son sein d'anciens hauts dignitaires du régime de Ben Ali, se réclame lui aussi de l'héritage bourguibien. Estimant qu'en dépit de toutes les dérives, le Néo-Destour a réussi à doter le pays d'institutions modernes et à réaliser un modèle de société ouverte et moderniste. Mais le parti a connu un échec cuisant lors des législatives d'octobre 2014. En même temps, trois anciens membres influents du RCD se sont présentés à la présidentielle. Et si le premier secrétaire général de ce parti et plusieurs fois ministre Abderrahim Zouari a préféré se retirer au profit de Béji Caïd Essebsi, Kamel Morjane et Mondher Zenaïdi ont voulu jauger leur poids électoral, ne récoltant en fin de compte que quelques miettes.
Après l'évaluation de la situation, Hamed Karoui qui, pourtant, voulait fédérer la famille destourienne, a dû abdiquer en faveur de Abir Moussi Celle-ci a, au cours du congrès du parti, convaincu ses adhérents de le baptiser «Parti destourien libre» en rappel du premier nom du Parti libre destourien créé en 1920 par Abdelaziz Thaâlbi. Depuis, elle s'est imposée comme étant le seul porte-drapeau de la famille destourienne. Ce que lui contestent beaucoup d'anciens hauts cadres du RCD, la jugeant même trop prétentieuse et « éradicatrice ».
Les démons de la division
Aujourd'hui, les destouriens commencent à «relever la tête», mais ils restent toujours divisés. Ils doivent beaucoup à Béji Caïd Essebsi et Nida Tounès où ils constituent la majorité après le départ de plusieurs de ses anciens fondateurs qui ont créé leurs propres formations où on trouve un bon nombre de destouriens. Mais ils sont, également, redevables au mouvement Ennahdha et à son président Rached Ghannouchi qui lui ont évité une deuxième exclusion en 2014 et œuvré à l'adoption de la loi sur la réconciliation administrative qui a amnistié plusieurs de ses hauts cadres accusés de malversations. Et ils ne le cachent pas.
L'Amicale des anciens parlementaires, présidée par un ancien député et membre du RCD, Adel Kaâniche, a initié une forme de lecture de toute la période post-indépendance du pays. Une évaluation qui, selon ses initiateurs, se voulait objective et en réponse aux lectures jugées déformatrices de la réalité. Elle a réussi à faire raviver l'espoir d'une unité perdue. Avec l'association des parlementaires présidée par l'ancien sénateur, Jamel Khemakham, mais sans aucune coordination, elles ont toutes les deux œuvré à la sensibilisation de plusieurs parties à la nécessité d'adopter la loi sur la réconciliation. Entre-temps, les jeunes de l'ancien RCD n'en ont cure, malgré une dynamique qu'ils ont engagée pour reprendre l'initiative et s'imposer comme une donnée incontournable. Désorientés par «les égos des chefs», ils ont compris que les appels à l'unité n'auront pas l'écho escompté, que le gâchis qui les étreint est incommensurable et que leur avenir politique pourrait se jouer ailleurs. Ils se divisent et cherchent d'autres issues.
Et pourtant, les destouriens dont certains se sont rapprochés du parti Ennahdha alors que d'autres dont notamment le parti de Abir Moussi, se déclarent opposants irréductibles du mouvement de Rached Ghannouchi, pourraient se repositionner au centre d'un paysage politique éclaté. Mais les démons de la division qui les habitent les empêchent de se rassembler. Ils paient le prix de la guerre des égos de leurs anciens dirigeants et l'inféodation de certains d'entre eux à d'autres partis.


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