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Pour que cela ne se reproduise plus
Témoignage d'un jeune producteur sur les événements des derniers jours de Ben Ali
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 02 - 2011

Commission de censure et autorisations de tournage pas toujours accordées, monopole de certains artistes " proches" ou "sympathisants" de l'ancien régime, les artistes tunisiens (cinéastes, hommes de théâtre et même plasticiens) ont longtemps souffert des répressions qui ont rendu la vie difficile à certains et qui ont profondément nui à leurs créations, rendus et productions.
Quelques-uns, muselés, devaient se contenter des thèmes imposés, de faire dans le "politiquement correct". Tout passait au tamis, et les plus infimes détails, les entités infinitésimales. Certains ont appris, tant bien que mal, à faire avec et à "s'adapter", d'autres ont vendu leur âme au diable et les derniers ont choisi de combattre à leur manière cette médiocrité régnante qui gagnait du terrain.
Lors des événements qui ont succédé au drame de l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, à Tunis et partout ailleurs, des artistes, entre autres personnes, ont élevé la voix et crier leur "ras-le-bol" et leur indignation. Les réactions des sbires de l'ordre ne se sont pas fait attendre. Manifestations stoppées avec violence, flash mob (sorte de happening) réprimés… Des artistes comme Raja Ben Ammar, Jalila Baccar, Fadhel Jaïbi ont été carrément molestés physiquement. En évoquant cela, on imagine la scène où une horde de policiers (hommes et femmes) s'acharnant avec mépris et hargne sur Raja Ben Ammar, la bousculant et la frappant en plein centre-ville. Une scène effrayante et révoltante figurant la bassesse et le mépris de tout un système. Cet acharnement, contre tous ceux qui criaient liberté, s'est poursuivi tout au long de cette période et même après le départ de Ben Ali, le14 janvier 2011, allant jusqu'à revêtir des allures de vendetta.
L'avenue Habib-Bourguiba a été, le 14 janvier 2011, la scène de tous les inédits avec des manifestations inégalées devant le fief de ce qui fut, des décennies durant, le symbole de l'oppression et de la terreur, le ministère de l'Intérieur. Tous ceux qui y étaient présents n'en revenaient presque pas de pouvoir défier cette " bâtisse " longtemps crainte et redoutée par tous. "Ben Ali dégage", clamait la foule, ou encore " le ministère de l'Intérieur est une organisation terroriste ". Mais les interventions violentes des forces de l'ordre n'étaient pas inédites, elles ! Encore une fois, leur réaction était plus que musclée.
"Ce jour-là, les policiers ont fait preuve d'une haine incompréhensible et d'une violence, je dirais, malsaine", avance Ala Eddine Slim, un jeune producteur et directeur, avec son associé Chaouki Khnis, de la boîte de production audiovisuelle et cinématographique Exit Productions qui a notamment à son actif les quatre courts métrages, Coma, La boue, Le pont et The stadium qu'on a pu voir dans nos salles, notamment, lors de la dernière édition des Journées cinématographiques de Carthage.
"Il était 15h00 de l'après-midi, quand les Bop (brigades de l'ordre public) ont commencé à tirer les bombes lacrymogènes et à s'en prendre aux manifestants et aux autres simples passants. Comme les locaux de notre société étaient dans les environs, plusieurs personnes s'y sont réfugiées. J'avais alors gardé les portes ouvertes et quand il a fallu les refermer, on était environ 57 personnes : des avocats, deux journalistes du journal français Le Monde, trois techniciens de la chaîne Nessma, des médecins, des syndicalistes, des vendeurs ambulants, des commerçants, des étudiants, toutes les classes sociales étaient représentées. Les journalistes français ont donc contacté par téléphone leur ambassade qui s'est proposée de les évacuer. Mais une de ces journalistes a exigé d'évacuer tout le monde», évoque Ala, et de reprendre: «Vers 6h45 du matin, un employé de l'ambassade de France, accompagné d'un agent de police en civil, est venu récupérer les trois journalistes. Deux heures après, des bruits nous sont parvenus, des groupes de police étaient en train d'évacuer les immeubles. Une horde de flics, en état d'ébriété (en uniforme et en civil), armés d'épées et de bâtons, ont débarqué dans nos locaux. Tels des chiens enragés, ils ont embarqué tout le monde en nous frappant tout au long de la distance qui nous séparait du ministère de l'Intérieur, qui fut la scène de tous les abus: insultes, grossièretés, obscénités, attouchements envers les filles, déguisés en fouilles, menaces et violences physiques et j'en passe. Nos "bourreaux" étaient comme dans un état de transe. Ils sont allés jusqu'à nous accuser de terrorisme en dissimulant de fausses preuves (des balles) dans notre matériel qu'ils ont volé de nos locaux le soir même. Ils ont exprimé un mépris spécial envers les artistes et les cinéastes. Ils sont allés jusqu'à proférer des menaces contre les deux comédiens Sawsen Maâlej et Lotfi Abdelli».
Ala continue en soulevant un point qui lui a paru plus que louche. En effet, et selon ses dires, les policiers en uniforme semblaient recevoir des ordres de la part de ceux en civil qui, eux, recevaient des instructions de l'extérieur par téléphone.
Ala a payé au prix fort son soutien aux manifestants "rescapés". En effet, aux préjudices moraux, il faut ajouter des pertes matérielles considérables, car ces mêmes "représentants" de l'ordre se sont attaqués à sa société, mettant ses locaux sens dessus dessous et dépouillant les deux jeunes producteurs de leur matériel de travail. " J'ai pu en récupérer une partie, mais trois jours après, ils sont revenus et ils ont tout emporté", affirme-t-il, amèrement, avant de poursuivre: «En nous adressant, après quelques jours, au poste de police (le 7e), le directeur du poste nous a demandé de nous adresser directement au procureur de la République, affirmant qu'il ne voulait prendre aucune responsabilité. Je pense plutôt qu'il avait peur d'éventuelles représailles".
Un élan de solidarité de la part de certains artistes s'est ensuite enclenché pour soutenir ces deux jeunes producteurs. «Nous remercions ces initiatives de solidarité entre artistes. Les pertes matérielles peuvent être remplacées, mais, malheureusement, personne ne pourra nous restituer nos documents de travail et les rushes de plusieurs projets de films», avance Chawki, l'associé de Ala.
Aux dernières nouvelles, les deux jeunes producteurs comptaient adresser leur dossier à la commission d'enquête sur les affaires d'abus. Souhaitons-leur bon courage et que justice soit faite. Maintenant, avec la constitution du bureau directeur (transitoire) de l'Association des cinéastes tunisiens (ACT) qui s'occupera de préparer une assemblée générale élective de l'association, nous espérons que des mesures sérieuses et des changements de fond hisseront le secteur cinématographique et audiovisuelle en Tunisie à un degré plus élevé et que les créateurs seront protégés et obtiendront enfin gain de cause !


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