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« La Tunisie a besoin d'attirer des investisseurs pour rattraper son déficit de compétitivité »
Entretien avec:Pierre Heilbronn, Vice-président de la BERD
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 09 - 2018

Voilà près de trois années que les premiers jalons du partenariat public-privé ont été posés avec l'adoption d'une loi sur le PPP. Cette semaine, alors que les opérateurs économiques commençaient à s'impatienter, le gouvernement a organisé un forum international dans lequel il tente de séduire les investisseurs avec 33 projets qui se prêtent bien à un PPP. Depuis l'adoption du texte, et dans la discrétion la plus totale, les bailleurs de fonds ont travaillé étroitement avec les différents ministères afin de mettre sur pied des projets viables, susceptibles d'intéresser le secteur privé. La Presse donne aujourd'hui la parole à M. Pierre Heilbronn, vice-président de la Berd, et demain à M. Mouayed Makhlouf, directeur IFC Mena, pour plus d'éclairages.
Bien qu'enthousiastes, les deux représentants d'institutions financières d'envergure expliquent à La Presse qu'il ne faudrait pas espérer la réalisation de l'ensemble des 33 projets proposés et que le système basé aujourd'hui sur les subventions étatiques n'est pas viable.
Pour que les choses soient claires, pour qu'il n'y ait pas de confusion, quelle différence faites-vous entre le PPP et la privatisation?
Les PPP ne sont pas une privatisation, il s'agit d'une capacité à attirer des investisseurs privés sur un projet défini par les autorités publiques. Basé sur une définition de l'équilibre de celui qui prend le risque, le PPP permet à la fois de préserver l'intérêt du contribuable, de l'investisseur privé et de l'Etat qui parvient à faire des économies. L'investisseur privé a, par ailleurs, un intérêt à ce que le service public soit rendu à la fois dans les délais, au meilleur coût et la meilleure qualité.
Ces différents paramètres font, lorsqu'ils sont réunis, que le contribuable, l'usager, l'investisseur privé y trouvent leur compte. C'est un modèle gagnant.
Nous avons une expérience de plusieurs décennies dans ce domaine. C'est un peu aussi cette expérience que nous essayons d'apporter ici en Tunisie. Nous sommes très exigeants, notamment sur le niveau de qualité, car il s'agit aussi de la réputation des bailleurs de fonds comme nous.
Notre engagement va jusqu'au financement du projet. Nous sommes pour l'instant aux premiers pas en Tunisie dans ce domaine-là.
Qu'est-ce qu'un PPP réussi ?
C'est un projet qui permet la construction d'une infrastructure au meilleur coût, avec des investisseurs privés et permettant une exploitation de cette infrastructure dans la durée ne reposant pas uniquement sur le budget public. C'est un service public de qualité. Il fait levier sur à la fois une capacité d'attractivité des investisseurs internationaux et domestiques.
Est-ce que le PPP se traduit automatiquement par une hausse de prix pour les usagers des services publics?
Le système de subvention indifférenciée d'une prestation de service n'est pas soutenable comme modèle économique. Il conduit in fine à ne pas faire un effort particulier sur la qualité des services rendus et engendre une dégradation de la compétitivité du pays.
Lorsque je suis venu à Tunis avec une délégation de la BM, il s'agissait de trouver un équilibre entre amener des investisseurs privés contribuant à la construction de ces infrastructures et les intérêts de l'Etat. Cela suppose des réformes, un cadre législatif mais également une mise en œuvre de ce cadre, sur l'ensemble des projets dont on peut discuter.
De manière progressive, on peut être amené à demander une contribution de l'usager. Il s'agit aussi de réfléchir sur des dispositifs de filets sociaux qui permettent également à ce
que les plus démunis ne soient pas dans une situation où ils sont privés de la prestation.
Comprenez-vous l'inquiétude des syndicats par rapport à cela ?
L'introduction de nouveaux instruments et de nouveaux opérateurs crée toujours des résistances puisque l'idée est d'ouvrir le système. Je crois que nous pouvons à la fois améliorer le service rendu par les acteurs en place et même créer de nouvelles prestations et de nouveaux marchés. C'est vraiment notre travail de montrer que c'est un jeu gagnant-gagnant. Il faut prendre en considération le fait que des pays comme la Jordanie ou l'Egypte sont des expériences extrêmement réussies où des investisseurs ont accepté de mettre de l'argent. Quand il y a un cadre adapté, les investisseurs seront intéressés. Cela montre que les choses sont possibles. Il faut bien évidemment de la pédagogie et un engagement de la part des autorités publiques.
Le cadre légal du PPP est-il suffisant à vos yeux?
Dans ce cadre, il y a des bases qui ont été jetées. Nous travaillons en étroite collaboration avec les ministères pour que ce cadre soit plus adapté, notamment, aux grands projets d'infrastructure en matière d'énergie et sur lequel il y a des ajustements à opérer.
Nous avons fait deux travaux d'accompagnement de l'Instance générale des PPP, l'un en 2015, l'autre sur les concessions de 2008 qui est d'ailleurs toujours en cours. L'idée est de mettre cette législation au niveau des standards internationaux.
Certes, le cadre légal est important, mais ce qui compte également c'est la volonté politique. Il faut rappeler que la centrale électrique de Radès a été réalisée dans le cadre d'un partenariat public-privé, bien avant qu'il y ait un cadre légal.
Dans un pays où la corruption subsiste, n'est-il pas dangereux d'introduire d'immenses projets dans le cadre du PPP?
Je crois que le PPP apporte un regard extérieur et l'implication d'institutions comme la nôtre est justement un élément de transparence. C'est au contraire quand les affaires sont traitées entre soi que des pratiques condamnables peuvent être observées. Dans tous les pays où nous sommes intervenus l'expérience a démontré que le PPP est un vecteur d'assainissement et de bonne gouvernance lorsqu'il obéit aux standards internationaux. Il est donc important de s'assurer que les standards internationaux les plus élevés seront appliqués lorsqu'on déploie ce type d'instruments.
Un des éléments importants pour la BERD est de s'assurer que les fondements de gouvernance économique sont réunis. Il faut que la gouvernance en entreprise soit au niveau des standards internationaux. C'est un moyen de prévenir les phénomènes dont vous parlez
Est-ce que le PPP est une alternative à l'endettement ?
Les PPP ne sont pas une panacée, l'espace fiscal évidemment en Tunisie est limité par le niveau de la dette. C'est pour cette raison qu'à ce stade, nous voyons un grand avenir pour les PPP. La Tunisie ne veut pas perdre des décennies en matière d'infrastructure.
La Tunisie a besoin d'attirer des investisseurs, sinon elle sera dans l'incapacité de rattraper le déficit de compétitivité qu'elle connaît aujourd'hui. Cela suppose non seulement le courage de faire voter des lois mais surtout de les faire appliquer.
Nous sommes à disposition des autorités publiques, des entreprises publiques et aussi des collectivités locales.
Plus concrètement, il y a 33 projets qui ont été présentés lors de cette conférence, quel regard portez-vous sur ces projets?
Ces 33 projets ont fait l'objet d'un travail à la fois avec les différents ministères concernés et nous-mêmes. Certains projets ont été discutés depuis très longtemps et ont fait l'objet d'une expertise plus poussée que d'autres. Ces projets doivent être regardés de près et peuvent générer l'intérêt des investisseurs qui ont participé au Forum.
Après c'est un travail d'artisan. Il faut déterminer ceux qui sont les plus mûrs, ceux qui attirent le plus d'intérêt etc. Ces projets ne sont pas tous à une phase où ils peuvent attirer des investissements du jour au lendemain. Cela peut prendre du temps.
Le processus est d'abord entamé avec le porteur du projet (l'autorité publique) qui considère qu'il peut y avoir une place pour le secteur privé dans le financement et l'exploitation et notre rôle c'est aussi de conseiller les autorités publiques. Nous connaissons les investisseurs et nous pouvons dire à nos partenaires publics : voilà les projets qui vont pouvoir démarrer et voilà ceux qui ne sont pas assez mûrs. Nous intervenons du début jusqu'au stade du financement, après avoir participé à la structuration et à l'appui des autorités publiques, nous pouvons financer.
Justement, parlons du financement, combien la Berd est-elle disposée à mettre sur la table ?
Vous savez nous ne sommes pas une institution qui a des enveloppes, nous sommes une institution qui n'a aucune limite en termes de capacités de financement dans un pays, mais qui travaille sur des projets bancables.
Nous avons investi 730 millions d'euros en Tunisie au cours des six dernières années, avec une augmentation très importante au cours des deux dernières années.
Ce qui nous différencie des autres bailleurs de fonds c'est que nous sommes très flexibles sur nos outils d'intervention. Nous pouvons commencer en investissement direct à 1 million d'euros, ce qui est beaucoup pour une PME et peu pour une institution financière. Pour ces projets par contre nous pouvons partir de 10 millions ou 20 millions d'euros. Notre force c'est également de pouvoir financer en dinars. Compte tenu de la dévaluation du dinar, les investisseurs veulent plutôt emprunter en dinars pour ne pas subir le risque taux de change.
Il faut savoir que les investisseurs regardent d'abord si le projet a une taille critique suffisante pour les intéresser. Ces projets commencent tous autour de 20 millions d'euros. Et lorsque cela devient trop gros pour nous on opte pour le cofinancement. Si demain le projet Enfidha se fait par exemple, nous sommes disposés à cofinancer avec d'autres institutions et en premier lieu avec la Société financière internationale.


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