Aujourd'hui, le marché de l'emploi regorge de diplômés ayant pour la plupart des compétences polyvalentes qui favorisent leurs chances de recrutement. Toutefois, en raison d'une certaine complexité et surtout en raison des nouvelles exigences du marché de l'emploi et des spécificités bien particulières des nouvelles demandes, et qui reposent de plus en plus sur les compétences pointues, il est important aujourd'hui de revoir certaines approches pour assurer un meilleur rapport entre l'offre et la demande, et notamment pour bien servir ce besoin, de plus en plus pressant, en compétences hautement qualifiées. Cette orientation devient plus urgente si l'on tient compte surtout d'une demande internationale, notamment de l'Europe et du Golfe, de plus en plus orientée vers ces profils. Dans ce contexte concurrentiel, les entreprises tunisiennes auront pour objectif de recruter les meilleures ressources humaines, mais aussi de conserver leur capital en compétences. A cet égard, la mobilité des ressources figure comme une réalité du marché du travail national et international, et constitue désormais un outil privilégié pour les gestionnaires des ressources humaines (GRH). C'est dans ce cadre que s'est tenu le colloque maghrébin " Mobilité, emploi et GRH ", organisé récemment à Tunis, par l'Association des responsables de formation et de gestion humaine dans les entreprises (Arforghe) avec le soutien de la Fondation Konrad Adenauer Mobilité interne et compétitivité durable Dans son acceptation théorique, la mobilité interne est un changement de poste interne dans une même entreprise, alors que la mobilité externe suppose un changement d'employeur. Tout au long de leurs carrières, les employés seront en mesure de fournir des travaux et des missions dans divers postes de travail. Elle est aujourd'hui davantage synonyme de promotion. Mieux encore, en capitalisant les fonctions, les métiers et les expériences successives, le personnel sera de mieux en mieux fonctionnel et constituera vraisemblablement une source d'avantages compétitifs durable pour l'entreprise. Ainsi, le personnel bénéficiant d'une mobilité pilotée et évolutive représentera pour l'entreprise, à moyen terme, un vivier de compétences, de formation, maison, directement opérationnelles dans la structure, en raison de leur connaissance de l'environnement de la société et leur maitrise des procédures de travail. D'où une garantie supplémentaire de l'efficacité de ce recrutement interne. Il convient de rappeler que les apports de cet outil de flexibilité du personnel est tributaire de la volonté des personnes concernées par cette mesure. Elle doit être voulue par l'employé ou négociée. Ainsi, on pourra espérer une ouverture d'esprit, une adaptabilité, de la motivation, de nouvelles compétences, et donc une meilleure employabilité. En plus du développement des ressources humaines, la mobilité permet de résoudre certaines situations conflictuelles. Elle permet de redéployer les agents inaptes de façon temporaire ou définitive, suite à des causes liées à l'activité ou à la personne elle-même, à un poste de travail approprié à la nouvelle situation. L'exigence d'une démarche harmonisée à l'échelle régionale C'est en raison de l'importance des flux migratoires que la problématique de la mobilité internationale est mise en évidence. D'ailleurs, les conférenciers ont affirmé la nécessité d'accélérer le rythme de création d'emploi dans les pays du Maghreb pour limiter cette fuite des ressources humaines, très onéreuses pour les Etats d'origine. Ils ont évoqué, également, la nécessité d'instaurer une politique commune, harmonisée et concertée entre les pays maghrébins pour pouvoir ensuite entretenir des négociations fructueuses avec les partenaires du Nord. Sur un plan régional, les experts ont mentionné, que l'intégration économique des pays maghrébins est en mesure d'augmenter de 1 à 2% le rythme de la croissance économique des pays partenaires et peut contribuer à la création, annuellement, de 500 mille postes d'emploi. Le caractère transnational des métiers, de son côté, favorise la création d'un espace commun de libre circulation des ressources humaines. A cet effet, M.Azzem Mahjoub, professeur, a fait référence à une étude récente destinée à encourager la mobilité internationale des compétences par la mise en place d'un système de reconnaissance des qualifications entre les partenaires de l'Union pour la Méditerranée. Les intervenants ont mentionné, également, avec satisfaction, les dernières réformes en matière de placement du personnel. Désormais, en complémentarité avec les structures publiques, les cabinets privés de placement des ressources humaines à l'étranger seront en mesure d'apporter plus de dynamisme et de réactivité dans l'exportation régulée des compétences tunisiennes.