Le gouvernement actuel est un gouvernement d'expédition d'affaires courantes donc à cet effet, il ne peut établir aucune stratégie à terme, il ne peut intervenir que sur des affaires qui revêtent un caractère urgent en vue de maintenir la stabilité du pays. Il ne faut pas demander l'impossible, certaines décisions non urgentes peuvent attendre, il faut laisser les responsables faire leur travail. Le calme est partiellement revenu mais des brèches persistent toujours et c'est de notre devoir à tous, y compris les syndicalistes, de nous entraider dans le seul objectif : l'intérêt supérieur de notre chère Tunisie. Il faut absolument discipliner les gens en commençant par le respect de l'état d'urgence, l'Europe a évolué grâce à l'application de la loi. Il faut rétablir l'ordre et être strict et sévère, ceux qui seront pris en flagrant délit de pillage, de destruction et d'incendie devront immédiatement être arrêtés et traduits en justice. Il serait souhaitable d'afficher les sanctions à encourir, pour savoir à quoi s'en tenir le cas échéant et faire une large sensibilisation pour que chacun prenne ses responsabilités, y compris les parents à l'égard de leurs enfants. Compte tenu de la situation qui prévaut dans le pays, certaines retouches devraient être apportées quand même aux portefeuilles de certains ministres, à savoir : 1- Le ministère du Développement régional n'arrive pas encore à démarrer, c'est évident et il ne pourra jamais le faire, il manque de moyens tangibles d'exécution à défaut d'état major de fonctionnement. C'était une erreur depuis le premier gouvernement après la révolution, la solution existe déjà et elle est unique, c'était au ministère de l'Intérieur, qui se chargeait autrefois …du développement local et des affaires régionales, de lui faire transférer tout le département qui n'a plus de raison d'être. Les gouverneurs, qui remplissent cette mission, seront désormais sous l'égide de ce nouveau ministère des Affaires régionales et du Développement local. Cette appellation dans cet ordre là est très significative parce que ce ministère sera tenu de s'occuper de toutes les affaires de la région, tous domaines confondus, et en particulier du développement des différentes localités du gouvernorat. Ceci n'est plus l'affaire du ministre de l'Intérieur, qui a une mission spécifique de sécurité, de sûreté et de l'ordre public, mais d'un ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des affaires régionales et du développement local pour lui donner plus de pouvoirs en vue de garantir le résultat. On rapproche ainsi réellement le gouvernement du citoyen et pour la première fois des véhicules immatriculés " 01 " circuleront dans les régions, c'est un symbole à ne pas négliger de début de changement. Il ne s'agit plus de mise en œuvre d'une volonté politique, il faut passer à l'action et donc faire participer plusieurs ministères à travers leurs représentations régionales, dont le chef d'orchestre sera le gouverneur, originaire de préférence de la région et pourquoi pas élu dans l'avenir, qui représentera le gouvernement et non l'Intérieur. Cela éviterait que sept ministres se déplacent en même temps pour faire part au public de leurs différents programmes de développement. Ces régions ont plutôt besoin de représentants permanents, comme celui de l'API avec son guichet unique, les centres d'affaires etc… On a vu d'ailleurs que la visite de Sidi Bouzid a provoqué une polémique dans la sélection des régions. Nous disposons d'un Code d'incitation aux investissements qui favorise ces zones souvent oubliées, d'ailleurs ces derniers temps, certaines zones ont été très sollicitées, surtout par les investisseurs étrangers. Qui pourront bénéficier d'encouragements fiscaux intéressants. C'est une sorte de «paradis fiscal», ayant les mêmes avantages que les entreprises exportatrices afin d'assurer la pérennité. Comme il faut que l'Etat renforce l'infrastructure routière desservant ces zones et implante des unités de formation professionnelle, même d'une façon temporaire, suivant les besoins spécifiques locaux. Une fois les banques installées et toutes les mesures d'accompagnement établies, dont la sécurité, c'est au gouverneur et à lui seul de mener à bon port son gouvernorat. Cette tâche est très rude et nécessite beaucoup de capacité. Ce n'était pas le cas auparavant, ces régions étaient le «frigo» des responsables indésirables. Aujourd'hui le gouverneur, doté de tous les moyens, est seul maître à bord, il doit veiller à l'application des décisions du gouvernement et a obligation de développer en collaboration avec le conseil régional son petit Etat avec l'assistance des délégués et les omdas, qui s'occupaient autrefois de la sûreté et la protection du régime et des individus. 2- Que le ministère de la Femme devienne celui de la famille et de la cohésion sociale. Aujourd'hui la famille est en train de se déchiqueter et la cohésion sociale se fait de plus en plus rare. En revanche, Dieu merci, la femme tunisienne jouit de tous ses droits civiques et politiques, le Code du Statut Personnel est unique dans le monde arabe et il faut veiller à son application. C'est à la femme et à elle seule de conquérir son espace et les droits dont elle dispose. Il faut éviter la discrimination positive, la femme tunisienne est égale à l'homme et elle dispose de plusieurs associations. Elle préfère la vie familiale et associative par rapport à la vie politique, il faut la saluer et c'est de notre devoir de la soutenir et veiller à conserver cet équilibre socio-naturel. La femme bénéficie d'un caractère sensible très spécifique pour la constitution de la famille, il faut s'en réjouir et entourer la famille de beaucoup d'attention. 3- Que le ministère des Affaires religieuses devienne celui des affaires religieuses et de la solidarité, ceci compte tenu du mécanisme chargé des aides à effectuer aux familles nécessiteuses, soi-disant fait par le 26-26 autrefois. Le ministère des Affaires religieuses est le mieux placé pour cela puisque l'Islam appelle à l'aide et à la solidarité. Cela est très important en cette période où la solidarité s'impose, évitant le vide et les conséquences négatives éventuelles. Pour sauvegarder l'image réelle et noble de l'Islam, suite à l'amalgame que connaît le monde occidental concernant les mots : musulman et islamiste, il serait souhaitable que le ministère mène une campagne contre l'usage inadéquat prémédité pour des raisons politiques du mot Islamiste pour exprimer «musulman extrémiste» . Cela a créé une islamophobie dans le monde occidental dont les conséquences sont fâcheuses. A titre d'exemple dire : Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) !, pour Monsieur Tout-le-monde, c'est l'Afrique du Nord qui a rapport avec l'Islam, puisque la Tunisie en fait partie, nous sommes présumés être des musulmans extrémistes, d'où un impact direct sur le tourisme, à part les effets indirects… alors qu'il s'agit de la zone du Sahel soit l'Afrique subsaharienne dont la Tunisie n'en fait pas partie. La Tunisie, autant que les autres pays de l'Afrique du Nord, est touchée dans sa dignité, ses droits et ses intérêts. Le ministère doit défendre notre pays et illuminer les esprits et offrir la vraie version de l'Islam, comme religion d'amour divin et de tolérance. 4- Que le ministère de la Culture devienne celui de la culture et de la communication (comme celui de la France), à défaut de charger le ministre, auprès du premier ministère, de la communication. Autant la communication dans un régime totalitaire est antidémocratique, autant elle est un indice de civisme et de liberté incontestable dans une démocratie et on ne peut pas s'en passer. Le déficit de communication enregistré, dont tout le monde en parle, laisse la porte ouverte aux spéculations, aux rumeurs et aux fausses informations. La communication est plus que nécessaire surtout dans cette situation que nous sommes entrain de vivre. Il faut expliquer les objectifs de cette révolution qui est en fait culturelle, elle vient de commencer et qu'on doit bien la conduire à bon port, en évitant les bévues. Comme il faut défendre le pays et faire face aux reportages diffamatoires des médias qui donnent une fausse image de la Tunisie. 5- Que le ministère des Affaires étrangères devienne celui des affaires étrangères et du commerce international (comme au Canada), suite à l'allégement de la mission de nos ambassades. Désormais, il faut que nos ambassadeurs participent au plan économique national en exploitant toutes leurs ressources. Cette opportunité constitue une antenne commerciale de développement très importante qui doit faire preuve d'efficience. La Tunisie dispose d'un potentiel de compétences considérable qu'il faut exporter, ce qui doit désormais être le rôle principal de nos ambassadeurs, il faut créer un nouvel espoir à donner aux jeunes. 6- Que le ministère des Affaires sociales devienne celui des affaires sociales et de la vie associative, sachant que les associations aujourd'hui ont un rôle très important à jouer dans la vie politique, elles sont bien proches des citoyens. La société civile est l'un des piliers du développement durable qu'il ne faut absolument pas négliger, on doit lui donner beaucoup plus d'intérêt dans l'avenir. 7- Que le ministère du Transport et de l'Equipement redevienne deux ministères, celui du transport et un autre de l'équipement et de l'habitat. Ceci parce qu'il n'y a pas de relation étroite notable entre le transport qui concerne essentiellement les aéroports, les ports, les chemins de fer, le transport en commun etc…qui ne sont que des services qui exploitent une partie négligeable des réseaux routiers. Le ministère du Transport est pratiquement le seul ministère dont les bâtiments ne sont pas pris en charge par le ministère de l'Equipement. En revanche, il faut bien collaborer au niveau de l'aménagement du territoire (voies rapides, site d'aéroport, etc…). Le ministère de l'Equipement est concerné en grande partie par les travaux publics et le bâtiment civil ainsi que l'habitat qui reste un secteur très porteur pour le Tunisien et mérite donc beaucoup plus d'intérêt. 8- Que le ministère de l'Agriculture et l'Environnement redevienne deux ministères, celui de l'agriculture et de la pêche et un autre de l'environnement et du développement durable. De nos jours un pays ne peut pas manquer d'avoir un ministère du développement durable, un sujet d'actualité que nous vivons au quotidien. Le développement durable en Tunisie doit bien apparaître sur la scène internationale, comme l'environnement concerne en très grande partie le milieu urbain.