Tout d'abord, rendons hommage à tous ceux qui ont donné leur vie pour provoquer la fuite du tyran et nous faire goûter les fruits de la Révolution. Que Dieu accorde à ces martyrs Paix et Miséricorde. Mais que d'événements ont succédé à cette journée glorieuse du 14 janvier ! Nous ne parlerons pas des actes de terreur commis par des forces obscures, nous n'évoquerons pas non plus les saccages et les pillages perpétrés ici et là dans le pays et dont un grand nombre ont été orchestrés par des nostalgiques de l'ancien régime. Ce qui retient plutôt notre attention aujourd'hui, c'est le déferlement des revendications et des contestations qui, chaque jour, prennent de plus en plus d'ampleur, aidées en cela par la retransmission télévisée de rassemblements protestataires. Il est tout à fait légitime pour les citoyens, longtemps apprimés et privés de parole, vivant dans la précarité ou même dans la pauvreté, de faire entendre leur voix. En effet, c'est au nom de la révolution qui les a libérés qu'ils réclament aujourd'hui un emploi, qu'ils accusent ceux qui les ont spoliés, exploités, ignorés, qu'ils exigent des conditions de vie meilleures, qu'ils appellent à une répartition équitable des richesses… Bref, toutes ces exigences sont légitimes, même si parfois elles s'accompagnent de débordements à la limite de l'acceptable. Mais après cette vague de turbulences, inévitable au lendemain de toute révolution, il faut se mettre à l'évidence et se demander jusqu'à quand ce mouvement contestataire et de colère va durer. L'Etat, les organismes étatiques, semi-étatiques ou privés ont besoin de temps pour résoudre ou, plutôt, pour commencer à résoudre une multitude de problèmes sociaux longtemps étouffés mais aujourd'hui apparus crûment au grand jour. La patience est de rigueur et, en attendant des jours meilleurs, tout le monde doit se mettre résolument au travail pour que la croissance reprenne et, qu'en même temps, l'économie du pays se revitalise. Ce n'est qu'à cette condition que des emplois peuvent être créés pour ceux qui n'en ont pas, que des améliorations de tous ordres peuvent être apportées à ceux qui en ont besoin. Il est temps, à présent, après cette période d'agitation qui n'a que trop duré, que chacun prenne conscience du danger qui guette notre pays : la paralysie des institutions, l'effondrement de l'économie, l'installation du non-droit… Nul doute que si ces mouvements de revendications persistent avec la même acuité, on s'achemine fatalement vers le désordre, pire, vers le chaos. Les prémices de l'anarchie sont déjà là, il suffit de voir autour de soi ou de regarder les différentes chaînes de télévision, avides, semble-t-il, de reportages à sensation. Il est bien temps de mettre un terme à ces agitations, pour ne pas dire ces troubles, qui font boule de neige et qui risquent de nous emporter tous. Il faut absolument que ça cesse. Dans l'intérêt supérieur de notre pays.