Notre système éducatif est très mal en point. Les pratiques surannées le disputent aux rares et timides tentatives d'innovation. Les programmes officiels (tout le monde le sait) sont trop chargés, les méthodes d'enseignement utilisées sont inopérantes, le niveau de certains enseignants laisse à désirer, la formation continue et le recyclage sont loin de répondre aux nouvelles exigences pédagogiques. Programmes surchargés, bourrage de crâne, volet «explication» du cours négligé… Autant d'imperfections entachent, aujourd'hui, notre système éducatif. Qu'attend-on pour rénover nos méthodes et mettre à niveau le corps enseignant ? La réforme du système éducatif tarde à se concrétiser à cause d'une multitude de problèmes. C'est parce que le fait de toucher à un secteur aussi stratégique ne peut se faire sans susciter un vif débat, sans que des obstacles surgissent de toutes parts. Depuis plus de trois ans, la machine est grippée et tous les travaux des différentes consultations dorment, paisiblement, dans les étagères. Des centaines de millions ont été déboursés pour organiser des consultations au niveau régional et national impliquant des pédagogues et des experts. Les outputs issus de ces nombreuses rencontres attendent d'être mis en œuvre. Les inspecteurs évincés Seulement, le ministère de l'Education n'est pas maître du jeu. Il y a un acteur encombrant représenté par les structures syndicales. Aucune tentative pour mettre en œuvre les recommandations techniques et pratiques élaborées par les experts n'a pu être menée à son terme. Le véto de ces syndicats reste la pierre d'achoppement contre laquelle bute tout effort de percer et d'introduire quelques innovations ou améliorations des programmes ou des pratiques pédagogiques. On comprend, facilement, pourquoi les syndicats sont opposés aux réformes. Ils n'acceptent pas le changement qui risque de les écarter de la scène et leur faire perdre cette mainmise qu'ils ont actuellement sur tous les rouages de l'enseignement. Aussi, pouvons-nous voir, aujourd'hui, que des programmes dépassés et surchargés encombrent les emplois du temps de nos élèves. Le ministère est impuissant d'introduire une quelconque transformation sans l'aval de nombreux «partenaires». Ces derniers ne lui facilitent, aucunement, la tâche. Or, ce travail de réforme relèverait, plutôt, de spécialistes et de pédagogues. Les inspecteurs de l'enseignement sont les plus habilités à mener à bien cette opération d'aggiornamento. Et, justement, le syndicat de ce corps de métier a fait savoir que c'est à lui qu'incombe le rôle d'apporter les correctifs nécessaires au système dans son ensemble. Il semble que toute l'opération de réforme a été dévoyée et confiée à des parties dont, logiquement, ce n'est pas le rôle. Ces parties, faut-il le rappeler, sont l'Ugtt et l'Institut arabe des droits de l'Homme. Du coup ce sont les inspecteurs qui ont été évincés, en quelque sorte. Certaines matières rebutent les élèves Au vu de la situation actuelle, le diagnostic est sans appel : notre système éducatif est très mal en point. Les pratiques surannées le disputent aux rares et timides tentatives d'innovation. Les programmes officiels (tout le monde le sait) sont trop chargés, les méthodes d'enseignement utilisées sont inopérantes, le niveau de certains enseignants laisse à désirer, la formation continue et le recyclage sont loin de répondre aux nouvelles exigences pédagogiques... Devant ces urgences les autorités ne peuvent rien faire sans le bon vouloir des syndicats de l'enseignement. Pourtant, il serait légitime de s'interroger sur ce blocage interminable. Un syndicat, en principe, n'a pas à se mêler d'affaires purement pédagogiques qui sont du ressort exclusif du ministère et du corps des inspecteurs. Toujours est-il que des pratiques pédagogiques néfastes ont cours dans nos établissements scolaires. Il suffit de voir les programmes enseignés à nos enfants pour comprendre qu'on est sur la mauvaise voie. Des disciplines appartenant aux différentes «éducations» (musicale, théâtrale, islamique, civique...) sont dispensées de façon brute et rebutante. Ces matières sont devenues autant de corvées pour les apprenants qu'ils s'apparentent beaucoup plus à du bourrage de crâne qu'à un apprentissage de données et de savoir. L'histoire, la géographie, la musique, le théâtre etc. (tels qu'ils sont enseignés, aujourd'hui) ne donnent aucune envie à l'élève de les suivre. Les enseignants de ces matières se contentent de dicter les cours consacrant le minimum de temps pour les explications. Ils demandent, en retour, que l'élève rende compte des connaissances sous forme de récitation, car il doit apprendre le cours par cœur. De nombreux enseignants s'absentent fréquemment. Ils ont, peut-être d'autres engagements, notamment pour les musiciens ou ceux qui enseignent le théâtre. Ainsi, un cours de musique devient un travail fastidieux et un fardeau pour l'élève. Un cours d'histoire ou de géographie aussi. Les élèves, dans ce cas, sont tenus d'apprendre une bonne dizaine de pages de cours pour passer un devoir d'histoire ou de géographie. Que de temps perdu ! Les manuels ne sont d'aucun secours puisque, pour la géographie du moins, ils contiennent des données chiffrées largement dépassées par les événements. Ce sont, principalement, ces matières qui occupent le plus clair du temps lors des révisions. Les pauvres élèves passent plus de temps à préparer l'éducation islamique, civique, l'histoire ou la géographie que pour toute autre matière. Il faudrait que sur ce chapitre il y ait plus de travail pour améliorer les méthodologies utilisées et alléger les programmes. Il n'est plus question d'attendre davantage. En outre, il serait opportun de faire plus au niveau de la formation continue et le recyclage des enseignants. Ce n'est pas la formation qui est donnée, actuellement. Celle-ci n'est qu'un ensemble de séances formelles au cours desquelles des enseignants et des inspecteurs se rencontrent pour discuter ou échanger des expériences. Il est vrai que de telles opportunités sont essentielles. Mais, on devrait, aussi, affiner encore plus les rencontres pédagogiques en ayant recours aux nouvelles technologies