La situation des sports mécaniques en Tunisie ne peut que nous inquiéter quant à son avenir. Rien n'a changé depuis des décennies. Sinon, les choses ont viré vers le noir en dépit des efforts des puristes de plus en plus démotivés. C'est lui qui détient le pouvoir sportif auprès de la Fédération internationale de l'automobile, (FIA). Le National Automobile Club de Tunisie (Nact), vieux de 98 ans, a finalement tenu son assemblée générale élective. La dernière date de plus de quinze ans ! Cependant, l'assemblée générale a été tenue loin des projecteurs. Presque dans l'anonymat. D'ailleurs, un grand nombre de puristes n'y étaient pas. Ainsi, les élections ont donné un nouveau comité directeur comportant pratiquement les mêmes visages qui ont géré cette discipline depuis très longtemps... Le changement majeur enregistré est celui de l'élection de Chedly Zouiten à la tête du club à la place de Karim Azzouz, élu quant à lui vice-président exécutif. Zouiten garde, cependant, son poste de président de la commission sport. L'autre important changement est l'élection d'un nouveau trésorier général, Sofiane Bouzid, alors que Abdelaziz Babou a hérité du poste de secrétaire général. Le nouveau bureau directeur du Nact est composé de 26 membres et son mandat durera quatre ans. Par ailleurs, la lettre d'encouragement envoyée par le président de la fédération internationale, Jean Todt, au nouveau président du Nact ne peut que rassurer les puristes quant à l'implication de la FIA dans les prochains programmes de développement des sports auto en Tunisie. Les responsables nationaux doivent prendre l'initiative dans un avenir très proche pour innover et non pas programmer d'anciennes compétitions pour meubler le calendrier national. Il est temps de faire évoluer les choses et de passer à un autre palier dans ce sport qui peut apporter beaucoup en matière d'investissement et d'image du pays. Pour rester dans cet esprit de créativité et d'évolution, il faudra saluer les efforts de certains promoteurs, à l'instar de Nadia Gammoudi. Pilote confirmée de rallye tout terrain, Nadia est toujours active avec son rallye féminin "Rallye des Papillons", mais qui trouve, depuis quelques années, des difficultés à le financer. Cependant, ce rallye international a su, lors des dernières éditions, attirer la presse internationale, dont notamment des chaînes TV comme "Motors TV", "Sky TV" et "France 3" qui ont couvert toutes les éditions de cette manifestation qui s'étale sur une semaine, chaque année. Aussi, des documentaires ont-ils été diffusés sur ce rallye, notamment celui de "Sky TV" qui avait obtenu un prix lors d'un festival en Belgique, il y a deux ans. Le manque d'encouragement à Nadia Gammoudi et à d'autres promoteurs les contraint à céder à l'organisation de telles manifestations d'envergure sportive et touristique. Question de confiance Des années durant, le Nacta connu plusieurs crises, soit à l'intérieur du bureau, soit avec les pilotes, les promoteurs et autres partenaires. Cela explique une certaine instabilité dans le travail du club même s'il a pu persister avec les cycles de formation. Ces derniers sont destinés aux commissaires de courses et aux pilotes. Cependant, les pilotes sont encore considérés comme des partenaires d'où l'émergence de plusieurs problèmes dans leur relation avec le Nact. Des problèmes liés au manque de soutien financier du club la veille de la compétition phare du pays, le rallye tout terrain de Tunisie, inscrit à la coupe du monde FIA. Les pilotes, dont la majorité gravitent autour de la discipline depuis une vingtaine d'années, trouvent d'interminables difficultés à financer leur participation à cette joute internationale qui s'élève à 100MD par équipage chaque année. Les frais d'inscription, d'assistance et des pièces de rechange y sont inclus. Et même si le Nact a pu avoir trois gratuités des frais d'inscription pour les trois premiers équipages, on considère ces efforts comme insuffisants. Le vrai problème, c'est que le club n'a pas le statut de fédération, se contentant d'assurer l'adhésion à ses pilotes et de les former en matière de pilotage, pas plus. De même pour les amoureux du tuning et de la drift dont plusieurs pionniers en Tunisie se contentent des rassemblements qu'ils organisent hors des compétitions du Nact. Ils estiment qu'une certaine lassitude domine dans le comportement des responsables du championnat de run et tuning. D'autre part, le championnat national de "Formule Tunisie", la compétition nationale phare, n'a pu, depuis son lancement, attirer la grande foule. En effet, le nombre de pilotes qui y participent est resté limité par rapport aux objectifs dévolus à cette épreuve lancée par un promoteur étranger qui n'avait pas tardé à céder l'organisation de l'événement au Nact. Le départ de ce promoteur a contraint cette compétition à ne pas se développer comme l'avait annoncé le président de la commission sport, il y a trois ans. Et même avec l'éclosion de nouveaux clubs à Sfax et autres régions, les choses n'ont pas beaucoup progressé. C'est le moment ou jamais pour booster le sport auto sur le continent africain et, pourquoi pas, voir la Tunisie s'y présenter en tant que chef de file.