Une dette extérieure d'environ 22 milliards de dollars : un montant élevé, trop même pour un pays qui passe actuellement par une conjoncture très difficile. Mais ce qui rend cette dette (contractée depuis des années et des années déjà) totalement incompréhensible et préoccupante, c'est qu'elle contredit et fausse tous les rapports des instances financières internationales, notamment le FMI et la Banque mondiale, qui n'ont cessé tout au long de ces dernières années de parler de miracle économique tunisien, d'un exemple à suivre... Peut-on donc parler de complaisance internationale, ou encore de manipulation pour «couvrir» des dépassements et des pratiques odieuses? Ces deux hypothèses sont à prendre au sérieux! Car, si on est arrivé réellement au stade de miracle économique, on aurait pu certainement affranchir notre économie d'une bonne partie de son endettement pour s'assurer ainsi une certaine souveraineté ou encore autonomie financière. Il est vrai justement que le recours à l'endettement n'a jamais été ni une nécessité de principe ni encore un besoin systématique. Un endettement se fait uniquement en cas d'extrême urgence, ce qui est rarement le cas pour la Tunisie. Cette logique légitime, en quelque sorte, les hypothèses avancées quant à des pratiques douteuses et même à un endettement personnalisé. Cela est d'autant plus vrai que la répartition de la dette extérieure de la Tunisie montre clairement que cet endettement a été dicté, dans une grande proportion, par le besoin de satisfaire les intérêts personnels du clan du président déchu et consorts. Aujourd'hui, partant de cet état de fait, l'heure n'est plus à la tergiversation mais plutôt aux solutions pratiques et concrètes. C'est-à-dire la nécessité de savoir composer, positivement, avec cette réalité douloureuse pour l'économie nationale. Certes, la Tunisie est en mesure d'honorer sa première échéance de remboursement évaluée à environ 820 millions de dinars, mais cela risque de constituer une charge supplémentaire et surtout un handicap pour une relance rapide de son économie. De ce fait, l'appel par toutes les parties à une réduction de la dette semble plutôt légitime. Cela est d'autant plus vrai que l'économie tunisienne vient de subir un coup de ralentissement significatif et que son appareil de production s'est retrouvé totalement grippé. Un appel à la réduction qui ne pourrait aucunement affecter la crédibilité de notre pays auprès des instances financières. Il pourrait bien au contraire servir, même progressivement, la souveraineté financière de notre pays.