Par Mahmoud LARNAOUT* Croyez-vous que mon article paru dans La Presse du 28 juillet 2011 intitulé "Cri d'alarme" où je dénonçais les coupes continues et impunies de la forêt côtière de Kerkouane et de Oued El Kassab, les constructions sauvages qui y ont été édifiées et l'incendie probablement d'origine criminelle qui a dévoré trois à quatre cents hectares d'arbres, cet article, écris-je, qui interpelle les ministères de l' Agriculture et de l'Intérieur ( secrétariat d'Etat aux Collectivités locales) a fait bouger les choses? Pas du tout? Croyez-vous que ces deux ministères vont répondre à ma saisine personnelle du 20 avril 2011 et à celle du mois de juillet 2011 de l'association de la Démocratie Citoyenne de Hammam El Ghezaz et à la dénonciation du phénomène dans le journal télévisé du 27 août sur Canal 1 par Monsieur le ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine et par certains intervenants de la société civile, vont nous éclairer sur leurs intentions ? Pour quoi faire ? Croyez-vous qu'ils vont effectuer des visites sur les sites et constater les graves dégâts puis agir avec célérité et efficacité ? Que nenni ou alors cela se fera, sans doute, à la saint-glinglin. Bravo mesdames et messieurs, je vous tire mon chapeau, vous avez de troublantes ressemblances avec ceux qui officiaient aux mêmes postes et pratiquaient dans l'ancien régime : le silence, l'inaction, la lenteur et le profond mépris, la "Hogra" à l'égard des citoyens, vos compatriotes et vos bailleurs de fonds qui ont droit à votre respect, à votre sollicitude, à votre intérêt et à vos réponses face aux problèmes posés et qui nécessitent une réaction claire et une action convaincante. Je ne trouve plus d'adjectifs pour qualifier l'attitude du politique et de l'administration dans cette affaire; politiciens et administratifs qui, soit dit en passant, sont censés s'occuper des problèmes posés à la communauté nationale pour agir au mieux et en rendre compte au large public dans la transparence, surtout lorsqu'ils sont interpellés directement et publiquement comme je l'ai déjà fait et comme je le fais présentement. Tout ceci est probablement dû à la force de l'habitude et à l'enracinement de la routine "Azouza ou ma ihemha kars". Je vous invite, d'autre part, à vous référer aux multiples annonces de vente de terrains qui fleurissent sur le Net et qui sont apparues depuis peu; ces terrains se situent, curieusement, exactement dans les localisations forestières ci-dessus évoquées et ont été gagnés sur les coupes volontaires et criminelles des arbres âgés de soixante ans et plus et sur les destructions catastrophiques de l'incendie du 14/22 juillet dernier. Je ne suis pas le seul à avoir prévu et annoncé cet épisode fiévreux de spéculation immobilière basée sur la tromperie et l'affairisme de la part de gens cyniques et immoraux qui sont, je le suppose, couverts par des forces nébuleuses et occultes. Je sais que toute ces demandes et ces appels qui ne rencontrent que du mutisme ainsi que ces critiques qui, je le regrette, peuvent paraître acerbes, vont m'attirer non seulement les foudres de l'Administration, des ministres et du premier d'entre eux, mais également de certains intérêts immobiliers qui risquent d'être mis en cause. Je n'en ai que faire, je suis excédé, furieux et indigné car tout ceci est honteux et inadmissible dans la nouvelle Tunisie révolutionnaire à laquelle nous aspirons tous. Je vous appelle à procéder rapidement à l'arrêt de ces constructions et à la destruction de celles qui ont été édifiées, et à programmer la reconstitution de la bande forestière côtière qui se dressait sur des vestiges archéologiques, et de reconstituer l'ensemble de la forêt incendiée. Faute de quoi vous fauteriez lourdement et l'Histoire ne vous le pardonnera pas. Avant de terminer et pour rester juste, je vous fais part d'un doute qui me traverse l'esprit: est-ce que l'appareil judiciaire ne serait pas partie prenante dans cet imbroglio par sa lenteur; le politique, l'administration et la justice devraient clarifier et communiquer leur attitude publiquement et déterminer les responsabilités de chacun. A bons administrateurs, responsables politiques au pouvoir et à la Justice, salut.