Des œuvres originales atypiques s'inspirant de la lecture du livre, de sa forme, de son contenu et de sa chair qui mettent en exergue des signes, des mots ainsi qu'une nouvelle conception et vision du monde. La galerie Elbirou abrite actuellement une exposition collective originale titrée : «Avec un livre» , avec la participation d'artistes professionnels et chevronnés dont les œuvres à styles et techniques divers témoignent d'un besoin d'évasion inspiré de la lecture du livre, de sa forme et de sa chair et mettent en valeur une nouvelle vision du monde par l'artiste. Avec... «un trait», «un fil» et enfin «un livre» Najah Zarbout, commissaire de cette exposition et enseignante à l'Isba de Sousse, nous a signalé que la première édition du projet «Avec» avait comme thème le trait. C'était en 2016, l'exposition titrée: «Avec un trait», réunissait 7 artistes. Le trait graphique était présent de différentes manières. Dans l'édition 2017, on passe du trait au fil. Dans la question du fil, il est aussi question de lien, du rapport que l'on peut faire et du relationnel que l'on peut créer. C'est avec un fil qu'on peut renouer avec l'espace, avec le temps, avec les artistes et même les visiteurs. C'est ce même fil qu'Ariane a peut-être donné à Thésée pour ne pas se perdre dans le labyrinthe de Dédale (architecte légendaire grec qui construisit ce labyrinthe) et retrouver la lumière. Dans cette troisième édition, la place est au livre. Un livre entre les mains, le temps d'une lecture, est un moment de liberté, et on reste rarement indemne. Après chaque nouvelle lecture, on accroît notre vie, notre regard..., c'est un concentré de vies étalées sur des feuilles. Il nous aide à nous déplacer et à voyager. N'est-il pas une des formes de mobilité la plus rapide et la plus incertaine. Ces trois arrêts du projet «Avec» ont permis de dialoguer avec des artistes singuliers et de faire croiser leurs univers particuliers. Un dialogue entre l'image et le texte Cette exposition a réuni une poignée d'artistes qui ont mentionné dans leurs œuvres des signes, des mots des écrits, des formes diverses et même le livre avec ses inspirations. L'artiste Mohamed-Ali Berhouma a réalisé des tableaux portant sur les biblio-graphismes ou les décompositions d'un livre, par décalcomanie (procédé de décoration par report de figures ou de motifs qui se détachent d'un papier humecté que l'on applique sur l'objet à décorer) et impression numérique. « Le livre ne dit bien son corps et ses chairs que par ses déchéances. Dans l'ombre de la gloire du texte, la banalité d'un papier, la pauvreté d'une couverture, l'invisibilité d'une couture où la monotonie des tranches s'imprègnent des temps qui passent pour se façonner leurs singularités: la vie les décolore, les tord, les plie, les érode, les déchire et les brise. A mesure de la défaite et du dépérissement du corps, les chairs s'exaltent : elles vivent plus encore qu'à leur berceau et existent enfin au côté de l'écrit», nous a- t-il affirmé. L'artiste Imed Jemail a réalisé une œuvre singulière où s'entremêlent le graphisme éloquent avec les formes miniaturisées, l'écriture, les couleurs harmoniques et une certaine symétrie dans l'exécution des formes. «Mes écritures-peintures abondent encore plus dans la voie de cette littérature sauvage et qui, à force de faire l'école buissonnière, finira par coloniser de sa faune et de sa flore l'austère salle de classe», nous a-t-il mentionné. L'artiste Asma Kouraïchi a réalisé un diptyque original baptisé «volées» avec une technique mixte où elle met en exergue le mouvement qui permet de s'élever dans l'air et de s'y mouvoir grâce à des ailes. «Quand on parle origami, on parle un langage universel. Même un illettré peut lire le mot «papillon», sentir la palpitation des ailes, voyager dans son imaginaire et découvrir ce qui se cache à l'intérieur du livre. Et ce n'est qu'un voyage vers soi-même», nous a-t-elle affirmé. D'autres tableaux n'ont pas manqué d'imagination créative et d'abnégation dans l'exécution minutieuse avec une finesse très marquée, ils relèvent des artistes Wissem El Abed, Nesrine Elamine, Emna Ghezail, Asma Ghiloufi, Hela Lamine, Oussema Troudi et Souhir Elamine.