• On compte actuellement quelque 500 dépotoirs sauvages qui attendent d'être éliminés ou, à la limite, restructurés… Concitoyens en colère… Ecolos abattus et inconsolables, on ne voit plus que ça par les temps qui courent où l'environnement, de l'avis unanime d'experts en nature, connaît le fiasco le plus retentissant de son histoire! En effet, un peu partout dans nos villes, des tonnes de saletés jalonnent des chaussées que «Sa majesté le commerce parallèle» a transformées impunément en chasse gardée… Des bennes de municipalité fonctionnent deux à l'heure… des mairies dépassées… des agents de la propreté qui en grève, qui en sit-in… et aux mouches de faire mouche et aux moustiques de s'en donner à cœur joie ! «C'est du jamais vu», note tristement un citoyen qui jure ne plus pouvoir «ouvrir les fenêtres de ma maison de peur d'être une proie facile aux moustiques». Un autre concitoyen parle de casse-tête. «Curieusement, s'indigne-t-il, on ne comprend plus pourquoi depuis la révolution, les agents municipaux s'amènent quand bon leur semble et ne ramassent qu'une partie des ordures ménagères. Qu'a-t-on fait pour les contrôler, les dissuader? Je répondrai par ‘‘rien''». Une dame au foyer n'a pas non plus caché son irritation. «J'ai contacté, assure-t-elle, la municipalité à trois reprises pour qu'elle vienne enlever la montagne d'ordures qui nous mène la vie dure au quartier. Peine perdue». Triste… révolution! Dans la plupart de nos mairies, l'on vous rend facilement l'ascenseur en imputant cela aux… inévitables retombées de la révolution. Une «rengaine» qui a décidément la peau dure et que fredonnent encore nos maires avec un rare dévouement ! Pour ces derniers, en effet, «c'est par la faute de la révolution que nos parcs roulants ont été saccagés et c'est encore au nom de cette révolution que nos agents de la propreté s'amusent, pour un oui ou pour un non, à mettre de l'huile sur le feu, par grèves et sit-in interposés. Et c'est enfin à cause de la révolution que les recettes des municipalités ont baissé, que les agents temporaires chargés de la propreté n'ont pu être titularisés et que, finalement, les projets d'investissement communaux ont été bloqués». Pauvre et triste révolution au nom de laquelle on se plaît à justifier son impuissance comme si ramasser les ordures ménagères était synonyme de travaux d'Hercule ! Sonnette d'alarme Mais ce qui est encore plus grave, c'est incontestablement le phénomène des dépotoirs anarchiques qui continue, hélas, de gagner du terrain à pas de géant, au point que leur nombre, statistiques officielles à l'appui, a atteint le seuil dramatique d'un demi-millier ! Sans doute a-t-on omis dans ce décompte le nombre des «dépotoirs de poche», ceux-là mêmes qui poussent comme des champignons dans les terrains vagues et dans les alentours des constructions abandonnées ou en ruine. Cette situation a pris ces jours-ci des proportions alarmantes dans certaines régions (Sfax, Ariana, Médenine, Zaghouan, Ben Arous…) et pourrait sur sa lancée toucher d'autres régions. Et les décharges contrôlées, diriez-vous? Certes, elles sont bien là, fonctionnant à plein régime et selon les normes internationales reconnues. Mais a-t-on pensé à leur saturation consommée? Pourquoi n'en créerait-on pas une nouvelle génération afin d'assurer un équilibre entre l'offre et la demande? En attendant qu'il se prononce là-dessus, le ministère de l'Environnement a pris pour cible première les dépotoirs anarchiques, qu'il a promis d'assainir dans les plus brefs délais, en optant soit pour leur restructuration, soit pour leur élimination pure et simple. Des millions d'âmes tunisiennes, les écolos en premier lieu, en danseraient de joie…