Le pouvoir d'achat de la classe moyenne ne cesse de s'éroder au cours de ces dernières années. En effet, compte tenu de la cherté de la vie, les citoyens ne sont plus en mesure de subvenir à leurs besoins essentiels. Excepté les produits dont les prix sont homologués ou administrés par l'Etat, les consommateurs ne peuvent pas s'offrir des produits de luxe ou de loisirs. Même au niveau de l'habillement, plusieurs Tunisiens se rabattent sur la friperie où les habits sont moins chers que ceux exposés dans les boutiques. C'est dire que la situation économique difficile a pesé de tout son poids sur le pouvoir d'achat des citoyens relevant de la classe moyenne qui faisait, quelques années plus tôt, la fierté de la Tunisie. En février 2019, les prix à la consommation ont augmenté de 0,1% après 0,8% en janvier 2019. Le taux d'inflation a atteint le niveau de 7,3% en février 2019 contre 7,1% le mois précédent. Ces chiffres significatifs montrent que les prix progressent en permanence d'un mois à l'autre au grand dam des consommateurs qui se débrouillent comme ils peuvent pour joindre les deux bouts. Plus d'un citoyen a recours aux crédits de consommation pour pouvoir tirer son épingle du jeu, mais d'autres ne sont pas éligibles aux crédits et doivent se contenter du peu qu'ils ont pour pouvoir surmonter cette période difficile. Attention à l'inflation ! D'ailleurs, les milieux financiers ne recommandent pas trop le recours aux crédits de consommation, et ce, dans le but de contrecarrer l'évolution de l'inflation. L'objectif étant de limiter un tant soit peu les achats des divers produits pour réduire une inflation galopante qui a atteint les 7,3% en février, taux considéré comme élevé par les pouvoirs publics. C'est pour cela, d'ailleurs, que la Banque centrale de Tunisie a augmenté le taux directeur de 100 points, afin de freiner l'utilisation prononcée des crédits aussi bien par les particuliers que par les chefs d'entreprise. Mais une telle mesure risque de ralentir le rythme des activités commerciales dans la mesure où les consommateurs ne peuvent plus acheter comme d'habitude. D'après les chiffres officiels disponibles publiés par l'Institut national de la statistique, l'augmentation mensuelle du prix de la viande d'agneau est de 3,1%. De nos jours, il est difficile pour un citoyen de la classe moyenne d'acheter, ne serait-ce que deux fois par semaine, la viande d'agneau dont le prix a atteint 27D,000 le kg ! La viande bovine a enregistré, de son côté, une hausse mensuelle de 1,6% avec un prix de 25D,000 le kg. De nombreux consommateurs se rabattent sur les viandes blanches dont les prix ne sont pas, non plus, à la portée même si ceux des volailles ont connu une baisse mensuelle de 2,7%. Les prix des œufs, qui sont très prisés par les consommateurs tunisiens, ont connu une évolution mensuelle de 2,7%. C'est le cas aussi des fruits frais avec une hausse de prix de 1,2%, du poisson frais avec un accroissement de 1,0%, du lait et du fromage dont les prix mensuels ont augmenté de 0,9%. L'impératif d'augmenter l'offre Pour pallier ces insuffisances au niveau des quantités et contribuer à la réduction des prix, une solution devrait être adoptée, à savoir l'augmentation et la diversification de l'offre de tous les produits de consommation fabriqués ou produits localement. L'offre devrait dépasser la demande pour assurer un équilibre et préserver les intérêts de toutes les parties prenantes. Cependant, les prix au niveau de la vente au détail ne devraient pas connaître une chute libre, ce qui ne permettrait pas aux producteurs de couvrir leurs frais de production. A noter que la Tunisie a opté pour la régulation du marché par la loi de l'offre et de la demande sans intervention de l'Etat, sauf pour certains produits considérés de première nécessité dont les prix sont administrés. Le marché devrait se distinguer par des transactions loyales consacrant la transparence. Le contrôle économique a relevé, néanmoins, que certains commerçants, faisant fi de la réglementation en vigueur, ne s'empêchent pas de faire des spéculations et de stocker des produits pour les vendre ultérieurement au prix fort, quand la situation devient plus favorable, comme le mois de Ramadan. D'autres augmentent les prix à leur guise sans se soucier outre mesure du pouvoir d'achat des citoyens ou n'affichent par les tarifs pour permettre aux consommateurs de choisir en fonction de leur budget et de leurs besoins. Certes, les prix des intrants et des matières premières sont en constante évolution, ce qui se répercute directement sur le coût de production et, partant, sur les prix de vente au détail, mais le devoir national et l'intérêt supérieur des citoyens exigent que chaque intervenant fasse des sacrifices en faveur du pouvoir d'achat de la classe moyenne qui lutte activement pour sortir indemne d'une crise économique qui n'a que trop duré.