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Violences tous azimuts: Le produit innommable de la tyrannie
Publié dans L'expert le 13 - 05 - 2011

C'est désolant, c'est désespérant, c'est angoissant. Les journées du week-end dernier seront marquées d'une pierre blanche. Elles ont la même signification que celle du 14 janvier sauf qu'elles s'inscrivent dans le sens inverse. Autant la journée marquée par la fuite du dictateur avait ouvert les voies vers une Tunisie libre, digne et juste, autant celles de la semaine dernière ont obstrué, ou presque, toute perspective de sortie du chaos. Un chaos qui lentement commençait à gangrener le peu d'acquis que le dictateur déchu a daigné laisser debout. Et encore. Car tout ce qu'il prétend avoir édifié était en réalité bâti sur du sable. Les malversations, la corruption, la concussion, le racket, le vol, la fraude, tous ces maux rédhibitoires pour toute véritable œuvre de progrès avaient composé le menu de la période de Ben Ali.
Aujourd'hui, le peuple tunisien toutes catégories, toutes générations, toutes régions confondues, est en train d'en payer le prix fort. Tout se déglingue, tout se détricote, tout se détraque, tout se dévalorise. Une œuvre exemplaire d'autodestruction à tous les niveaux de la vie nationale. L'image d'un deuxième Néron s'imprime en relief sur les bas-reliefs des vestiges de l'Histoire. Une image dont chaque aspérité laisse suinter les larmes de sang d'un peuple meurtri jusqu'à la moelle des os… Jusqu'au fond de l'âme. Une image d'une intense négativité: voilà le legs de Ben Ali à la postérité. Triste legs qui fera de lui l'homme le plus honni de notre parcours historique.
On ne s'étonnera donc pas que la moindre rumeur plonge la population dans le désarroi le plus complet, que la moindre descente musclée de la police suscite de profondes réactions de peur, que la moindre hausse du prix d'un produit de première nécessité déroule devant nos yeux le spectre hallucinant de la faim, que le moindre braquage évoque la Cour des miracles magnifiquement bien dépeinte par Hugo dans «Notre Dame de Paris».

Des casseurs et pas que des casseurs!
La violence qui sévit ces jours-ci en un crescendo hallucinant laisse pantois. Quand on voit des hordes de casseurs priver de braves citoyens de leurs moyens de subsistance, on ne peut que verser les larmes d'une douloureuse impuissance. Ce père de famille qui crie son désespoir devant le spectacle de son camion, complètement calciné, c'est nous-mêmes réveillés par un beau matin de printemps, avec la certitude de ne pouvoir calmer la faim qui serre le ventre de nos enfants.
Justement, à propos de casseurs, il y a beaucoup à redire! Ce sont, nous dit-on, des délinquants, des voyous et des truands qui, tout en tirant profit de la gabegie ambiante, sont eux-mêmes manipulés par des forces occultes. C'est vrai! Ce sont, nous dit-on aussi, des humains qui voient leurs parents galérer jusqu'à leur dernier souffle et qui ne peuvent les tirer des abysses de la souffrance cèdent aux sirènes de la barbarie. C'est vrai! Ce sont des adolescents qui ressentent la pire des frustrations de ne pouvoir empêcher les strass de la modernité de leur filer entre les doigts. C'est vrai! On peut donner d'autres explications et les sociologues ne sont jamais en peine d'en trouver.
Mais il y a autre chose de plus grave et de plus profond. Pendant 23 ans, un régime policier d'une rare férocité, appuyé par un parti aux larges ramifications au sein du tissu sociopolitique, a régné sur le pays, bâillonnant la parole, anesthésiant la pensée, tuant dans l'œuf toute velléité de liberté, piétinant la dignité humaine. Il a mis tout ce qui vit, tout ce qui bouge sous l'éteignoir, grâce à une diabolique culture de la violence souterraine née dans la conscience, en réponse à la chape de plomb qui écrasait le pays. Sous des dehors souriants, Ben Ali cachait en réalité une brutalité dont on entendait parler dans les chaînes satellitaires. Chaînes que le pouvoir n'hésitait pas à parasiter et à en réduire l'audience par le biais d'articles commis par une armada de folliculaires patentés. C'est ainsi que cette violence a irrigué les cerveaux non seulement des citoyens qui se considéraient comme exclus de la dynamique de la croissance, mais aussi elle s'est insinuée dans les boites crâniennes de tous ceux qui relayaient le pouvoir central au ras du social. C'est ainsi que les cadres locaux et régionaux du parti au pouvoir et les agents du système sécuritaire régentaient la vie du citoyen en utilisant la carotte et le bâton, et plutôt le bâton que la carotte, mus par une haine viscérale pour l'homme de la rue, accusé d'en vouloir à leurs privilèges.

La violence en chacun de nous
Donc, au cours de plus de deux décennies, la démarche démoniaque de Ben Ali, qui a trouvé auprès de sa femme et de sa famille un appui encore plus satanique, a consisté à semer les germes de la discorde et, même, de la haine non seulement entre les composantes principales de la société mais entre les citoyens eux-mêmes. Tout cela a permis la sédimentation progressive de couches du mal sur une nature du Tunisien, plutôt encline à la modération, au pardon et à la mansuétude. Ben Ali qui prônait devant ses invités étrangers la pleine tolérance, avait en réalité enraciné la tolérance zéro. Chacun avait peur de chacun. Chacun voyait dans son voisin un mouchard en puissance, un ennemi en puissance. Terrible ère de la méfiance, de la défiance, du soupçon. De sorte que, quand la révolution a éclaté, le citoyen ne savait pas à quel degré se situait la sincérité de son nouvel interlocuteur, la franchise du nouveau responsable politique, la bonne foi du nouveau militant du parti. Le terrain était tellement miné qu'une fois passée la période d'euphorie, celle des lendemains qui chantent, le citoyen a vu germer en lui les graines de la violence.
Il n'y a pas de meilleure illustration de cette résurgence du mal que les scènes de violence et de peur qui ont vu vendredi dernier les policiers s'en prendre à des journalistes qui couvraient une manifestation de contestation. Un reporter photographe a mis le doigt sur le mal en dénonçant la haine qui animait les bras des agents de l'ordre. Il n'a pas cru si bien dire. Et c'était d'autant plus surprenant que quelques semaines auparavant les policiers se plaignaient de la mauvaise image colportée sur eux par l'opinion publique et multipliaient les gestes de sympathie à l'endroit du peuple.
Mais ce serait se tromper lourdement que de croire que cette haine est l'apanage des seuls policiers. Elle est en réalité partout. Elle est en chacun de nous. Elle est en l'Autre. Elle est le produit innommable de la tyrannie qui nous pousse à nous replier sur nous-mêmes par peur de l'Autre. Ce volcanisme de la haine s'est déchainé, en un épouvantable tsunami dès que le souffle de la liberté s'était fait sentir. Est-ce un phénomène de catharsis qui fait évacuer de nos cœurs des laves pestilentielles dont les mauvais effets vont peut-être nous emmener sur les rivages de la délivrance dont nous espérons de tout cœur qu'elle est proche? Toute proche?


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