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Au nom du droit à la vie de famille
Mutation des enseignants
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 09 - 2011

Ils sont nombreux, très nombreux même, qui perçoivent la rentrée scolaire et la mission éducative comme une sentence. Eux, sont les enseignants et instituteurs que le boulot sépare de la vie de famille et les place face à un dilemme impitoyable, celui sans doute de sacrifier leur vie privée au profit de la vie professionnelle ou inversement. C'est que l'ancien régime a usé d'une idéologie soi-disant anti-régionaliste pour désigner des profs originaires du Nord dans des établissements d'enseignement de base situés dans le Sud et vice-versa. Une initiative qui, d'apparence, relève d'une volonté de renforcer l'harmonie sociale, mais qui, au fond, n'engendre que des problèmes sociaux, familiaux et même psychologiques ! Combien de jeunes couples enseignants se trouvent séparés à cause de leur gagne-pain ! Combien de familles fissurées, éparpillées, vivant au rythme de l'instabilité et d'un partage illogique des responsabilités de leurs membres! Pour les enseignants au chômage, le recrutement s'avère l'une des aspirations les plus chères. Cependant, pour ceux et celles que le recrutement rime plus avec «exil» qu'avec faveur, la mission éducative prend un goût amer. C'est pourquoi, la mutation constitue pour eux la solution salvatrice; une solution, et bien que logique, s'avère souvent inaccessible.
Récemment, la Ligue tunisienne de tolérance (LTT) a reçu un certain nombre d'enseignants et d'instituteurs, leur permettant de protester contre le non-accès au droit de vivre simplement dans leur milieu familial et avancer des demandes légitimes au ministère de tutelle.
Slaheddine Masri, président de la LTT, indique que près de 70 enseignants ont adressé un écrit au ministère de l'Education réclamant leur droit de travailler dans des régions proches de leurs foyers. «Ces enseignants soupçonnent l'honnêteté de la partie concernée s'agissant du volet des mutations. Jadis, des pots-de-vin représentaient la devise d'une mutation garantie. Après la révolution, bon nombre de dossiers sont restés sans réponse aucune sous prétexte de la non-disponibilité des postes. C'est pourquoi ils recommandent la transparence quant aux critères de mutation», souligne M. Masri.
Après la présentation de la manifestation de protestation, les enseignants présents se sont réunis en groupes pour débattre de leurs problèmes et s'entretenir avec la société civile. Mlle Saïda Touati est professeur d'allemand et est originaire de Hammamet, dans le gouvernorat de Nabeul. Cela fait cinq ans qu'elle exerce son métier à Sfax, loin d'une mère d'un certain âge qui se trouve contrainte à la solitude. «Cela fait cinq ans que je dépose des demandes de mutation en vain. L'année dernière, et étant convaincue que la seule solution réside dans la corruption, j'ai opté pour une intervention et voilà que je reçois un blâme dénonçant l'irrespect de la hiérarchie administrative. Entre-temps, un nouveau prof d'allemand a été affecté à Hammamet», indique Mlle Touati. Et d'ajouter qu'un collègue à elle, spécialisé dans l'enseignement de la langue française, a passé 26 ans loin de sa famille et de ses enfants. Ses demandes de mutation n'ont jamais abouti.
Riadh Bejaoui, enseignant d'éducation artistique depuis sept ans, s'interroge non sans ironie sur les scores de mutation à l'échelle nationale jamais déclarés.
Et le désespoir engendre la dépression
Dans un cercle plus élargi, Mme Fatma Abid, professeur d'éducation artistique, tente de trouver une solution à un problème qui persiste depuis une décennie. Originaire de Sfax, cette épouse et mère de trois enfants travaille à Sidi Bouzid, plus précisément à la localité dite «Mzara». Le visage blême, les yeux cernés, cette femme a fini par succomber à la dépression. «En 2001, j'étais affectée à Tataouine. Fraîchement diplômée et mariée, je me suis dit que, comme tous mes collègues, il fallait sacrifier pour quelque temps sa vie de famille pour sa vie professionnelle. C'est ma mère qui a élevé mon fils aîné, âgé actuellement de 10 ans. Après la déposition de plusieurs demandes de mutation, on a daigné me désigner, en 2003, pour enseigner à Sidi Bouzid. J'ai réussi à décrocher un détachement à Sfax pour une année, mais le ministère a fini par me réaffecter à Sidi Bouzid. Entre-temps, d'autres enseignants ont été affectés à Sfax. Le ministère n'a toujours pas pris en compte ma situation qui relève d'un cas social, humain», indique Mme Abid.
Résultat: Mme Abid a fini par déprimer. Elle est, depuis quelques années, suivie par une assistante psychologique. Pis encore: souffrant de l'éloignement permanent de sa mère, son fils aîné présente lui aussi des signes de dépression. Le certificat médical de cet enfant mentionne des troubles du comportement et des difficultés d'apprentissage dus à l'éloignement de sa mère. «A son âge, mon fils endosse des responsabilités inappropriées. Il s'occupe de son frère cadet âgé de quatre mois. Il devient agressif», indique notre interlocutrice et éclate en sanglots. Son dossier ainsi que celui de son enfant ont été déposés, à maintes reprises, au ministère de tutelle et au syndicat des enseignants du secondaire en vain. «Au lieu de m'aider, le syndicat m'a suggéré de quitter le boulot», note Mme Abid, étonnée et déçue. Elle finira par solliciter un congé de longue durée si sa situation n'est pas résolue. «La situation de bon nombre d'enseignants s'avère critique. Le problème des mutations touche tous les domaines et ministères. Ses répercussions sont néfastes sur les jeunes générations et sur la société d'une manière générale. Les femmes en sont les principales victimes car l'on ne prend pas en considération leur mission de mères. C'est pourquoi nous avons décidé d'adopter cette cause et d'essayer de les aider à être épanouies dans leur milieu de travail tout comme dans leur milieu familial», indique Mme Ibtihel Abdel Latif, présidente de l'association «Femmes tunisiennes».
Si certains attendent désespérément la mutation, d'autres ont compris qu'il fallait opter pour des chemins plus astucieux et plus sûrs. M. Adel Baccouche, instituteur à Sfax, lève le voile sur une tactique devenue répandue chez les enseignants désireux d'être mutés dans leur région d'origine. Il explique que certains préfèrent passer le concours des proviseurs et des directeurs. Ce titre décroché, ils sont automatiquement désignés dans les administrations régionales d'origine. Une fois une ou deux années passées en tant que fonctionnaires, ils demandent alors de reprendre le cartable et de revêtir le tablier de l'enseignant. Aussi, sont-ils désignés systématiquement dans la même région d'origine et sous la même administration régionale.


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