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Le roman est-il capable de changer notre réalité ?
On nous écrit

Souvent les romanciers aspirent à décrire ce qui ne s'exprime pas, ne se dit pas, ne se dévoile pas, parce qu'il relève de l'ordre de l'émotionnel, du sentimental, de l'intime : ce lieu privilégié de notre humanité, puisqu'ils vont aborder le réel, d'un point de vue subjectif, à travers plusieurs histoires qu'ils vont raconter dans leurs romans, celles qui concernent nos conflits, déceptions, joies et souffrances, exprimant ainsi notre fragilité humaine, très souvent occultée sur le plan social.
Ainsi, la littérature va tenter de dire l'innommable, c'est dans ce sens qu'elle fut considérée comme étant «l'âme des peuples, le reflet aussi bien de leurs aspirations que de leurs tourments».
Vue de cet angle, elle va permettre à tout lecteur de découvrir le réel et de le transcender, puisqu'elle le reconstruit d'un point de vue fictionnel, en utilisant la langue dans un but autre que la communication sociale.
En effet, c'est en s'engageant dans l'aventure de décrire l'intime que la littérature n'a cessé de penser différemment la fonction de la langue, de recomposer ses éléments, afin qu'ils puissent excéder l'usage du code social et d'atteindre une certaine singularité : celle de l'empreinte de chaque écrivain.
Cette singularité est variable quant à sa forme, selon que le texte appartient au genre poétique, romanesque ou théâtral.
Et à travers l'histoire, le genre romanesque n'a pas cessé d'accueillir les autres genres littéraires comme la poésie, de contenir toutes formes de narrations, d'être polyvalent, tout en recevant l'influence des autres arts : comme le cinéma. C'est ainsi que le roman s'est trouvé à la croisée de deux dimensions antinomiques, celle qui exprime le singulier, l'individuel et celle qui s'avère être d'une portée plus collective et générale.
C'est par ces termes : le singulier face au commun, le social à l'individuel, l'actuel face à l'historique, qu'on pouvait (de notre point de vue) poser la question relative à l'impact du roman sur le réel, afin d'éviter un éventuel glissement vers un roman «modèle » investi d'une mission essentielle : celle de défendre une idéologie, c'est-à-dire un roman construit à partir d'une perspective unique du monde, qui part de certaines questions pour proposer des solutions toutes prêtes.
Or le réel est loin d'être uniquement le reflet du visible, de ce qui est vrai ou concret, car il est fait aussi de nos représentations, c'est-à-dire de nos différentes conceptions du bonheur, de la souffrance, du mal et du bien, du beau, de la richesse...
Au-delà des débats théoriques, à propos de ce qui constitue un chef-d'œuvre romanesque, c'est cette définition simple et pragmatique que nous proposons : «C'est le roman qui changera la manière de voir le monde du lecteur, après l'avoir lu».
Ce qui signifie que le roman n'a pas uniquement pour mission de refléter l'âme d'un peuple ou son histoire, mais d'ouvrir aussi la voie vers la possibilité de créer d'autres valeurs esthétiques, d'autres visions de la personne humaine, de l'altérité et du monde.
Si nous avons choisi d'aborder cette question, c'est parce qu'elle fut le thème majeur débattu par les écrivains et la critique, à l'occasion de l'inauguration de la maison du roman, un immense projet dirigé par le romancier et critique Kamel Riahi, qui a eu lieu du 3 mai jusqu'au 5 mai, au sein de la Cité de la culture, en présence de plusieurs romanciers tunisiens et arabes, ayant comme invité d'honneur le romancier libyen Ibrahim Kouni.
Nous pensons cependant que la problématique évoquée relative à l'impact du roman sur la réalité des sociétés arabes n'est pas dépourvue de toute portée idéologique, puisqu'elle attribue d'ores et déjà à la littérature et plus particulièrement au roman la possibilité de changer la réalité.
Car le monde arabe n'a pas connu à l'instar de l'Europe la naissance des courants littéraires comme l'humanisme, le naturalisme, le symbolisme, le réalisme, probablement à cause de la prédominance d'une vision idéologique dans le roman, et la quasi-absence de toute dimension philosophique du monde et de l'homme malgré l'existence de quelques exceptions.
Avant de poser une telle problématique, d'autres questions prioritaires devaient être posées, entre autres celles relatives à l'histoire de la littérature tunisienne en général et à l'émergence du genre romanesque, de ses différents courants littéraires en particulier, car en l'absence d'une telle histoire, la littérature tunisienne (à supposer qu'une telle littérature existe) ne serait constituer une mémoire, elle sera (du point de vue du lecteur) des œuvres éparpillées, décousues, sans continuité ni particularité, à la lumière du paysage littéraire de notre pays .
Créer la maison du roman est certes une belle initiative de la part de M. Kamel Riahi, concrétisée par le ministre des Affaires culturelles, M. Mohamed Zine Abidine, un vaste projet qui va (espérons-le) contribuer au progrès de la littérature dans notre pays. Mais ne fallait-il pas commencer par instituer un comité de spécialistes formé par ceux qui ont déjà travaillé sur l'histoire de la littérature tunisienne, dans le but de constituer une mémoire, des repères et des référents ? Un tel comité aurait permis de ne pas omettre de rendre hommage aux grandes figures de la littérature tunisienne, de ne pas exclure certains écrivains pour mettre en valeur d'autres, et surtout pour pouvoir choisir des thèmes liés à notre contexte historique et culturel.
Il s'agit là d'un grand travail qui reste à entreprendre, car à défaut de tels repères, toutes les évaluations, lectures ou critiques seront soumises à des considérations d'ordre personnel et ne contribueront pas à l'évolution de la littérature dans notre pays.
N'oublions pas que le but de tout projet doit être de servir la culture du pays.


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