Le texte qui suit est un témoignage et une réflexion concernant certains agissements qui, au nom de la révolution, participent en réalité à son affaiblissement. L'auteur n'a pas tenu à révéler son identité : ce qui, en soi, est révélateur de cette atmosphère délétère qui s'est développée dans le secteur public, où les règlements de compte sont à l'ordre du jour et où les moyens utilisés ne sont pas toujours des plus honnêtes… La rédaction Plus de quarante jours après la fuite de Ben Ali, la contre-révolution s'organise de manière insidieuse. Sous le noble prétexte de nettoyer l'administration et les entreprises publiques de ceux qui sont trempé dans les magouilles de l'ancien régime, la chasse aux sorcières reprend de plus belle. Atmosphère lourde, 90% des fonctionnaires et agents ne veulent pas, ne peuvent pas ou n'ont plus envie de travailler. Et les pseudo-révolutionnaires de s'organiser pour régler leurs comptes en utilisant tous les artifices de la propagande et de la rumeur pour décapiter nos institutions en utilisant la technique du «dégage». Beaucoup de manifestants en ont «gros sur la patate» et participent à leur insu aux séances de défoulement savamment organisées par les contre-révolutionnaires. En effet, il est intéressant de constater que les «révolutionnaires» les plus virulents étaient soit très actifs au sein du RCD ou dans des partis dits de la mouvance présidentielle, soit des individus qui cherchent à se mettre en valeur pour obtenir une promotion ou un avantage par «légitimité révolutionnaire» car, si on leur appliquait les critères objectifs d'évaluation de leurs compétences, ils tomberaient sous le coup du théorème de Peter, ayant atteint depuis longtemps leur niveau d'incompétence. Qui planifie et organise ces raids contre les responsables de l'administration et des entreprises publiques ? Ceux qui auraient beaucoup à perdre si le calme revenait, et qu'on entamerait, de manière légale et dans la sérénité, le jugement de chaque personne accusée de corruption ou d'enrichissement illégal, et l'on peut étendre l'accusation à ceux qui ont porté préjudice à l'économie nationale par des décisions inconsidérées. Si ces personnes sont les «révolutionnaires» qu'ils se prétendent être, et s'ils veulent que cette révolution, initiée par les déshérités et non par eux, atteigne ses objectifs de liberté et de prospérité, ils doivent : - Travailler d'arrache-pied et laisser leurs revendicatoins en arrière-plan jusqu'à ce que l'économie se redresse et qu'on crée suffisamment de richesses pour faire face au problème du chômage et répondre à leurs doléances. - De proposer des solutions aux problèmes qu'ils posent, et ne pas se contenter d'émettre des critiques stériles. - Constituer des dossiers d'accusations solides contre tous ceux qui ont participé aux pillages de notre pays. Et participer à la mise en place d'un système garantissant la liberté, la justice sociale, et tout simplement la justice. Sinon, rien n'empêche de penser que ce sont des contre-révolutionnaires et des mercenaires de l'ancien régime qui ont beaucoup à se reprocher. A.I. (responsable dans une entreprise publique)