Au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, une grande exposition rend hommage à l'un des peintres les plus énigmatiques du XXe siècle : Kees Van Dongen. Sous le thème de " Fauve, anarchiste et mondain, cette exposition qui durera jusqu'à la fin du mois de juillet rend hommage au plus parisien des peintres hollandais, en une vaste rétrospective, la première depuis 20 ans. Retraçant le travail de l'artiste de 1895 à1930, cette exposition témoigne des dernières étapes de la carrière de Van Dongen, à la lumière des dernières recherches historiques. Car, malgré sa célébrité précoce, et bien qu'il soit considéré comme une figure essentielle de l'art du XXe siècle, son œuvre demeure méconnu. Considéré comme l'un des représentants les plus audacieux du Fauvisme par les critiques d'art peu après son arrivée à Paris, il se démarquera cependant des Braque, Dufy et Derain : il choisit une voie originale tout en continuant de fréquenter Picasso, et les milieux artistiques de Montmartre et de Montparnasse. Peintre attentif de la vie parisienne, on a pu comparer son regard attentif à celui de Degas ou de Toulouse Lautrec. Mais il reflètait aussi ce que, justement, la vie parisienne avait d'international, dans l'effervescence culturelle de l'époque. Mais Van Dongen était également un peintre voyageur, fasciné par l'orient, qui vécut en Egypte, et travailla en Tunisie. C'est à Paris que cet artiste, dont un critique écrivit qu'il avait " un esprit occidental avec une âme orientale", après le Bateau Lavoir, et son atelier de Montparnasse, s'installa dans une maison de la Villa Saïd: "Un rêve oriental d'une voluptueuse splendeur". Il y créa une atmosphère étonnante, faite de mille et une nuits, et de minuits parisiens. Ce qui fit dire de lui que "Hollandais de naissance, parisien de formation, il reste pourtant chez lui quelque chose de curieusement oriental". Quittant son Palais bijou, il se rendra au Maroc, en Tunisie, puis en Egypte. Et ce n'est guère par hasard si on lui demande, en 1919, puis plus tard une seconde fois, d'illustrer certains contes des 1000 et 1 nuits: illustrations qui firent beaucoup parler, et dont certaines furent censurées. En Tunisie, Kees Van Dongen a peint des paysages urbains, certains personnages. Peu d'œuvres sont connues, et peut-être qu'une recherche lancée à l'occasion de cette grande exposition mériterait d'être faite par nos critiques artistiques.