Enjeu ou pas, un derby c'est toute une saison. Jusqu'au prochain… derby Tous les jours en rentrant du journal, j'ai pris l'habitude de passer par une ruelle de la capitale où se situe un café comme on en trouve des dizaines à Tunis. Sauf que celui-ci est très spécial pour moi : les rares fois qu'il pose ses bagages, le grand Attouga vient s'y installer à la terrasse. Vendredi, j'ai eu la chance et le plaisir de l'y voir et je me suis empressé de garer ma voiture, le temps de le saluer, de demander de ses nouvelles et c'est parti pour la énième… promesse d'interview. Attouga, un monument, mon idole, le plus grand. Pas de 4x4 garée devant le café, pas de frime, pas de trois ou quatre portables alignés sur la table. Il est resté le même ce Sadok Sassi, un enfant de la vieille ville, un enfant de la balle. Je remonte dans ma voiture, direction El Menzah I, mon quartier, mon fief. Là, je retrouve un autre monument, une autre idole, un ami : Abdelmajid Ben Mrad. Cela fait trente ans que je suis dans le métier, une vie dans le foot et je peux vous dire que Majda est le plus aimé des joueurs de l'Espérance. Et pas uniquement des Espérantistes. Dans un style différent, à peu près le même profil que Attouga. Beaucoup de modestie, beaucoup de naturel. Il ne se la joue pas. Pourtant, il y avait de quoi… L'immense Agrebi est aussi comme ça et bien d'autres grands que j'ai connus. C'est important de raconter ça un jour de derby où les joueurs se prennent désormais pour des extraterrestres, les entraîneurs pour de grands philosophes là-haut sur leur piédestal et les présidents pour des chefs d'Etat. Qu'il est loin le temps où l'on se déplaçait d'un parc à l'autre pour faire notre boulot sans que l'on nous brandisse l'appartenance comme un délit, sans que des pseudo-supporters organisés en milices menacent de vous faire la peau. Attouga, Majid Ben Mrad : le derby était mille fois plus chaud, mille fois plus beau… Mais ça s'arrêtait au football et on n'entendait parler ni d'arbitrage ni de fédération et encore moins de politique. Nous avions même droit à un match de lever de rideau où l'on pouvait admirer d'autres monstres sacrés, tels Abdelwahab Lahmar puis, plus tard, Mohieddine Hbita, Chakroun ou encore Chemmam (le père de Khelil). Nostalgie? Pas le moindre du monde mais un simple rappel que le football est un spectacle servi par de grands joueurs et fêté par des dizaines de milliers de supporters passionnés. Ni plus ni moins. Les temps ont bien changé et nous aurons tout à l'heure droit à un derby à huis clos sur fond de polémique arbitrale, mais avec tout de même une constante commune : l'enjeu, un titre champion pour l'Espérance, une victoire de prestige pour un Club Africain en pleine mutation… Sur le papier, c'est la bouteille à l'encre d'autant que l'on n'est pas sûr de l'état de forme de bon nombre de joueurs des deux camps. Blessures, retour de blessures, inactivité, lassitude, soit autant de facteurs qui ne seront peut-être pas décisifs au départ mais qui risquent de l'être à l'arrivée. Opposition de styles Sur un autre plan, nous avons deux formations et deux entraîneurs au profil et à la démarche totalement différents : recherche de l'équilibre côté clubiste, jeu en rupture dans le camp «sang et or» avec une recherche constante de l'efficacité offensive. Tout un programme qui ne peut se justifier qu'avec le jeu et le résultat. Le tout servi de part et d'autre par des joueurs capables à tout moment de faire la différence dans les deux camps. Nous pensons à M'sakni, à Dhaouadi, à Darragi, à Ben Yahia, à Dramane, à Ezechiel et même à un Hichri qui a prouvé à maintes reprises qu'il est capable de résoudre toute situation. Sur un autre plan, beaucoup dépendra de la manière dont Bouazzi, Korbi et Traoui, un trio plutôt de choc, du moins ces deux derniers, s'opposera à un entrejeu clubiste plus fourni et plus technique avec les Alexis, Ben Yahia, Sellami et Melliti. Un match dans le match, ultérieurement arbitré par les latéraux Ifa et Akremi (on aime beaucoup ce garçon et on se demande pourquoi le CA s'entête à recruter un arrière gauche de poids !) Derbali et Chammam. Plutôt bons devant, un peu moins derrière, beaucoup plus pour des raisons d'organisation collective que de profil technique. Puis, deux gardiens qui ne sont ni Attouga ni Chokri El Ouaer, mais qui savent être bons et dont la prestation peut positivement ou négativement peser sur l'issue de la rencontre. Puis l'attaque : Darragi, Msakni, Dramane, Dhaouadi, Ezechiel et Sellami, Melliti et Yahia qui viennent d'un peu plus loin. De quoi éveiller les sens des adeptes de la tactique. Nous rageons d'ores et déjà pour ces gradins vides comme nous craignons quelques débordements pour cause d'enjeu et de résultat final. Vivement le coup de sifflet… initial ! ------------------------------------------------------------------------ Faites vos jeux 1) EST : 49 pts - un derby (CA), reçoit l'ASG et le CSHL se déplace à Kairouan puis à La Marsa. 2) ESS : 47 pts - un derby (ESHS), reçoit le CAB et le ST va à Zarzis puis Sfax. En cas d'égalité 1er point du règlement : le goal différence de l'aller 1) EST : 22 buts marqués et 7 encaissés : + 15 2) ESS : 19 buts marqués et 9 encaissés : + 10 Y.S. ------------------------------------------------------------------------ Le programme El Menzah 16h30 : Espérance ST-C Africain Béja 16h30 : Olympique de Béja-CABizertin Sfax 16h30 : Club Sportif Sfaxien-ASMarsa