Par Jalel Mestiri Les hommes en noir en voient de toutes les couleurs dans le football tunisien. Insultes, offenses, menaces, injures, grossièretés, des fois en direct à la télé. Et aujourd'hui agression! Et quoi encore? La question de l'arbitrage, avec tout ce qu'elle comporte d'appréhension, de jugement et d'interprétation, ne relève pas cependant d'une saisonnalité. L'arbitre sera toujours contesté, mais jamais remplaçable. Le problème est que les faiblesses et les insuffisances présumées, parfois même la mauvaise foi, entretiennent une incompréhension globale de leur métier. Dans un contexte et une ambiance pas toujours linéaires, mais où seuls les actes peuvent définir les rôles et juger de leur justesse, cibler l'arbitre et sa façon d'interpréter les phases de jeu dans lesquelles il pourrait y avoir faute revient à cibler la responsabilité de toutes les parties impliquées de près ou de loin dans le football tunisien. Le problème est que l'on n'arrive pas toujours à réaliser que l'arbitre de football, et contrairement aux autres sports, n'est pas là seulement pour voir ce qui se passe, mais pour interpréter ce qui se passe: intention, préméditation et arrière-pensée des joueurs. Autour de l'arbitre, l'intensité des oppositions dans l'interprétation est devenue fortement proportionnelle à l'enjeu. L'ennui est de faire comprendre aux polémistes, qui n'ont toujours aucune envie de comprendre, qu'arbitrer c'est aussi interpréter. C'est-à-dire, non pas seulement rendre justice, mais également prendre des décisions sans lesquelles le jeu ne pourrait pas se poursuivre. Ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas dans tout cela n'est pas imperméable et facile à diagnostiquer en fraction de secondes. De cela résulte un aspect particulier au football: ce qui est régulier ressemble comme deux gouttes d'eau à ce qui ne l'est pas. Il peut sanctionner quelque chose qui s'apparente beaucoup à ce qu'il autorise. Résultat: licite et illicite se confondent et ont, en guise de séparation, des degrés de nuance très proches les uns des autres. La manière avec laquelle les arbitres sont mis en cause revient à dire et à penser qu'ils ont été insultés dans leur intégrité, dans leur autorité!... C'est un procès qui vit sa propre vie, faute de pouvoir (ou de vouloir) reposer sur une observation objective : les a priori semblent éternels. Avoir le droit de parler à l'arbitre, de contester ses décisions ou ne pas en avoir le droit, est aujourd'hui au centre des débats sur les réformes destinées à valoriser l'arbitrage. L'arbitre tunisien reste malgré tout un élément essentiel d'un match de football, dans lequel il est chargé de faire respecter les règles du jeu et maintenir l'ordre. Il aurait ainsi besoin de passer au statut professionnel, chose qui pourrait peut-être l'aider à imposer son autorité. Il aurait aussi encore besoin de formation et d'une meilleure rémunération.