La révolution du peuple tunisien pour la liberté et la dignité n'a jamais autant saigné son budget économique. C'est d'autant plus vrai qu'on se retrouve presque dans l'impossibilité d'en évaluer réellement les pertes, tellement elles sont à la fois importantes et complexes. Un tel constat, du reste préoccupant, implique à notre pays d'entreprendre toutes les dispositions nécessaires pour prétendre à une relance économique sûre et rapide. Toutefois, pour qu'on soit réaliste, cette relance tant espérée ne serait certainement pas pour demain. Il est vrai justement que le soulèvement du peuple tunisien, mais aussi et surtout les révolutions égyptienne et libyenne ont fini par bouleverser significativement le comportement de certains marchés de produits stratégiques. On pense surtout au pétrole dont le prix du baril grimpe, depuis quelque temps, à une vitesse spectaculaire, à en couper même le souffle. Avec une barre qui frôle déjà les 120 dollars le baril, toutes les prévisions, même les plus pessimistes, se retrouvent ainsi largement dépassées. Ce qui rend totalement difficile la mise en place de scénarios alternatifs efficaces, du moins à court terme. Ce qui est encore plus grave, c'est qu'une accalmie de cette montée spectaculaire du prix de l'or noir n'est pas encore d'actualité, surtout que l'éventualité de voir ces révoltes s'étendre à d'autres régions semble de plus en plus fondée . C'est pour cette raison d'ailleurs qu'on parle même d'un seuil de 220 dollars le baril d'ici peu. Ce qui donne déjà des «frissons» économiques. Face à ce tableau totalement gris, il est impératif que la communauté internationale agisse désormais en commun, à la faveur d'approches complémentaires et surtout solidaires. Cette disposition n'est plus un choix mais plutôt une obligation, car cette montée du prix du pétrole ne tardera pas à provoquer de véritables hémorragies au niveau du budget de la majorité des économies. Cela est d'autant plus vrai qu'en règle générale, «il est dit qu'une hausse durable de 10 dollars le baril ampute la croissance mondiale d'environ 0,5%».