Voilà ce qui s'appelle avoir de la suite dans les idées. Cinq mois après avoir annoncé, au Festival du cinéma à Cannes en mai dernier, l'idée de la création d'un Fonds panafricain pour le cinéma et l'audiovisuel, l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Fédération panafricaine de cinéma (Fepaci) et la Chambre syndicale nationale des producteurs de films de Tunisie ont tenu leurs engagements : l'étude de faisabilité a été réalisée par l'OIF (via le cabinet Media consulting group) et la volonté affichée par les partenaires de mener le projet en concertation avec les professionnels du cinéma africain concernés, se concrétise. Le 28 octobre, à l'hôtel Africa, en plein centre de Tunis et en marge des JCC, les partenaires ont livré les premiers éléments relatifs à la faisabilité et aux conditions de mise en œuvre de ce nouvel instrument de promotion et de financement de la production cinématographique et audiovisuelle du continent africain, dont l'appellation provisoire est «CinéA». CinéA pourrait marquer un tournant dans le paysage des aides accordées aux cinémas du Sud. Il se propose, en effet, de mobiliser un large partenariat public-privé fédérant les efforts pour orienter la création cinématographique vers les besoins et les aspirations du public africain. La finalité de ce Fonds est d'offrir à près d'un milliard d'africains les moyens de se réapproprier leurs histoires, de consolider leur identité et de partager leurs visions avec le reste du monde. Forte de son expertise de 22 ans dans la gestion du Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud, qui a permis depuis sa création la production de plus d'un millier de films, la Francophonie, organisation internationale, dont plus de la moitié des membres sont des pays africains, est l'une des principales organisations à même de fédérer les énergies autour de ce projet innovant auquel plusieurs pays et groupements professionnels ont déjà apporté leur soutien. Dans les prochaines semaines, l'OIF s'attellera à favoriser les concertations pour réunir autour de ce projet les partenariats et finaliser avec eux, la structure de gouvernance du Fonds qui devra reposer sur une structure forte, dotée de moyens suffisants et capable de garantir la neutralité des sélections effectuées, la transparence et la pérennité dudit fonds. La 22e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision qui se tiendra à Ouagadougou (Fespaco) du 25 février au 5 mars 2011 pourrait être l'occasion de présenter un profil quasi définitif du Fonds, notamment les premiers partenaires, le calendrier de mise en œuvre et la structure de gestion et de gouvernance ainsi que ses règles de fonctionnement. Cette action de l'OIF intervient au moment où l'Organisation fête son 40e anniversaire; elle confirme son engagement au service de la diversité et de la solidarité dans un monde où les expressions culturelles de chacun sont parfois menacées.