L'Organisation de défense du consommateur ( ODC) a tenu, hier, un point de presse à son siège. Cette rencontre s'est avérée singulière à plus d'un titre. Il s'agit en effet d'une conférence de presse qui a pour finalité d'éclairer le public sur les contraintes paralysantes qu'endure le personnel de cette ONG depuis le 14 janvier 2011 et qui plonge l'ODC dans une situation des plus floues. En effet, dépourvu d'une instance chargée du bureau national, l'ODC se trouve à cheval entre des efforts fournis par le personnel d'une manière bénévole, sans aucune assurance financière à même de garantir la poursuite des actions de cette organisation, et d'éviter l'arrêt de ses activités. Expliquant la situation, Mme Basma Ben Mohamed Aouem, membre du syndicat, a indiqué que l'ODC continue un tant soit peu et avec les moyens de bord d'oeuvrer pour la défense du consommateur. Cependant, ses activités n'ont pas été médiatisées à cause de l'absence d'une instance chargée du bureau national. «Depuis le 14 janvier 2011, nous avons tout fait pour mener à bien la mission de l'ODC, en dépit de tous les obstacles financiers et le flagrant creux administratif», fait remarquer l'oratrice. En effet, et au lendemain de la révolution, le personnel de l'ODC a appelé à la démission des membres du bureau national; lesquels membres ont, selon leurs dires, servi les directives de l'ancien régime. Ces mêmes membres se sont retirés de la direction de l'ODC sans pour autant déposer leur démission. Entre-temps, un gestionnaire a été désigné pour assurer provisoirement la gestion administrative et financière de l'ONG. Une solution provisoire mais pas pour autant rassurante sur l'avenir de l'Organisation de défense du consommateur. Mme Ben Mohamed Aouem a indiqué que le budget annuel de l'ODC est de l'ordre de 450 mille dinars; une somme qui est, d'habitude, répartie sur quatre tranches trimestrielles, soit 112,5 mille dinars la tranche. «Le premier trimestre de 2011 a été marqué par un retard en matière de financement. Ce n'est que vers la fin mars que nous avons touché le montant habituel. Toutefois, le communiqué officialisant ce montant a suscité notre inquiétude, puisqu'on parle d'une somme de 112 mille dinars pour l'année en cours. Malgré ce flou menaçant, nous avons préféré continuer à travailler et ne pas nous hasarder dans le labyrinthe des sit-in et des grèves stériles», explique l'oratrice. Et d'ajouter que les raisons d'un sit-in ne manquent pas. Le personnel de l'ODC, formé d'une quinzaine de cadres, se trouve dépourvu de statut. L'avenir de ces personnes est, désormais, incertain. «Nous avons déposé des demandes au Premier ministère, mais aussi au ministère du Commerce et du Tourisme afin que nous puissions bénéficier d'une intégration garantissant nos droits, notamment en l'absence totale de l'instance du bureau national. Toutes nos sollicitations sont restées sans réponse», renchérit Mme Ben Mohamed Aouem. De son côté, Mme Hamida Daoussi indique qu'il est impossible, pour l'ODC, de passer à l'autofinancement du jour au lendemain et qu'il convient, dans ce cas, de lui accorder une période de grâce de trois ans minimum. Il y a également lieu de noter que l'ODC est victime d'une mise à l'écart de la part des parties concernées par le domaine de la consommation, notamment les ministères et l'Institut national de la consommation, et ce, en raison de l'absence d'une instance officielle du bureau national. M. Riadh Bou Aza, chargé de la communication et de l'information au sein de l'ODC, insiste sur la nécessité d'organiser un congrès extraordinaire pour la désignation d'une nouvelle instance du bureau national. L'activité se poursuit tout de même Malgré ces conditions, le personnel de l'ODC s'applique à exercer son action normale. Ainsi, l'organisation a envoyé, le 7 juillet, des communiqués d'alerte sur la hausse des prix des volailles et leurs dérivés au Groupement interprofessionnel des volailles et des lapins, au ministère de l'Agriculture et de l'Environnement, au ministère du Commerce et du Tourisme ainsi qu'à l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche. Dans ces communiqués, l'ODC a appelé à la création d'une commission regroupant toutes les parties concernées pour réfléchir, en urgence, sur les solutions appropriées. «Un appel sans réponse», note Mme Ben Mohamed Aouem. Un autre communiqué, en date du 18 juillet, a été adressé au ministère du Commerce et du Tourisme ainsi qu'au ministère de la Santé publique dans lequel l'ODC attire l'attention sur les dépassements constatés en matière de protection et de l'exposition des produits alimentaires. L'ODC a également appelé le ministère des Affaires religieuses à impliquer les imams dans la sensibilisation à la rationalisation de la consommation durant le mois saint. Toujours dans le cadre du contrôle de l'offre et de la demande durant le mois de Ramadan, l'ODC a sollicité, avant-hier, de la part de la Société tunisienne des marchés de gros un rapport journalier portant sur la fourchette quotidienne des prix ainsi que sur les quantités de l'approvisionnement. Par ailleurs, l'ODC a élaboré deux nouveaux dépliants dont le premier offre aux consommateurs les grandes lignes d'une consommation estivale fondée sur l'esprit de responsabilité et du respect de l'environnement. Le second dépliant éclaire le Tunisien sur ses droits en tant que consommateur durant le mois saint; une période connue pour un excès de consommation et un terrain favorable aux diverses infractions économiques. «Nous avons réussi à produire ces dépliants grâce à une société d'impression bénévole. Nous comptons distribuer ces outils de sensibilisation dans les bureaux régionaux de l'ODC mais aussi dans les bureaux de poste, les agences de la Sonede ainsi que sur les points de péage», souligne Mme Ben Mohamed Aouem.