Le syndicat de l'enseignement de base vient de lancer une grève illimitée des enseignants de base. Revendications : la chute du gouvernement d'Union nationale et la rupture avec tous les caciques de l'ancien régime. A cette occasion nous avons eu un bref entretien avec M. Hfeidh Hfeidh, Secrétaire Général du syndicat de l'enseignement de base. Il nous répond sur les critiques émises par certains parents d'élèves pour qui cette grève prend en otage leurs enfants et risque de perturber leurs cursus éducatif. - Le Temps : vers la mi-journée, quelles sont les premières statistiques sur le taux de suivi de cette grève ? Hfeidh Hfeidh : on n'a pas encore des chiffres exacts, mais selon les échos j'ai su que le taux de suivi de la grève est assez élevé, notamment dans les régions où la majorité du corps enseignant adhère à nos revendications, celles du peuple. Selon nos informations, le mouvement est suivi à 90-100% dans tout le pays. Il n'y a que quelques rares cas d'enseignants non-grévistes. - Précisément, quelles sont vos revendications ? Cette grève et avant tout une suite logique aux revendications de la rue qui exige la démission des symboles de l'ancien régime du gouvernement actuel et la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique. Notre grève qui se poursuivra le temps qu'il faudra, est celle de tous les enseignants, des Tunisiens qui refusent cette supercherie de l'ancien régime qui est en train de confisquer sa révolution. Le gouvernement pense que le mouvement va s'estomper avec le temps. Nous entendons à travers cette grève que notre réponse soit claire. - Pour certains, cette grève n'est pas la bienvenue, notamment pour les parents d'élèves pour qui on est entrain de prendre leurs enfants en otages alors qu'il est désormais temps de reprendre les cours surtout après ces longues vacances forcées. Une thèse partagée par des enseignants aussi. Que répondez-vous à ces critiques ? Il faut dire que nous nous attendons à ce contre offensif. Au fait, se sont les mêmes qui, aujourd'hui, font circuler ces critiques. Les mêmes qui, dans le passée œuvraient pour faire taire les revendications du peuple. Des milices de l'ancien régime qui ont changé de masque et dont les pratiques sont connues par tout le monde. A ceux qui critiquent cette grève je dirais deux choses : D'abord on ne fait que refléter la volonté de la majorité des Tunisiens qui sont actuellement dans les rues, donc des enseignants, des parents d'élèves et des élèves. Ensuite, et surtout, notre refus de ce gouvernement, c'est le refus d'un système qui a montré ses limites. Veut-on revivre les mêmes conditions que celles déjà vécues lors de l'ancien régime, qui veut aujourd'hui renaître de ses cendres. Ce que nous voulons aujourd'hui c'est des conditions de travail meilleures, d'un programme éducatif progressiste, d'un Etat qui s'implique d'avantage dans le financement de l'éducation. Des objectifs qui ne peuvent être menés par ce gouvernement qui n'est que la continuité de l'ancien régime qui a montré ses limites. Un échec lamentable. Au fait, cette grève est, contrairement à ces critiques, est observée dans l'intérêt des élèves et des parents d'élèves qui veulent assurer à leurs enfants une éducation meilleure. - Outre cette revendication politique, en tant que S.G. du syndicat sectoriel quelles sont, aujourd'hui vos revendications dans le secteur de l'enseignement de base ? Pour le moment, notre seule revendication est celle du départ du gouvernement d'Union nationale. Le jour venu, nous en parlerons. Mais maintenant, parler de revendications sectorielles est une trahison à la révolution des Tunisiens.