L'endettement hôtelier a toujours été, est et risque de demeurer une question épineuse, totalement complexe et sans aucune issue. Un tel constat désolant s'explique, en grande partie, par l'indifférence totale des décideurs du secteur, le manque d'évaluations sérieuses des projets lancés, et la mauvaise gestion au niveau des unités hôtelières. Une mauvaise gestion qui s'explique elle-même par le non-professionnalisme des promoteurs du secteur. Il est vrai justement que depuis des années déjà, et avec la multiplication des zones touristiques, le secteur s'est retrouvé totalement envahi et dominé par des promoteurs totalement étrangers à la profession et qui n'avaient d'autre souci que de tirer pleinement profit des multiples et importants avantages financiers accordés aux «nouveaux patrons» hôteliers. Et peu importe la rentabilité du projet en l'absence de suivi et de contrôle...ce qui a fait du respect des délais de remboursement une question très difficile pour ne pas dire impossible. Cette négligence, sinon cette marginalisation, a fini par affecter sérieusement la compétitivité du secteur qui est passé progressivement et sans le vouloir, bien entendu, d'un secteur qu'on qualifie de stratégique à un secteur plutôt à charges qui pose de réelles pressions sur le budget de l'Etat et contribue d'une manière directe au déséquilibre de tout le secteur bancaire, faute du maintien de ces créances non productives... Une situation du reste alarmante et qui risque d'empirer, faute d'une restructuration en profondeur. Au niveau de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie, cette restructuration devrait reposer essentiellement, et avant tout, sur une séparation bien étudiée entre l'immobilier hôtelier et la gestion hôtelière elle-même (ce qui signifie chasser les intrus du secteur), l'allégement de la dette à travers des reconversions en actions, l'amélioration du niveau de qualification professionnelle à la faveur d'une politique de formation à la carte et, bien entendu, l'accélération des programmes de mise à niveau des unités hôtelières. Au niveau des acteurs financiers, cette restructuration devrait tenir compte d'une meilleure évaluation des projets touristiques proposés à travers une bonne valorisation des schémas de financement et surtout une conformité totale aux règles prudentielles de tout financement. Le tout adossé à une politique de recouvrement bien rigoureuse.