La protection de l'enfance est considérée comme l'une des priorités nationales en Tunisie, mais ce sont les mécanismes de cette action qui ont montré leurs limites, aussi bien dans le cadre de la prévention contre la consommation de drogue à un âge précoce que dans le contexte de la lutte contre la radicalisation et l'endoctrinement. Le constat est douloureusement pessimiste quand la question de la consommation de drogue à proximité, et parfois même à l'intérieur des établissements scolaires, est évoquée. De nos jours, la démission des parents vis-à-vis de leurs enfants n'est plus à démontrer. La décomposition familiale a totalement ruiné la capacité de contrôle et de surveillance et certains parents ne sont plus en mesure de prévenir ou faire face aux dérives de leurs enfants. La consommation de drogue en milieu scolaire est en nette progression chez nos ados, mais là où le bât blesse c'est de voir des élèves d'une école primaire, âgés entre 12 et 13 ans, entrer dans un état d'hystérie suite à la consommation de pilules d'ecstasy. Panique dans une école primaire Les informations ayant trait à la consommation de drogue par des enfants en bas âge ne sont guères rassurantes. Cette fois, c'est dans une école primaire à Sousse que des faits inconcevables ont eu lieu, comme le rapporte une radio privée. Trois enfants en bas âge sont devenus incontrôlables et sont entrés dans un état hystérique à l'intérieur de l'établissement scolaire suite à la consommation de pilules d'ecstasy jeudi dernier, ce qui a nécessité leur transport de toute urgence à l'hôpital Farhat-Hached. Les autorités sécuritaires ont été alertées à ce sujet et une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur cette affaire. Il ne faut pas trop se demander d'où provient cette drogue. L'ecstasy se vend devant nos écoles sous forme de comprimés de couleurs et de formes variées, susceptibles d'attirer encore plus les enfants. Selon une étude élaborée par l'Institut national de la santé en collaboration avec l'Association tunisienne de la médecine des toxicomanies, 31% de nos élèves ont consommé au moins une fois dans leur vie un produit psychotrope. Les pilules d'ecstasy étaient, selon des informations non encore confirmées, en possession de l'un des parents de ces élèves. Un cas d'espèce quasi inédit qui en dit long sur le dysfonctionnement familial et le malaise dans lequel vivent les enfants dans certaines régions du pays. Le commerce de la drogue ne cesse de prendre des proportions alarmantes dans notre pays en dépit des efforts des unités sécuritaires et douanières. En décembre dernier, 40 mille pilules d'ecstasy ont été saisies au port de La Goulette. La personne arrêtée avait l'intention de livrer cette grande quantité de drogue à son complice à Sousse qui a été arrêté à son tour. Inefficacité des mécanismes de prévention Que pourra-t-on retenir après cette douloureuse histoire ? Des blessures émotionnelles indélébiles qui marqueront à jamais la vie de ces trois enfants, certes, mais au-delà de ces traces qui ne s'effaceront jamais et resteront gravées dans leur mémoire, on s'interroge sur l'utilité des institutions et structures de protection de l'enfance qui pullulent dans le pays, de ces stratégies et plans d'action compatibles avec les normes de la législation internationale et les choix onusiens, annoncés, le plus souvent, en fanfare en présence de hauts responsables lors des séminaires et colloques tenus à cet égard. La protection de l'enfance est considérée comme l'une des priorités nationales en Tunisie, mais ce sont les mécanismes de cette action qui ont montré leurs limites, aussi bien dans ce cadre que dans le contexte de la lutte contre la radicalisation des enfants.