Le principal problème que la Tunisie a à résoudre est le chômage. Avant et après la Révolution, il est primordial de créer des emplois. Le gouvernement provisoire s'évertue à parer au plus pressé, en développant des programmes d'urgence. Il se trouve que la Révolution a eu des effets collatéraux qui ont engendré des dommages aux entreprises et aggravé le chômage. Citons, à titre d'exemple, les 41 entreprises étrangères qui ont cessé toute activité. Même si 75% d'entre elles n'emploient que moins de 100 personnes, cela fait du chômage en plus. Cela veut dire qu'il est aussi important et urgent de préserver les emplois existants. Selon les statistiques du ministère de l'Industrie et de la Technologie, le nombre des entreprises industrielles, directement ou indirectement touchées par les actes de pillage, vol et ou incendie, a atteint jusqu'au 25 avril 2011, 220 entreprises employant 10.000 personnes. Le patronat, lui,estime, le nombre des entreprises dont les dégâts ont atteint plus de 10.000 dinars, à 315 entreprises, outre les 200 unités ayant subi des dommages inférieurs à ce montant. Les dégâts, selon les patrons, s'élèvent à 140 millions de dinars, et sont dues à l'arrêt total des activités, à la baisse du rythme de production, à la perte de clients ou aux tensions sociales au sein de l'entreprise. Là aussi, l'Etat a pris des mesures au profit de ces entreprises dites "sinistrées" : prise en charge par l'Etat de 50% de la contribution patronale au régime légal de sécurité sociale, durant la période de recours à la réduction des heures de travail (8 heures par semaine au minimum) ainsi que la prise en charge par l'Etat de la contribution patronale au régime légal de sécurité sociale durant la période de la mise des travailleurs au chômage technique. Financièrement ces mesures consistent en la prise en charge par l'Etat de 40% des dégâts subis par l'entreprise, plafonnée à 500.000 dinars. Cependant, cet effort de l'Etat ne semble pas être partagé par toutes les institutions publiques. Un exemple : une entreprise de confection, étrangère, sise à Ras Djebel et employant, directement 120 personnes et indirectement (avec les travaux de sous-traitance) plus de 200, et dont la production est entièrement exportée, rapportant annuellement plus de 2 millions de dinars, est en butte aux tracasseries de la Caisse de sécurité sociale. Les dossiers de l'entreprise indiquent que tout est en règle, que les cotisations sont versées régulièrement et sont à jour, soit 25.000 dinars par trimestre (100.000 dinars par an). On pourrait croire que tout est régulier ; mais non, la caisse, arguant un retrait de liquidités du patron, décide un "redressement" de 50.000 dinars. Complètement injustifié. Malgré les protestations et les preuves, la caisse tient à son redressement : une entreprise n'a-t-elle pas le droit de retirer de l'argent de son compte pour faire face aux différents frais sans encourir un redressement arbitraire de la caisse ? Informé, le gouverneur de la région s'est engagé à résoudre le problème ; sans suite. Mieux: l'entreprise, qui doit effectuer son bilan annuel, ne peut le faire car on ne lui a pas restitué ses dossiers. Qu'y-a-t-il derrière ce qui est considéré comme un abus de pouvoir ? Le patron certifie qu'il n'a jamais eu à faire face à de la corruption ou autre acharnement. En tout cas, avec ses partenaires, il pense sérieusement à fermer et à aller voir ailleurs. D'autres entreprises subissent ce genre de tracasseries sérieuses et sont tentées de fermer boutique. Certes, on ne s'est pas beaucoup intéressé aux problèmes des caisses de sécurité sociale qui connaissent aussi des revendications salariales, des problèmes de chômage, des réticences à s'acquitter des contributions, des demandesd'exonérations … Mais est-ce une raison pour harceler les entreprises, surtout celles qui sont en règle et versent leurs contributions ? Notamment en cette période où toutes vivent dans la précarité et l'incertitude. Récupère-t-on d'une main ce que l'on donne de l'autre ? Il y a comme une incohérence.