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A la croisée de la philosophie et de l'observation quotidienne
Livres : Promenades Mentales de Jamila Ben Mustapha

Voici un nouvel arrivé dans la littérature tunisienne d'expression française, un genre nouveau, dont Jamila Ben Mustapha nous a donné la primeur. Philosophe et femme de lettres de par sa formation, elle a fait se rejoindre le traité de morale à l'œuvre littéraire, avec une attention au «grain du texte» qui charme, qui représente, qui pousse à l'imagination.
Ce livre est autant à toi qu'à moi, laisse entendre le message. Car l'œuvre est novatrice en plus d'un sens. D'abord, en présentant un «moi» qui n'est ni un modèle ni l'objet d'une histoire. C'est bien une œuvre qu'elle écrit, où elle analyse les mœurs et coutumes de son temps et de son pays. Elle ne cherche ni à expliquer les théories du siècle, ni à adapter la démarche didactique des traités de psychologie sociale ou des sciences du comportement. Nous retrouvons dans Promenades mentales cette même modestie à la Montaigne, personnelle et multiple, où elle nous parle «de brassages, d'interprétation d'idées se nourrissant perpétuellement les unes des autres». Mais elle continue en affirmant que, dans tous les cas, «il faut avoir l'humilité …en passant à la pratique, d'assurer de visu et de façon tangible l'imperfection». Qualité rare et précieuse, la modestie de Mme Ben Mustapha s'insère, sans le vouloir, dans le parcours de l'humain.
La formation de philosophe qui a marqué l'auteur du livre a donné plus de profondeur à cette «promenade», qui n'est pas que «mentale». Elle est aussi concrète, physique et fait partie de l'expérience du quotidien. Le fruit de ce parcours n'est ni une leçon moralisatrice destinée aux jeunes, ni l'affirmation d'un ego qui se décrit. Certains assènent des définitions de l'Homme, Mme Ben Mustapha préfère rester dans le descriptif et le narratif, non de l'évaluatif.
L'illustration en est toujours une idée, une situation, un flash sur le quotidien. Dans le chapitre «Mère fille», l'auteur raconte que, pensant apprendre à son enfant la technique de l'adaptation  aux situations, fut reprise par la réponse ironique et bienveillante d'une amie commentant son projet : «Toi, apprendre à quelqu'un la souplesse» ! Les propos pouvant être plus marquants que les faits. Ce type de réaction, transmis par le vécu le plus primaire, a son rôle dans l'économie des idées.
La promenade toute personnelle qu'elle nous propose nous permet ainsi de pénétrer dans le sens profond «du grain de la vie » qui semble si anodin. A Tunis et dans les souks, région marchande de la Médina, le lecteur capte cette image du commerçant qui, obligé de s'absenter, pose soigneusement une barre au bord intérieur de son étalage comme signe d'interdiction d'entrée dans sa boutique aux chalands. Simple signe pour l'œil averti de son voisin qui protégera le commerce de son collègue absent. Bon voisinage que le lecteur charmé peut concevoir comme une preuve de chaleur humaine et non comme un code de métier.
Plus tristement, nous visitons, dans cette promenade, la chambre d'un être cher après son départ et dont on n'a jamais conçu l'absence. Ses objets personnels prennent tout à coup un autre sens, quittant brusquement la catégorie à laquelle ils appartenaient pour devenir, comme la madeleine de Proust, un kaléidoscope de souvenirs.
Chaque lecteur peut aussi avoir cultivé ses sentiments et ses interprétations à sa guise. C'est ainsi que le lien entre bonheur et malheur rencontré dans cette promenade peut être vu autrement. Pour l'auteur, c'est le second qui prime sur le premier : «Si l'on passe de ce qui induit par la notion à l'expérience elle-même, on se rend compte que l'être humain est peu doué pour le bonheur.» Pour le malheur, alors? Voire. Mais pour certains, il peut y avoir pour chaque jour, un matin lumineux, même s'il ne chante pas; on y retrouve ainsi l'art du débat avec l'autre, si cher aux philosophes antiques, et, dans notre cas, in absentia.
C'est ainsi qu'on revient à l'idée de promenade mentale (dans le sens biographique du terme) de Mme Ben Mustapha, à ce type d'écriture à sauts et à gambades si cher à Montaigne.
Ce livre distille une sagesse très particulière issue de l'observation de soi et de l'autre. Libre à nous d'en continuer l'exercice, et pourquoi pas, à l'heure où la Tunisie est à l'aube sinon à l'entrée de sa révolution.


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