Dix neuf partants, une course très ouverte et le rêve de gloire de tout propriétaire… Le moment tant attendu est enfin arrivé ! Les meilleurs mâles et femelles de la génération des «A» (les 4 ans) se sont donné rendez-vous pour notre Derby national, le Grand Prix du Président de la République, le premier de cette ère nouvelle après notre glorieuse Révolution et qui aura donc une valeur symbolique importante. Dix neuf partants ! Aucun propriétaire-éleveur ou professionnel n'a voulu être en reste à cette grande Fête annuelle du Cheval. Cet engagement des professionnels témoigne de leur passion pour les pur-sang, de leur fierté d' appartenir au monde de l'hippisme et de leur volonté de participer activement à l'essor de ce secteur à la fois agricole et sportif, traditionnel et moderne et qui emploie des milliers de personnes à travers le pays, en particulier dans des régions déshéritées du centre et du sud, actuellement à la recherche de projets et d'investissements ! Des encouragements aux éleveurs locaux, des incitations aux investissements pour la création de haras, de clubs hippiques, de centres de formation dans les métiers du cheval, d' hippodromes et de centres d'entraînement aux structures légères…pourraient contribuer au développement régional et fixer les jeunes dans leur environnement familial. L'hippodrome centenaire de Kassar-Saïd a subi ces dernières semaines un «lifting», avec d'importants travaux de propreté, d'aménagement et de décoration. L'effervescence inaccoutumée qui y règne depuis une dizaine de jours laisse présager un évènement grandiose ! Plusieurs délégations étrangères sont attendues ( France, Italie, Malte, Maroc, Algérie, Libye), il ne fait aucun doute que les enceintes et les tribunes seront pleines à craquer. Une pléiade de jockeys professionnels étrangers (les français Ch. Nora, D. Bonilla, R. Marchelli, A. Badel, J.B. Eychem, C. Brechon, E. Revolte et l'italien E. Fumi) se mettront en selle, aux côtés des meilleurs cavaliers tunisiens. Voilà qui promet ! Ce «Grand Prix» Groupe I doté de 150.000 Dinars et disputé sur la distance sélective de 2.000 mètres s'annonce très ouvert avec six à sept candidats aux valeurs confirmées et susceptibles de l'emporter. L'Ecurie Baccouche, la plus ancienne des casaques tunisiennes, sera représentée par Al Moutaouakel (Hajjam et Laâziza), brillant lauréat du Grand Prix de l'Agriculture au mois de décembre dernier, et en disposant de ses aînés et vainqueur de l'ultime préparatoire (Prix Slaheddine Baccouri – 2.000 m) devant Arkane, Aboud, Alwaâd Essadek et Ashkalani. C'est un poulain très aguerri avec 20 sorties depuis ses débuts en mars 2010 et d'une belle régularité (4 victoires, 3 fois second et 3 fois troisième, 6 fois quatrième et 2 fois cinquième). Son manager Mohamed Sahbi Baccouche assume bien ce statut de favori : «Je regrette tout d'abord l'absence pour indisponibilité de mon second poulain Al Moustakim un fils de Dormane et Meziana, brillant vainqueur à la fin décembre du Prix d'Essai. Quant à Al Moutaouakel, il est actuellement en belle condition et devrait fournir sa meilleure valeur. Mais l'opposition est très relevée, ne l'oublions pas…j'ai dû remplacer au dernier moment le jockey Nicolas Perret qui a subi un gros malheur familial, un grave accident de voiture, par Jean-Bernard Eyquem». Auteur de quatre succès consécutifs pour ses débuts (de 1.400 à 1.600 m) en contrôlant ses courses de bout en bout et avec une belle aisance, Alwaad Essadek (Hajjam et Lella El Behia) appartenant à Mr Adel Jenguili régnait sur la catégorie. Mais à la fin décembre, il a été «renversé» par Al Moustakim et devancé même par Arkane. Il a effectué depuis 2 sorties, sans succès. Est-il limité à la distance ? Son entraîneur Mohamed Ben Ali ne le pense pas : «Le 1er mai, il a abordé pour la première fois les 2.000 m, en course d'attente avec le jockey David Bouland qui s'est montré satisfait de sa prestation (quatrième). Il a beaucoup tiré au départ, mais son jockey a réussi à le placer au sein du peloton. Il est bien revenu à la fin. Bouland étant suspendu, j'ai dû faire appel à Charles Nora qui connaît bien les pur-sang arabes. J'ai également engagé Arifa, une pouliche aux qualités certaines, mais qui a eu cet hiver un passage à vide, suite à des problèmes de croissance. Elle revient en forme et une place est à sa portée». Arkane (Manguier de Piboul et Mouzdalifa) à M. Kamal Sakah a effectué 12 sorties avec quatre victoires et quatre secondes places. Sur la montante et doté de beaucoup de tenue, cet excellent finisseur a les moyens de mettre tout le monde d'accord à l'issue d'un parcours sans encombre. Son entraîneur Sami Bejaoui est très confiant : «Mon poulain a bien progressé durant cet hiver. Il est en forme et devrait disputer l'arrivée. Un train rapide et soutenu ne serait pas pour lui déplaire. Les mâles semblent supérieurs aux pouliches. J'ai tenu quand même à aligner Araek . C'est une pouliche courageuse et volontaire et termine bien ses courses. Elle cherchera une place…» Le Haras Meddeb qui avait réussi l'année dernière l'exploit de remporter les trois premières places de cette prestigieuse épreuve, alignera trois poulains : Ashkalani (Hajjam et Jenet Loubnan), un poulain aux qualités affirmées (12 sorties – 4 vict., 2 fois second, 1 fois troisième) et capable de jouer les premiers rôles, Assariy'a (Hajjam et Nahdha), auteur de 10 sorties (1 vict. et 6 secondes places) en constants progrès mais qui semble tout de même manquer un peu de classe, Al Moutawej (Tidjam Lotois et Norchene) qui vient d'ouvrir son palmarès avec une prometteuse victoire dans le Prix de Matmata (1.400 m) avec 5 l. d'avance sur ses poursuivants et qui serait en quelque sorte «le joker» de l' entraîneur Ahmed Charni. Ce dernier reste cependant très prudent : «C'est un Grand Prix très ouvert et ma longue expérience m'a appris que rien n'est joué à l'avance…Mes trois poulains ont gagné en condition et leurs derniers travaux ont été très satisfaisants. Nous sommes plein d'espoir». Auteur de 21 sorties, Aboud (Hajjam et Ioussr) appartenant au Haras Marja (Dr Fourati), avec trois victoires et des places, est le poulain qui monte en puissance. Les connaisseurs auront retenu son bel effort final lors du préparatoire (3e assez près de Al Moutaouakel et Arkane) qui pourrait ne pas rester sans lendemain. Les propos de son entraîneur Sadrine Chebil sont assez rassurants : «Je suis tout à fait satisfait de la façon dont il s'est préparé pour ce grand rendez-vous. Il m'a fourni un bon galop samedi dernier et il n'a eu besoin mercredi que de s'ouvrir les poumons. Il est vraiment au mieux et j'attends de lui une grande performance !» Frère utérin du champion Tyn, Ammour (Hajjem et Baldia) appartenant à Mr Abdelkrim Ben Jerad, a fait grosse impression à la mi-avril en s'adjugeant avec brio le Prix Akermi (Gr II – 2.000 m) en devançant nettement Arkane et Al Moutaouakel, mais a fait «impasse» sur le dernier préparatoire. Il a débuté au mois de novembre dernier et ne compte que 5 sorties avec 2 victoires. Sa fraîcheur physique pourrait être un atout supplémentaire. Son entraîneur Ali Hajeri croit en ses chances : «C'est un sujet tardif et il a fallu respecter sa croissance. Il s'est bien développé physiquement et travaille bien. Il a les moyens et la tenue nécessaire pour réussir». Face à ses premières chances, d'autres sujets un peu moins titrés pourraient agréablement surprendre comme : la pouliche Aanoud Al Badr (Dormane et Faten Hamama) auteur au printemps dernier de débuts fracassants avec trois succès consécutifs de 1.400 à 1.600 m. A l'arrêt depuis une année, elle effectuera directement sa rentrée dans ce derby. C'est dire que sa tâche s'annonce difficile ! Akermiya (Hakim du Bac et Rimaya) porte-drapeau des «Akerma» (tribu de la région de Zarzis) généreuse à l'effort et à la tenue confirmée, Achem (Tidjam Lotois et Jaw El Ouassat) à Mr S. Bouabid, régulièrement à l'arrivée et qui bénéficiera de la monte experte de Dany Bonilla, Adid (Hakim du Bac et Guelma) acquisition de Mr Hamouda Ben Ammar, poulain tardif mais courageux. Une course donc prometteuse et du beau spectacle en perspective… Une affiche riche et variée La seconde attraction de cette grande fête annuelle du cheval sera le derby des 3 ans de pur-sang anglais nés et élevés localement, baptisé Grand Prix de la Révolution et de la Jeunesse (Gr I – 70.000 Dinars – 2.000 m) qui réunira 8 partants, dont quatre représentants du Haras Meddeb : High Hope, High School, Next Time et la pouliche Sohar. Il y a fort à parier qu'ils s'emparent des trois premières places, comme ce fut le cas l'année dernière… Plusieurs classiques seront également à l'affiche, le Grand Prix de Carthage (Gr I international – 50.000 D – 2.000 m) pour pur-sang arabes de 4 ans et plus avec 12 partants, qui ne devrait pas échapper au 6 ans Tyn, le Prix Godolphin Arabian (Gr I – 40.000 D – 1.600 m) derby des 3 ans «orientaux» avec 14 partants et qui s'annonce très ouvert, le Prix de Cagnes-sur-Mer (Gr I – 30.000 D – 2.200 m), Grand Prix des pur-sang anglais importés avec 12 partants et qui s'annonce très spectaculaire, le Prix de l'Union Hippique de la Méditerranée qui servira de support au Championnat méditerranéen des jockeys avec la participation d'un représentant par nation ( France, Italie, Malte, Maroc et Tunisie). En conclusion, un grand rendez-vous à ne pas manquer !