Kamel GHATTAS Avec l'ouverture du marché des transferts, nous aurons à vivre quelques-unes des plus rocambolesques des aventures que se préparent à animer un certain nombre de clubs. En effet, si pour les uns, la Ligue des champions ou la coupe de la CAF sont des objectifs prioritaires, étant donné qu'ils ont tout gagné sur le plan national, pour d'autres, il s'agit simplement de préserver leur place en première Ligue. Toutes proportions gardées, ces préoccupations poussent à certains dépassements. Le plus important de ces dépassements que tout le monde attend mais en face duquel il est difficile de résister, est bien celui de l'achat et de la vente des joueurs. Pour un club qui veut rivaliser avec les grandes équipes africaines, comme celles d'Egypte, du Cameroun, du Congo ou du Nigeria, il faut avoir sous la main des éléments dépassant les normes connues. Il est de ce fait nécessaire de faire ses emplettes au niveau des grands marchés de joueurs africains ou, nouvelle mode, d'attirer les joueurs tunisiens nés et opérant à l'étranger. Cette formule a déjà réussi pour une saison au Club Africain et à l'Espérance. Certains de ces éléments qui possèdent la nationalité tunisienne ont enrichi les effectifs et si quelques-uns d'entre eux n'ont pas tenu le coup assez longtemps en raison de leur âge, d'autres, après le Mondial russe, vont certainement aller monnayer leurs talents ailleurs. C'est dire que par nécessité, ces équipes, qui disputent les compétitions africaines, se trouvent dans l'obligation de recruter. Elles commenceront par rafler les joueurs qui promettent au sein des deux Ligues professionnelles avant de lorgner sur le marché étranger. L'expérience à ce propos n'est pas bien reluisante, car les agents de joueurs n'ont pas toujours des éléments de première main à proposer. Ce sont les seconds couteaux qui sont soigneusement « empaquetés » dans de jolis press-books et que l'on refile à prix d'or. Pressés par le temps (listes obligent), les clubs sont enferrés et les dégâts sont énormes. Indépendamment de cet aspect, les prix connaissent une véritable inflation. La chute du dinar rend les choses encore plus difficiles et les transferts de devises coûtent au pays les yeux de la tête. Il est indéniable que la présence de joueurs tunisiens à l'étranger compense un tant soit peu cette hémorragie mais la situation est telle qu'il faudrait regarder à deux fois avant de s'engager. Les plafonds explosent d'une saison à l'autre et les clubs tunisiens n'ont pas encore compris qu'ils doivent miser sur la formation. L'exemple français est assez éloquent pour s'en inspirer. La France est en effet au cœur du marché européen. Sept des quinze plus gros transferts de l'été ont concerné des joueurs français. Cela est extrêmement valorisant pour le foot français. D'ailleurs, les experts ont constaté que la France est bien au cœur de la bulle inflationniste qui frappe le football européen. Il n'en demeure pas moins que cela met en exergue le savoir-faire des formateurs français et de leurs centres de formation. Les jeunes qui sortent de ces centres sont convoités à peine révélés. Les grands clubs européens sont enclins à les payer cher. Il est certain que pour ce qui concerne les clubs tunisiens, le fait de vouloir des résultats immédiats et à tout prix réduit la sagesse des uns et des autres. Les exemples les plus frappants que nous avons connus la saison précédente sont bien ceux que le CS Sfaxien, le Club Africain et l'Espérance ont présentés. Le CSS a remonté son équipe en puisant dans son centre de formation. Le Club Africain a fait une fin de saison époustouflante en lançant des jeunes qui ont su relever le défi. Ben Yahia a démontré que les jeunes étaient beaucoup plus compétitifs que ceux qui ont été achetés à prix d'or. Il est de ce fait possible d'exploiter de manière plus intelligente cette filière, ce gisement de valeurs, et de devenir, pourquoi pas, un football qui forme aussi bien pour ses besoins que pour ceux des autres pays. Au vu des informations qui nous parviennent, les joueurs tunisiens sont de plus en plus appréciés. Et comme nous possédons d'excellents techniciens, nous sommes capables de faire beaucoup mieux en quittant les bureaux et en allant sur le terrain !